Les brèves du 7 février 2023

Mis en ligne par Cédric Michelin
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Voici les brèves du 7 février 2023

Les brèves du 7 février 2023

Crise viticole : l’État débloque des aides via la distillation, l’arrachage et le PGE

À l’occasion d’une rencontre le 6 février avec la filière viticole en crise, Marc Fesneau s’est engagé sur des mesures concernant la distillation, l’arrachage, le PGE (prêt garanti par l’État), selon un communiqué du ministère. Une enveloppe de 160 M€ est sur la table pour la distillation : 80 M€ de crédits nationaux, 80 M€ issus du Feaga (fonds européens). À propos de l’échelonnement du PGE, une task force est créée au ministère de l’Agriculture pour faciliter l’accès au dispositif, prolongé jusqu’à la fin 2023. Enfin « des pistes sont à l’étude » sur des mesures structurelles, autour notamment d’une mobilisation du Feader pour la diversification agricole, cofinancée par l’État aux côtés des Régions. Mais aussi du FMSE (fonds national de mutualisation) pour l’arrachage sanitaire visant à enrayer la flavescence dorée, ce qui concerne les vignes à l’abandon. Rendez-vous est fixé d’ici au Salon de l’agriculture afin de préciser les mesures d’arrachage et de distillation. « On demande au minimum 200 M€ d’aides à la distillation », affirme Jérôme Despey (FNSEA), président du conseil spécialisé Vin à FranceAgriMer, misant sur la réserve de crise de l’UE pour les 40 M€ manquant.

 

Agroéquipements : 40 M€ d’aide à l’investissement débloqués pour « la Ferme France »

Dans le cadre de la réunion de crise dans la filière viticole, le gouvernement a annoncé, le 6 février dans un communiqué, de nouvelles aides aux investissements dans les agroéquipements à destination de « la Ferme France » pour l’accompagner « vers une plus grande résilience ». Deux nouveaux guichets, totalisant 40 M€, sont ouverts pour aider aux investissements de protection face aux aléas climatiques, a annoncé le 6 février le ministère de l’Agriculture. Dotés de 20 M€ chacun, dont un réservé aux assurés, ils ouvriront « dans les prochains jours », selon un communiqué. Objectif : « mieux protéger l’ensemble des exploitations ». Ces guichets viennent d’un « reliquat de 40 M€ du dispositif assurantiel pour le gel de 2021 », indique à Agra Presse Jérôme Despey, président du conseil spécialisé Vin à FranceAgriMer. L’un, à destination des assurés, concerne les investissements pour l’irrigation ou contre le gel, la grêle, etc. L’autre est « plutôt fléché vers l’adaptation à la sécheresse », d’après lui.

 

Influenza : progression inquiétante de la maladie dans les Côtes-d’Armor

Deux nouveaux cas d’influenza aviaire ont été confirmés ces derniers jours dans les Côtes-d’Armor, laissant craindre une diffusion de l’épizootie dans ce département comptant de nombreux élevages de volailles, indique Réussir Volailles le 6 février (article payant). Le 5 février, la préfecture a confirmé la maladie dans un élevage de 6000 poules pondeuses à Saint-Fiacre, à 7 km d’un précédent foyer à Saint-Connan. Auparavant, c’est un couvoir à Prat qui avait été touché, le 2 février. Avec ces nouveaux foyers, les Côtes-d’Armor comptent neuf cas pour la nouvelle saison, dont quatre depuis le début de l’année dans le nord-ouest du département. Les Côtes-d’Armor concentrent 19 % des poules pondeuses françaises pour les œufs de consommation, 21 % pour les œufs à couver, ainsi que 31 % des poulettes et 37 % des dindes reproductrices. Et la Bretagne est la première région avicole de France. Au niveau national, le dernier bilan du ministère de l’Agriculture, le 2 février, fait état de 290 foyers en élevages (depuis le 1er août 2022). Après plusieurs cas dans les Landes et le Gers, la progression de l’épizootie marque le pas dans le Sud-Ouest. Dans les Pays de la Loire, zone la plus touchée, aucun nouveau cas n’a été observé depuis le 17 janvier, et une réflexion a démarré sur les modalités du repeuplement.

 

PPL Descrozaille : ce que propose la rapporteure au Sénat pour corriger l’article 3

Parmi les amendements déposés par la sénatrice centriste Anne-Catherine Loisier (Côte-d’Or), rapporteure au Sénat de la proposition de loi sur les relations commerciales portée par Frédéric Descrozaille, un amendement vise à modifier l’article 3 du texte adopté en première lecture à l’Assemblée. Cet article vise à définir les modalités applicables en cas de non-accord au 1er mars entre un industriel et un distributeur. Dans sa version actuelle, il « fait courir à la fois un risque d’approvisionnement pour tous les distributeurs, et un risque de déréférencement brutal et soudain pour les PME », estime la rapporteure. L’amendement « propose de cadrer juridiquement les éléments sur lesquels doit se fonder la négociation du préavis », soit les conditions économiques du marché et le respect de la non-négociabilité du coût de la matière première agricole. Il maintient l’expérimentation d’une période de médiation d’un mois en cas de non-accord et introduit une rétroactivité au 1er mars du tarif négocié. Un amendement LR et un amendement socialiste vont également dans ce sens, afin d’éviter de décaler la date de clôture des négociations au 1er avril. À date, une cinquantaine d’amendements ont été déposés en vue de l’examen du texte en Coméco, le 8 février. [Voir tous nos articles sur la PPL Descrozaille]

 

Cueillette de plantes sauvages : l’AFC lance son guide de bonnes pratiques

L’association française des professionnels de la cueillette de plantes sauvages (AFC) a lancé officiellement son guide de bonnes pratiques pour une gestion durable de la ressource le 1er février, à l’occasion de ses rencontres annuelles dans le Puy-de-Dôme. Élaboré avec le soutien du ministère de la Transition écologique, il vise à « alerter et sensibiliser sur l’état et le devenir » des plantes sauvages (gentiane, arnica…), tout en proposant « des connaissances et des méthodes pour assurer la pérennité de la ressource et faire régresser les mauvaises pratiques », indique un communiqué. Long de 200 pages, ce guide illustré s’adresse à l’ensemble des professionnels de la filière (cueilleurs, gestionnaires d’espaces naturels et forestiers, propriétaires fonciers, entreprises utilisatrices de plantes, services de l’État). Il explique comment constituer et faire évoluer son territoire de cueillette en harmonie avec l’environnement, les autres cueilleurs et en accord avec les propriétaires des terrains ciblés (voir notre dossier). En complément, l’AFC a élaboré une dizaine de livrets techniques de cueillette pour des plantes menacées, dont un livret sur l’aubépine téléchargeable gratuitement.

 

Manifestation du 8 février : les endiviers se rallient à l’appel de la FNSEA

L’AOP endives de France (APEF) et le syndicat Union des endiviers « manifesteront au côté de la FNSEA et de la FDSEA Pas-de-Calais » le 8 février, annoncent les deux organisations dans un communiqué commun le 6 février. Les producteurs d’endives s’inquiètent de la fin de l’autorisation d’utilisation de la substance active benfluraline le 12 mai 2024, conformément à la réglementation européenne (voir Agrafil du 31 janvier). Cette « molécule clef » utilisée « pour limiter les infestations de graminées et dicotylédones dans les cultures d’endives, de chicorée, d’haricot vert, de pois de conserve et de scorsonères » ne peut pas être encore supplantée par un moyen de lutte alternatif, affirment les endiviers. « Une solution émerge mais celle-ci demande encore une période d’expérimentation et d’homologation incompressible », poursuivent les producteurs qui déplorent le manque de soutien des pouvoirs publics pour « avancer sur ce sujet technique ». La filière endive rejoint ainsi l’appel à manifester contre la fin de la dérogation accordée aux néonicotinoïdes, et plus largement pour défendre « la souveraineté alimentaire », à l’instar de la FNSEA Grand bassin parisien et de la CGB (betteraviers).

 

Bio : les propositions de la Conf' pour un plan de sauvegarde

Face aux « fortes baisses de trésorerie », au travail « sans rémunération voire à perte », ou encore au risque de « cessations d’activité », la Confédération paysanne demande au ministère de l’Agriculture, dans un communiqué du 6 février, une aide d’urgence de 15 000 € pour tous les producteurs bio. « Nous avions effectué ce chiffrage sur la base de la filière lait, mais il correspond aussi aux pertes de trésorerie en œuf, porc ou fruits et légume », détaille la secrétaire nationale Laurence Marandola. Le même message, rappelle le syndicat, avait déjà été porté au printemps 2022 auprès de Julien Denormandie dès les premiers signaux d’alerte sur ces marchés. « À l’époque, on nous avait opposé une fin de non-recevoir en estimant que la bio devait se rémunérer sur les marchés », relate le porte-parole Nicolas Girod. Tandis que Fnab et Synabio proposent de revaloriser l’écorégime (voir ici), la Conf' estime que la mesure est « nécessaire mais pas suffisante ». « Cette aide ne touchera pas les producteurs en dehors de la Pac, et sera trop faible pour ceux qui ont des petites surfaces », détaille Laurence Marandola. Comme les chambres, le syndicat soutient également les aides à la gestion de crise dans les filières les plus touchées, tout en dénonçant les incitations des entreprises privées ou coopératives à la déconversion.

 

Réforme des retraites : le Modef appelle à nouveau à la mobilisation

À la veille d’une deuxième journée de mobilisation nationale contre le projet de réforme des retraites du gouvernement, le Mouvement de défense des exploitants familiaux (Modef) appelle « à amplifier l’action » pour obtenir « le retrait » du texte, dans un communiqué le 6 février. Le syndicat avait déjà appelé à manifester lors de la première journée. « Les paysans ne veulent pas de cette réforme », assène le syndicat minoritaire. Le Modef estime que le monde agricole est doublement pénalisé par le projet gouvernemental car d’un côté, certains non-salariés agricoles (agriculteurs, conjoints collaborateurs, aides familiaux) n’auront pas droit à la pension minimale de retraite de 1200 euros promise par le gouvernement dû à la faiblesse de leurs revenus. Et d’un autre côté, les non-salariés agricoles – comme le reste de la population — devraient travailler plus longtemps (jusqu’à 64 ans) et cotiser plus longtemps (63 ans) (voir Agrafil du 3 février). En lieu et place de cette réforme, le Modef exige un retour de la retraite à 60 ans « avec 37,5 [annuités] de cotisations » qui serait financée par une partie des dividendes reçus par les entreprises du CAC 40.

 

La Corée du Nord promet « un tournant » dans sa stratégie pour l’agriculture

Pour faire face à des pénuries alimentaires chroniques, le Parti des travailleurs au pouvoir en Corée du Nord a décidé le 6 février d’organiser à la fin du mois une réunion plénière du comité central afin d’établir une stratégie pour le développement de l’agriculture. L’exécutif nord-coréen ayant ainsi reconnu la nécessité d’un « tournant » et d’un « changement radical ». « Il est très important et urgent d’établir une stratégie correcte pour le développement de l’agriculture », peut-on lire dans une résolution du Politburo, publiée par l’agence officielle nord-coréenne KCNA. La Corée du Nord est particulièrement vulnérable aux catastrophes naturelles, notamment aux inondations et à la sécheresse, en raison du manque d’infrastructures, de la déforestation et de décennies de mauvaise gestion étatique. Dans les années 90, le pays « ermite » a connu en raison d’une gestion désastreuse de ses ressources, une famine meurtrière lors de laquelle des milliers de personnes sont mortes. Certaines estimations font même état de millions de victimes. Alors que le pays vivait dans un blocus auto-imposé rigide pour juguler la pandémie de Covid-19, il n’a repris certains échanges avec la Chine qu’en 2022.

 

Cabinet de Marc Fesneau : une arrivée, un retour et toujours pas de directeur

Partie du cabinet du ministre de l’Agriculture le 1er février, Claire Briançon-Marjollet sera remplacée par Yoann Taieb au poste de conseiller communication, apprend-on auprès de l’équipe de Marc Fesneau. Quant à Jean-Rémi Duprat, qui occupait le poste de conseiller ressources, biodiversité, forêt-bois, il sera remplacé, sur un périmètre proche, par Sylvain Maestracci. C’est un retour pour ce dernier, qui avait occupé le poste de conseiller Pac, affaires européennes et internationales durant le mandat de Julien Denormandie. Depuis cet été, il était délégué pour les affaires agricoles de la France à la représentation permanente de Bruxelles. Le poste de directeur de cabinet est en revanche toujours vacant depuis que Fabrice Rigoulez-Roze a pris ses nouvelles fonctions de préfet de la région Pays de la Loire, fin janvier.

 

Chambres d’agriculture : décès de Jean-François Hervieu, ancien président national

Président de Chambres d’agriculture France (ex-APCA) de 1995 à 2001 est décédé le 27 janvier, rapportent nos confrères de l’Agriculteur normand. Dans un communiqué, le réseau des chambres d’agriculture rappelle qu’il a été agriculteur dans l’Eure où il exploitait 200 hectares en polyculture. Il fut aussi président de la chambre départementale de 1974 à 2001. Dans son discours d’investiture à la tête des chambres, il avait plaidé pour « redonner confiance aux agriculteurs » tout en affirmant sa « hantise d’une agriculture administrée qui enlèverait toutes capacités d’initiative aux chefs d’exploitation », cite Chambres d’agriculture France.

 

Événementiel : les Controverses de l’agriculture et de l’alimentation le 16 février à Paris

Le groupe Réussir-Agra organise une nouvelle édition des Controverses de l’Agriculture et de l’Alimentation, intitulée cette année « La guerre de l’eau a-t-elle démarré ? » Elle se tiendra le 16 février 2023 de 9 heures à 13 heures au siège de Chambres d’Agriculture France, 9 avenue George V. Gratuit pour les abonnés Agra et/ou Réussir - https://www.reussir.fr/events/controverses/