Cave de Lugny et Crémants de Bourgogne
Edouard Cassanet, une carrière effervescente

Cédric Michelin
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Le 23 février dernier à la cave de Lugny, une page se tournait. Après, 25 ans de bons et loyaux services, Édouard Cassanet, le directeur de la coopérative, partait en retraites. Enfin pas tout à fait, puisque bien qu’ayant passé la main à la présidence de l’Union des producteurs et élaborateurs de crémants de Bourgogne, il garde une mission d’animation à la fédération nationale pour tous les crémants. L’occasion de revenir sur l’histoire de la cave et ses projets.

Edouard Cassanet, une carrière effervescente
Edouard Cassanet a été submergé par la beauté des paysages du Mâconnais à son arrivée.

Les Vendanges du millénaire, la marque L’Aurore, les bags in box, les vides cagettes, la « révolution culturelle » des profils des vins en 2008, la ligne d’embouteillage, les lieux-dits/cuvées, la montée en gamme, la démarche RSE Vignerons Engagés, les robots, la marque Sainchargny, la rénovation des trois sites/chais, les panneaux photovoltaïques… derrière tous ces projets de la cave de Lugny, les coopérateurs évidemment sans qui rien ne serait possible, mais aussi, en toute discrétion, humble mais terriblement efficace, un directeur, Édouard Cassanet.

Les coopérateurs, les salariés et les partenaires lui ont rendu un vibrant hommage pour son départ à la retraite le 23 février. Comme tous les autres témoignages, le nouveau directeur Stéphane Garrigue ne peut que constater en quelques semaines « la transmission des dossiers jusqu’au dernier jour ». Un « travailleur acharné pendant 25 ans » aux dires de tous. Originaire de Bordeaux, sans lien viticole, avec son bac en poche (1978), Édouard Cassanet fera cinq années de droit rural avant de faire ses débuts à la cave de Sancerre. « Une très bonne école » qui lui permettra d’être embauché par le président de l’époque, Michel Baldassini, et le directeur d’alors, Paul Brunet, sur le départ après 27 ans de carrière. La cave produit alors 100.000 hl, principalement de mâcon village, et commercialise 4 millions de bouteilles. « Mais l’important marché vrac est fluctuant », se souvient Michel Baldassini qui lui donne pour mission de développer le « commerce en ne froissant pas les fidèles négociants ». Le jeune Édouard, à 28 ans, a vite croisé le fer avec les grandes Maisons, en plus de la crise « structurelle » de surproduction des années 2000. « Avec finesse, intelligence » et ayant « horreur du conflit », Édouard Cassanet négocie le virage et augmente notamment la production de crémant de Bourgogne, qui le suivront tout au long de sa carrière. Le directeur de l’UPECB, Pierre du Couëdic félicitait, dans un très bon poème à la gloire des élus vignerons qui s’engagent, « ce digne représentant » des crémants qui fut parmi les « premiers courageux à porter le verre pour convaincre et vaincre ». En effet, Édouard Cassanet a été également neuf années président de l’Union des producteurs et élaborateurs de crémant de Bourgogne (lire encadré).

Responsable technique, Frédéric Gabry rappelait ensuite toutes « les compétences, énergie, week-end et nuits blanches » endurées à ce poste de direction, passant du « Minitel au Cloud et des pressoirs continus aux pneumatiques ». Aux côtés d’Édouard Cassanet, les salariés « évoluaient professionnellement et humainement », saluait-il, tout comme son collègue, Grégoire Tissot, maître de chai, qui a eu un allié de choix pour faire « évoluer qualitativement » les vins de la cave. La gamme s’est considérablement élargie, notamment avec 9 crémants ou des cuvées Bio ou écoconçues. Membre du bureau, Isabelle Meunier confirmait ce côté aussi « accessible à tous les vignerons coopérateurs, sans barrière, discutant facilement des projets et réglant les problèmes avec dynamisme et discrétion ».

Ému, Édouard Cassanet partageait ce « même sentiment » réciproque de s’être senti chez lui dans ce modèle coopératif. « C’est une formidable expérience humaine. Vous m’aviez été présentés comme de durs coopérateurs, mais c’est en fait votre très fort attachement à votre cave et grande fierté. Je vous remercie tous - compagnons de route, pour votre confiance et votre respect », remerciait-il en retour. Toujours attaché à Lugny, il donnait un dernier conseil : « pour être en phase avec les marchés et la société, il faut savoir investir dans la technique et dans les Humains, c’est primordial ». Dans la salle, de nombreux jeunes constituent déjà la relève, preuve qu’ils croient en l’avenir de Lugny. Formant un bon duo avec le président de la cave depuis 2012, Marc Sangoy le remerciait chaleureusement « d’avoir hissé la cave à ce haut niveau, presque au niveau des Chablis ; à votre arrivée un mâcon valait 50 % d’un chablis mais 70 % aujourd’hui », plaisantait-il en renouvelant l’objectif en direction de Stéphane Garrigue. « Fruit du travail collectif », de crises à surmonter et de cap à franchir – comme la hausse des tarifs cette dernière décennie -, Édouard Cassanet finissait sur un dernier encouragement aux 350 invités présents : « Rester libres, fiers et insoumis », dicton de la cave de Lugny, signe en ce jour de réussite humaine et professionnelle.

Agnès Vitteaut, nouvelle présidente de l'UPECB

C’est avec le regard pétillant, qu’Agnès Vitteaut a pris la direction de l'UPECB et aspire à prospérer l’excellence des vins de Crémant de Bourgogne. Elue, cette femme de talent, est gérante du domaine Vitteaut-Alberti à Rully et membre de l’association Femmes & Vins de Bourgogne. Depuis 2004, Agnès a eu à cœur de poursuivre l’aventure viti-vinicole du domaine dans le même esprit de qualité irréprochable que les générations précédentes. Affable, dynamique et visionnaire, Agnès a la volonté de mettre à contribution ses expériences et ses compétences de vigneronne afin de démontrer un engagement volontaire, à enrichir l’excellence et l’exigence des Crémants de Bourgogne. Passionnée par son terroir, attentive aux bonnes pratiques et à la transmission de son savoir, elle se positionne désormais dans l’avenir de l’UPECB. Le futur objectif de la nouvelle présidente, sera de consolider et renforcer la présence du Crémant de Bourgogne sur les marchés nationaux et internationaux et veiller à la protection du patrimoine de l’appellation. Autre clé de voûte du développement de l’UPECB : asseoir le savoir-faire séculaire de l’appellation à travers des marqueurs forts, les labels Éminent et Grand Éminent. Agnès prend place au côté d’une équipe dévouée. Ensemble, ils vont œuvrer à la mise en lumière des différents domaines, leurs particularités et continuer à faire rayonner le Crémant de Bourgogne qui compte 3.728 opérateurs habilités, 1.700 viticulteurs qui produisent du raisin, 138 maisons... le tout pour une superficie de 2.900 hectares en 2022 sur 250 km du Nord au Sud de la grande Bourgogne, s'étalant sur plus de 300 communes.