Banque Populaire Bourgogne Franche-Comté
La Saône-et-Loire gagnante de la dynamique 2023

La Saône-et-Loire est ressortie gagnante de la 19ème édition des Prix de la dynamique agricole décernés par la Banque Populaire Bourgogne Franche-Comté. À Beaune, le 2 mars, elle a remporté deux des cinq prix régionaux.

La Saône-et-Loire gagnante de la dynamique 2023

Le 2 mars, la Banque Populaire de Bourgogne-Franche-Comté remettait ses Prix de la dynamique agricole 2023. Une 19e édition qui au niveau régional départageait quarante candidats triés sur le volet. Dans toute la France, ce ne sont pas moins de 28 primés au national, applaudis par plus de 5.000 invités. À Beaune, l’auditorium du Palais des Congrès faisait aussi le plein, avec entrain et bonne humeur. Tous à la gloire des agriculteurs et des viticulteurs de la région, de nombreux films et témoignages sont venus ponctuer les remises de prix.

Premier lauréat régional, le Gaec Granger père et fils à la Ferté en Saône-et-Loire, récompensé pour la meilleure installation ou plutôt les meilleures ici. Le papa, Alain (installé en 1981) et son fils, Adrien (en 2005) ont été rejoints par un neveu, Baptiste (en 2018), dans cette exploitation en polyculture-élevage. « L’obsession » du papa pour la race limousine a payé et s’est transmise. L’exploitation est passée de 9 à 250 vaches à veaux à ce jour. Tous trois ont « innové », expliquait leur conseiller Vincent Bithard de la Banque Populaire, que ce soit en vendant en direct à des bouchers dans les années 1980, en prenant un chevillard sur Paris ensuite ou en développant l’autonomie en protéines aujourd’hui, avec l’acquisition de 130 ha.

Les écoles d’ingénieurs agro en décalage

Dans la deuxième catégorie, récompensant l’innovation commerciale et de qualité, c’est l’EARL de la Penneraye en Haute-Saône à Trésilley qui l’emportait pour cette ferme en Agriculture biologique commercialisant les fromages de 200 brebis laitières, mais comptant également des ateliers en porcs et vaches. « Parti de zéro », Romain Polio et Mélina Chardon, mariés tout récemment, ont désormais entre quatre salariés. « Notre système était atypique et à l’opposé des autres. On raisonne d’abord sur la bonne ambiance avec les salariés pour faire sereinement le travail, en pensant à ce qui est réalisable, avec les moyens à mettre en face, pour réaliser nos rêves et nos envies », expliquait Romain tandis que Mélina, forte de son bac + 5 en agronomie, adressait un message à son ancienne école sur « l’écart de vision avec la réalité du terrain. L’école a vraiment du retard sur l’évolution agricole qui a pris le virage des circuits courts, de l’écologie… ».

Des performances techniques qui se font aussi à force de travail acharné. Dans la troisième catégorie récompensant la performance technique, l’EARL Beuque dans le Jura repart aussi avec le Prix du coup de cœur national pour récompenser leur activité qui répond aux défis sociétaux et environnementaux de notre époque. Dans un ancien moulin à eau, Pascal Beuque s’est lancé dans la pisciculture de variétés oubliées de truites locales. De la production à la vente, en passant par la découpe et la transformation, il a étoffé sa gamme, mais toujours « à notre rythme, en s’appuyant sur le modernisme, tout en gardant la qualité de nos produits. Un produit de qualité, cela prend du temps. Et ici, c’est la qualité d’abord et on développe autour », a-t-il pour fil conducteur sans jamais sacrifier la qualité au travail de son personnel. Lui aussi avait un message fort à faire passer aux élus, peu présents à l’exception de l’ancien sénateur de Saône-et-Loire, Jean-Paul Emorine, « la France est à la traîne sur l’aquaculture alors qu’elle compte d’excellents chercheurs en formation ». Cette fois-ci, ce qui pêche, c’est « les difficiles investissements et contraintes environnementales », réclamant alors un soutien accru des politiques.

En viticulture, anticiper et penser l’avenir

Et pourquoi pas un soutien à la hauteur de celui accordé aux vins de Chablis. Vigneron autodidacte, Olivier Boussard, sa femme Isabelle et bientôt leur fille Margot ont remporté le quatrième prix de la performance entrepreneuriale pour leur forte croissance économique entraînant dans leur sillage tout l’environnement de leur territoire. Avec 7 salariés, Olivier a pour dicton « qui n’avance pas recul » et il n’a pas enclenché la marche arrière depuis 1992, date à laquelle il s’est installé « sans vigne ». Développant le vrac et les bouteilles, il a aussi 500 ha de céréales « dans des terres à faible potentiel », qui « l’occupent le weekend ». Ce super-actif est un perfectionniste. « Quand des commerciaux viennent, ils demandent où est le patron. Il faut dire que j’aime que ce soit parfait et je suis donc le roi du balai ». Sa femme gère la partie commerciale et sa fille va développer le marché Américain prochainement, après avoir fini son stage d’étude aux États-Unis justement. « La période le montre, il faut savoir anticiper les besoins, anticiper les investissements futurs, les normes de qualité, à l’export… », sans se départir de sa gentillesse, le félicitait Hombeline, sa conseillère, faisant, elle aussi, preuve d’un grand professionnalisme, l’a remerciait-il en retour.

Retour en Saône-et-Loire pour le cinquième et dernier prix, une fois encore en viticulture du côté du Château de Buxy. Fils et petit-fils de coopérateur, Laurent Cognard est passé de 68 ares de vignes à son installation en 1997 à aujourd’hui 17,5 ha, avec une bonne partie en AOC montagny 1er cru. Ce qui ne l’empêche pas de « se permettre de faire des microvinifications avec des cépages atypiques », pour un total de 24 cuvées. S’il a nommé plusieurs de ses cuvées du prénom de ses enfants, c’est à eux aussi qu’il pense demain « pour savoir que planter comme matériel végétal pour mes petits enfants en fonction des risques climatiques et pour garder la typicité des vins », tous chers à son cœur et celui de sa femme Perrine, infirmière l’épaulant pendant les bons et mauvais moments. On comprend mieux pourquoi son conseiller, Vincent Bithard aime tant aller voir ce « passionné » et déguster au passage un bon verre.

Nul doute, la salle de Beaune n’était remplie que de passionnés. La bonne humeur se ressentait dans les applaudissements sincères et chaleureux. Saluant le président Michel Grass, le directeur général, Jean-Paul Julia ressentait lui aussi pleinement cette « énergie », émanant « du partage, de l’engagement, de la coopération, de l’ancrage territorial que l’on chérit et qu’on essaye de faire vivre », soulignant la richesse de notre gastronomie. Sans oublier de valoriser une dernière fois tous les agriculteurs et viticulteurs « ancrés dans la modernité. On ne le dit pas assez souvent ». Les 32 conseillers régionaux dédiés à ces secteurs sont là pour aussi faire passer ces messages.

 

 

 

Des taux de crédits en hausse jusqu’en « 2023 ou 2024 »

Dans son introduction, le directeur Marchés pros à la Banque Populaire, Pierre Tourland n’y allait pas par quatre chemins. « Le Covid nous a rappelé l’importance de ne pas fragiliser notre souveraineté alimentaire. Pourtant, sur le bien-être animal par exemple, avec la suppression des poules en cage, l’incohérence fait que les importations d’œufs de poules élevées en cages à l’étranger augmentent. Ceux qui attaquent les agriculteurs se trompent énormément, notamment sur l’élevage, y compris sur le plan environnemental », débutait-il sur les nombreux paradoxes Français et Européens. Pas que politique, du côté des consommateurs aussi, ces derniers voulant « les meilleurs produits aux prix les plus bas ». S’il n’a pas la réponse, comme personne, sur comment concilier ces contradictions, son rôle de banquier est « d’accompagner la transition ; collectant l’argent des ménages et entreprises pour le prêter ensuite et financer les outils » pour.

Problème supplémentaire, la fin de l’argent « gratuit » des taux de crédit historiquement bas, la Banque centrale Européenne effectue « une remontée vertigineuse » des taux de crédit aux banques nationales pour tenter d’endiguer l’inflation principalement importée (pétrole, gaz…). « Ce qui est exceptionnel, c’est la rapidité de ce retour à la normale », jugeait-il avec un peu de recul, prévoyant une stabilisation de l’inflation et de la hausse des taux « en 2023 ou 2024, même si on n’est pas à l’abri de nouvelles crises ».

Dans un monde rempli de défis, l’agriculture est une priorité pour la Banque Populaire Bourgogne Franche-Comté qui depuis l’an dernier, y dédie « 32 postes à 100 % agricole. Chaque conseiller accompagne 100-150 exploitations car notre différence se fera par l’expertise de proximité ». S’inscrivant dans le long terme, la Banque Populaire BFC a une « approche patrimoniale », sachant qu’avec « plus de hors cadres ou de transmission de parts sociales, il est plus difficile de les "sous-évaluer", ce qui nécessite que l’exploitation soit rentable ». Sans oublier, de chercher à vendre et transmettre « au bon prix » afin de retirer la juste valeur du travail des anciennes générations qui se sont « sacrifiées », en faisant passer la rentabilité « au second plan » qui doit repasser maintenant au « premier plan ». Ce qui passera par « être acteur de confiance à vos côtés pour réussir », concluait la Banque Populaire BFC.