EARL du Grand Servigny
La génétique, c’est pour se faire plaisir avec de belles vaches!

Marc Labille
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Avec un troupeau de seulement 38 laitières sur un peu plus de 123 hectares, l’EARL du Grand Servigny dispose de l’un des tout meilleur cheptel de race Prim’Holstein de la région. Après avoir tout perdu en 2001 suite à un cas d’ESB, Jean-Luc Calmand a su rebondir en misant à fond sur les progrès des outils génétiques. 

La génétique, c’est pour se faire plaisir avec de belles vaches!
N’hésitant pas à profiter des bienfaits de la transplantation embryonnaire, du génotypage, de la semence sexée…, Jean-Luc Calmand n’a jamais cessé de faire progresser le niveau génétique de son troupeau de Prim’Holsteins.

Le 8 mars dernier à Saint-Christophe-en-Bresse, les assemblées générales de Lait’Lite 71 et des syndicats de race holstein et montbéliard se sont prolongées par la visite de l’EARL du Grand Servigny. Il s’agit de l’élevage de Jean-Luc Calmand à la tête d’un troupeau 38 prim’holteins sur 123 hectares dont plus de la moitié sont drainés. L’éleveur s’est installé en 1993 en Gaec avec son père sur une structure qui comptait alors 22 vaches laitières en étable entravée, vingt charolaises et 80 ha de surface agricole utile. Une stabulation avec salle de traite a été construite en 1994. En 98, la maman de Jean-Luc prenait la place de son époux au sein du Gaec. En 2001, l’élevage de la famille Calmand était l’un de ceux qui ont eu le malheur de devoir faire abattre la totalité de leur troupeau suite à la découverte d’un cas d’ESB.

Abattage total du troupeau en 2001

Aussitôt cette épreuve passée, Jean-Luc et ses parents reconstituaient leur outil de travail avec des génisses et des vaches issues d’élevages de la région, bénéficiant d’un élan de solidarité de la profession. L’année suivante, l’activité allaitante était abandonnée et la maman de Jean-Luc prenait à son tour sa retraite. Dès lors, l’éleveur a continué de développer son atelier lait en accroissant progressivement son quota, ses surfaces tout en investissant utilement dans la génétique. Aujourd’hui, Jean-Luc est aidé par son épouse Lydia à mi-temps. « Je n’ai pas voulu d’une trop grosse structure, car je voulais pouvoir travailler seul sur une exploitation à dimension familiale », confie Jean-Luc.

9.600 kg de lait par vache et par an

Les cultures se partagent entre 30 ha de maïs dont 12 sont ensilés ; 32 ha de blé ; 13 ha d’orge ; 10 ha de soja ou colza ; 5 ha de prairies temporaires. 33 ha de prairies naturelles complètent la surface. À noter que l’éleveur produit aussi 10 ha de mélange trèfle/ray-grass en culture dérobée. La ration des laitières est composée notamment de 28,6 kg d’ensilage de maïs, 11,1 kg d’enrubannage de ray-Grass, 3 kg de foin, 2 kg d’orge, 4,7 kg de complémentaire… Au printemps, les vaches ont accès à 9 ha de pâturage. Les 38 prim’holstein produisent aujourd’hui 9.600 kg de lait par an à 38,4 de TB et 32,8 de TP pour un volume total de 348.000 litres livrés à Danone, présentait Jérôme Bonin d’Acsel Conseil Élevage.

Pionnier du génotypage et des semences sexées

Ayant dû repartir de zéro, Jean-Luc Calmand s’est saisi des nouveaux outils génétiques pour faire progresser son troupeau. Il a su aussi acquérir de bons animaux à partir desquels il a pu bâtir son cheptel actuel. L’éleveur cite ainsi des vaches issues du Gaec de la Segaude de Curbigny dont il présentait des descendantes ou encore deux bonnes femelles dégotées dans l’Ain qu’il a pu multiplier grâce à la transplantation embryonnaire. « C’est un élevage qui a tout de suite cru à la génomique et aux semences sexées. Il s’est mis à génotyper ses animaux dès 2009 et il s’est mis à inséminer toutes ses génisses avec des semences sexées », confirme Anne Chapon de l’OS Prim’Holstein France. Ce bon usage des avancées de la génétique couplé à des vêlages dès deux ans a permis d’accélérer le progrès du troupeau. « L’ISU (Index de Synthèse Unique) global a toujours été l’objectif privilégié par Jean-Luc et son élevage n’a jamais cessé de s’améliorer sur ce critère », faisait valoir Anne Chapon. L’EARL du Grand Servigny affiche le meilleur ISU de la race en Saône-et-Loire avec une valeur de 139. Jean-Luc Calmand a aussi amélioré les taux. L’élevage est aujourd’hui à la deuxième place au palmarès départemental du TP (taux protéique) en race holstein avec 33,4 de TP brut.

Introduction du gène sans corne

Un autre point fort de l’élevage est sa maîtrise du taux de cellules, soulignait Jérôme Bonin. De fait, l’élevage ne déplore que très peu de mammites : « on a travaillé la santé des mamelles », confirme Jean-Luc dont le troupeau est le meilleur de Saône-et-Loire en termes d’index sur ce critère. Il est aussi premier au palmarès des meilleurs élevages en index reproduction. « On a bien travaillé les fonctionnels et aujourd’hui, on va remettre du lait tout en généralisant l’emploi des semences sexées », confiait l’éleveur qui s’est aussi mis à introduire le caractère sans corne dans son cheptel. Cette particularité génétique attendue pour ses avantages en termes de bien-être animal, de sécurité au travail et de gain de temps, se développe en race prim’holstein. Là encore, Jean-Luc Calmand fait figure de pionnier et n’a pas attendu pour saisir cette nouvelle opportunité. Détenteur de belles lignées de vaches, l’éleveur espère un jour pouvoir « sortir un taureau » qui se retrouverait au catalogue prim’holstein. La génomique lui a d’ailleurs permis de révéler une nouvelle souche dans son élevage. « J’aime mes vaches », résume simplement Jean-Luc Calmand qui avoue « avoir mis de l’argent dans la génétique ». Tout heureux de présenter quelques-unes de ses meilleures laitières, l’éleveur de Saint-Christophe-en-Bresse conclut : « on se fait quand même plaisir avec des belles vaches de concours comme celles-là ! ».