Les annonces du préfet de Région

Cédric MICHELIN
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Alors que la manifestation du 6 avril n’était pas encore terminée, le préfet de Côte-d’Or et de Région, Fabien Sudry, a tenu un point presse pour « porter le message du gouvernement et de l’État ».

D’emblée, il « [condamnait] fermement les destructions de biens et les faits de violence contre nos forces de l’ordre (un policier blessé à 16 h, NDLR) alors que j’ai toujours manifesté ma volonté de dialogue avec la profession ». D’ailleurs, Fabien Sudry tenait à revenir sur les propos qu’il a tenu à la délégation qu’il avait reçu plus tôt dans la journée. Et de faire quelques annonces.

Le Charollais hors zones vulnérables ?

Notamment au sujet du classement en zones vulnérables reconnaissant que le 7e programme de la Directive Nitrate prévoyait une « importante augmentation du zonage (+60 %) » en Bourgogne Franche-Comté et que cela suscitait des « incompréhensions » légitimes. « L’analyse des demandes de la profession – par département et en région – n’est pas totalement terminée. À l’été, une concertation publique va ensuite être engagée », annonçait-il, ainsi qu’une concertation finale « fin 2021 par le préfet coordinateur de Bassin ». Mais d’ores et déjà, Fabien Sudry indiquait que « les arguments de la profession ont été étudiés avec attention et continueront de l’être. Le zonage devrait être diminué. Des zones devraient être réduites pour le bassin Loire Bretagne, en particulier sur le secteur du bassin allaitant du Charollais ». En effet, il aurait été paradoxal de pointer du doigt l’élevage extensif à l’herbe, ne pouvant mieux faire en matière d’environnement.
L’occasion pour lui d’évoquer le difficile dossier loup qui attaque dans nos zones d’élevage. Cherchant à rassurer dans un premier temps, « il n’y a pas de meute constituée, mais quelques individus isolés », Fabien Sudry « [comprend] vraiment la détresse des éleveurs, généralement d’ovins, touchés par des attaques remettant en cause le fruit de leur travail », avant de reconnaître toutefois que les services de l’État n’étaient pas prêt à l’arrivée successive de loups dans notre région. « Nous appliquons le plan Loup national avec une grande réactivité », que ce soit pour financer des moyens de protection, indemniser les éleveurs victimes ou autoriser des tirs de défense simple...

Bientôt des Assises de l’eau

Revenant sur la « sur-réglementation environnementale » décriée par les manifestants, Fabien Sudry se disait prêt « à traiter ces sujets sans tabou en évitant les positions de postures, principes ou approximation ». Avec une ligne rouge claire : « je ne saurais tolérer la mise en cause individuelle de fonctionnaires de l’État qui font leur travail ». Il prenait en exemple l’arrêté cadre inter-départemental pour réguler les pratiques agricoles – « mais aussi industrielles et de la population » - en période de sécheresse. « Compte tenu de la grande diversité agricole à l’échelle de la région, l’exercice laisse craindre un risque de superposition de réglementation », admettait-il, annonçant pour l’heure de le « reporter à 2022 » pour « travailler à une échelle plus cohérente, celle des sous bassins hydrographiques ». En clair, en 2021, chaque préfet de département pourra réglementer comme habituellement. En tant que têtes de plusieurs bassins, la qualité de l’eau à la source le préoccupe et le préfet de Région annonçait prochainement des « Assises régionales de l’eau pour dégager une feuille de route des différents usages avec tout le monde autour de la table ».

Agriculture de qualité pour l’environnement

« Pour moi, il n’y a pas d’antagonisme entre agriculture et environnement et même, il y a nécessité de concilier les deux pour une agriculture de qualité et un bon environnement. En revanche, ne pas vivre de son métier est aussi une erreur », critiquait-il faisant ici clairement référence aux propos tenus par le président de la République lors de sa visite en Côte-d’Or faisant le constat que la loi ÉGAlim n’a pas permis de ramener de la valeur ajoutée aux producteurs. « Le gouvernement a pris à bras le corps cette question d’une juste répartition entre producteurs et distributeurs. Les distributeurs doivent se rendre compte que leur guerre des prix détruit notre modèle agricole et, à la fin des fins, notre souveraineté alimentaire », tranchait-il à propos de l’éternel débat sur le pouvoir d’achat des consommateurs, qui se fait actuellement « sur le dos des agriculteurs ». Il rappelait que le gouvernement, l’État (contrôles et sanctions) et les parlementaires veulent améliorer la loi ÉGAlim pour qu’elle soit (enfin) applicable et appliquée.
Idem pour la réforme de la Pac (2023-2027), le préfet rappelait que le ministre n’a pas rendu son arbitrage sur le Plan stratégique national (PSN) et que les différentes « hypothèses de travail mises sur la table afin d’identifier les impacts des scénarios entre les catégories et régions » conservent pour « objectif compétitivité et environnement ». Parlant pour l’État et le gouvernement, Fabien Sudry assurait que « nous ne laisserons pas tomber nos agriculteurs qui font l’agriculture la plus durable du monde ». Et de se féliciter voir le Plan de Relance « rencontrer un grand succès pour l’agroéquipement, les projets de rénovation des abattoirs, les projets d’alimentation territorial, le bois… ». « Défendre nos agriculteurs et notre modèle agricole, c’est défendre la qualité de notre alimentation, de la plus haute importance pour notre société », concluait-il.