Gaec du Champ du Bourg
Exemple d’une ferme familiale en polyculture élevage

Françoise Thomas
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Exemple parfait d’une exploitation en polyculture élevage, le Gaec du Champ du Bourg regroupe trois associés et cinq productions différentes, avec vente directe à la ferme et via des coopératives. Si les jeunes agriculteurs ont encore plein d’idées de diversification, ils souhaitent pour l’instant trouver à la fois leur vitesse de croisière et la parfaite complémentarité entre tous leurs ateliers.

Jérôme Tremblay, Marie-Laure Pichet, Clémence Tremblay et Abigaëlle Doury dans la boutique à la ferme.
Le Gaec est composé de Jérôme Tremblay, Marie-Laure Pichet et Clémence Tremblay. Les trois jeunes agriculteurs accueillent cette année Abigaëlle Doury (à droite), une apprentie qui suit un CS transformation-commercialisation-vente directe à Fontaines.

L’histoire se perpétue. Dans les années 2000, le Gaec du Champ du bourg, situé sur la commune de Farges-lès-Chalon, était tenu par trois frères qui avaient succédé à leurs parents. Désormais, la ferme est toujours menée par des membres de cette famille : ce sont deux cousines Clémence Tremblay et Marie-Laure Pichet qui sont désormais associées, avec Jérôme, le mari de la première. Dans la droite ligne de cette épopée agricole et familiale, « pour Clémence et moi, l’installation sur la ferme, et ensemble, a toujours été une évidence », relate aujourd’hui Marie-Laure. « Nous savions depuis notre plus jeune âge que nous voulions aller au lycée agricole de Fontaines, pour nous installer ensemble par la suite ».

Évidemment la succession s’est effectuée sur quelques années. Clémence a été la première à rejoindre le Gaec en 2014 lorsque la génération précédente était encore là. « Marie-Laure est arrivée en 2015 puis Jérôme mon mari en 2017. Le dernier des trois frères est parti à la retraite en 2019 ».

Un site optimal

La reprise par deux filles a eu quelques conséquences : « quand notre installation s’est confirmée, les tontons ont notamment réorganisé des bâtiments pour nous faciliter le travail et pour qu’il y ait moins de manutention ». Ainsi, l’une des stabulations a notamment été modifiée de façon à avoir un couloir d’alimentation, et une écurie à l’attache est, elle aussi, devenue stabulation libre en aire paillée.

La chance pour cette ferme qui a un parcellaire très éclaté, c’est d’avoir tout un site principal suffisamment grand pour organiser ces différents ateliers de manière optimale tout en laissant la place nécessaire aux véhicules pour manœuvrer.

L’installation des deux cousines a aussi entraîné d’autres changements : « à l’arrivée de Marie-Laure nous avons rajouté l’atelier volaille et la vente directe, relate Clémence, et pour ma part, j’ai toujours voulu travailler avec des chèvres », l’atelier caprin avec transformation fromagère, grâce à une dizaine de chèvres en production quasi en permanence, est donc mis en place en 2019. Le Champ du Bourg est loin donc aujourd’hui de l’exploitation des grands-parents avec vaches laitières, céréales et quelques limousines…

Grandes cultures

Cependant, si l’installation des deux jeunes femmes a véritablement permis la diversification des revenus du Champ du Bourg (voir encadré), « 70 % du chiffre d’affaires restent réalisés par les céréales », soulignent les associés.

Sur les 400 ha de SAU, 100 ha sont dédiés aux prairies et donc 300 « sont cultivés en blé, orge, colza, maïs », détaille Jérôme. « Depuis l’an passé, nous essayons aussi du tournesol », mais malheureusement victime de son succès auprès des pigeons et des corbeaux… À signaler également 2 ha de féveroles « pour produire de la semence pour nos couverts végétaux ».

Car c’est bien là l’un des atouts d’une telle exploitation : « la complémentarité de nos ateliers ». Si la vente directe ne représente que 10 % du chiffre d’affaires, « cela nous apporte de la trésorerie toute l’année, ainsi nous n’avons jamais de période dans le rouge », expliquent-ils. En parallèle, si le Gaec apporte la majeure partie de ses céréales et autres cultures à la coopérative Bourgogne du Sud, les animaux sont nourris avec les productions de la ferme : notamment foin et luzerne pour les chèvres, ou orge pour les vaches, cultures entrant dans la rotation naturelle des parcelles. « Le fumier aussi est une source précieuse d’engrais pour nous et en vue de ce qui se profile avec la future Pac, c’est une chance pour nous de faire un peu d’élevage ». Le jeune producteur redoute cependant déjà les contraintes en temps et en carburant que va très certainement lui imposer la mise en place de haies, comme le suggère entre autre cette prochaine Pac, lui dont le parcellaire en plaine chalonnaise en est globalement dépourvu…

Trois fois plus d’idées

En attendant, le trio compte sur la diversité de ses ateliers et sur la complémentarité de ses productions pour ne jamais connaître de mauvaise année.

Une complémentarité qui se retrouve aussi dans les compétences de chacun : la formation de mécanicien de Jérôme leur garantit une certaine autonomie lorsqu’il s’agit d’entretenir le matériel, Clémence s’est dévouée pour suivre la comptabilité et « passe un peu partout » notamment en conduite de tracteur, quant à Marie-Laure elle gère les volailles, le soin aux vaches et toute la vente directe.

Et les idées continuent de fuser en permanence : « la question de faire des porcs se pose chaque année », dit l’un, quand un autre des associés rappelle que cette année vont être testés les saucissons de vache et ceux de chèvres de réforme, « sans oublier le projet de valorisation des cabris en caissette », conclut le troisième.

Pour l’instant, les trois jeunes gens « doivent encore trouver leurs marques et leur vitesse de croisière ». Quant à la motivation, elle est de famille !

 

Des chèvres dans leur bâtiment.
L’atelier caprin compte 18 chèvres, dont à chaque fois neuf conduites en lactation longue pour assurer des fromages toute l’année. Deux boucs sont aussi présents sur la ferme.

Vente à la ferme

L’atelier volailles se traduit par plusieurs lots de poulets de chair « des cous nus pattes jaunes, que je garde 140 jours, et des poulets blancs JA957 que je garde jusqu’à 100 jours », présente Marie-Laure. Ces volailles donnent de bons poulets plutôt lourds à la chair ferme. Si le Gaec en propose régulièrement toute l’année, la période de Noël reste propice à leur succès.

En parallèle, la jeune femme élève également des pintades, à raison de deux lots par an, « pour Noël et en juin », de 130 pintades à chaque fois. Enfin, elle s’occupe de l’atelier poules pondeuses : « 250 poules rousses gérées en deux lots de façon à toujours avoir des œufs à vendre ».

Chacun des bâtiments bénéficie d’un accès à l’extérieur « avec parcours herbeux ».

Les fromages de chèvres, les volailles et les œufs sont vendus sur place, dans l’espace vente à la ferme. Boutique tenue essentiellement par Marie-Laure et ouverte tous les jours sauf le jeudi (dédié à la livraison d’une Amap chalonnaise).

Cette vente à la ferme est aussi l’occasion d’écouler des caissettes de charolaises, car le Gaec compte également un troupeau d’une cinquantaine de vaches allaitantes.

« Les broutards sont vendus à notre coopérative Sicarev, détaille Jérôme, et nous engraissons une dizaine de femelles que nous ne gardons pas pour la reproduction, et que nous consacrons donc à la vente directe ».