Pouilly Vinzelles-Loché
Les stratégies vertueuses de l’UPPVPL

Ariane Tilve
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Que ce soit pour lutter contre la flavescence dorée ou pour décrocher la classification premier cru, le président de l’Union des producteurs de Pouilly-Loché / Pouilly-Vinzelles prône la sobriété des pratiques en marge de l’Assemblée générale du jeudi 30 mars à la salle polyvalente de Loché.  
 

Les stratégies vertueuses de l’UPPVPL

Innover dans la lutte contre la flavescence dorée

Depuis l’apparition du foyer historique de flavescence dorée à Plottes (Mâconnais Nord) en 2013, chacun fait son calcul de risque, forcément plus faible en s’éloignant, à condition que prospections et analyses soient particulièrement rigoureuses pour bien le calculer. Après l’explosion de la maladie et de nombreuses « polémiques » (affaire Giboulot…), la Bourgogne avait adapté son plan de lutte régionale, pour notamment réduire les traitements obligatoires. La lutte reposant en plus sur des prospections collectives obligatoires, des arrachages des pieds infestés et la plantation exclusive de plants traités à l’eau chaude. Si la recherche de solutions pour automatiser la prospection (caméra, logiciel, capteur…) se fait toujours attendre, le génotypage des phytoplasmes a aussi permis d’affiner le calcul de risque. Plusieurs secteurs ou appellations en Bourgogne ont depuis dix ans ainsi profité de dérogations, sous forme de tests, utiles en terme d’expérience à tous les vignerons. C’est dans cette optique que se positionne la demande de l’ODG pouilly-loché et pouilly-vinzelles.

« Avec un engagement sans faille de nos vignerons, nous voulons démontrer qu’il est possible de vivre avec la maladie sans multiplier les traitements chimiques. Nous avons l’exemple d’autres régions qui ne sont pas sorties de cette épidémie depuis 30 ans et sommes persuadés qu’une prospection exhaustive et de qualité de notre vignoble permettrait de contenir la maladie », estime Olivier Giroux, le président du cru. Ici, il n’est pas question de vouloir se mettre en avant ou de se comparer à d’autres. Le risque d’être infecté est d’abord pour l’appellation, notamment avec le nouveau foyer dans le Beaujolais Nord et la recrudescence de cas dans le Mâconnais Sud. Un dilemme que le président de l’UPPVPL explique : « C’est tout de même compliqué, avec la pression sociale actuelle, de déployer un arsenal de traitements pour lutter contre une pandémie, et ce sans se soucier de ce qui se passe autour ».

Les propositions des trois pouily seront portées par la CAVB, accompagné de conditions, devant les services de l’État qui proposent une lutte plus sécuritaire.

L’ODG Pouilly-Loché-Vinzelles tient à rappeler qu’elle respecte les choix de chacun, qu’ils soient bio ou en conventionnel et respectera la décision finale.

La profession s’est préparé à demander des engagements « gigantesques » aux vignerons des 6 communes des pouilly si cela devait être accepté : double prospection obligatoire, prospection tous les deux rangs, analyses renforcées en laboratoire… « Pour notre part, nous sommes convaincus, au sein des trois ODG pouilly, qu’il est possible de trouver une autre voie », était confiant Olivier Giroux pour pouvoir appliquer cette stratégie dont les contours définitifs ne seront connus que dans quelques jours. Pour la CAVB, si cette stratégie est acceptée, cette alternative pourra « montrer un intérêt » nouveau. Cette volonté de réduire les intrants est également destinée à protéger les vignerons. « Nous sommes les premiers concernés. On ne veut pas laisser mourir nos vignes, mais qu’adviendra-t-il s’il n’y a plus de vignerons ? Peut-on trouver une alternative efficace qui soit respectueuse des autres, mais aussi pour nous ? », se questionne encore Olivier Giroux, preuve que personne n’avait demandé à cette maladie de contaminer les vignes de Saône-et-Loire. Reste donc cette inconnue des foyers du Beaujolais Nord, allant de Saint-Amour à Romanèche-Thorins en passant par Crêches-sur-Saône, à proximité donc du secteur dit des trois AOC pouilly, qui vont peser dans la balance. La décision est maintenant dans les mains du Préfet et de ses services.

Des 1er crus pouilly-loché et pouilly- vinzelles dès le millésime 2024 ?

C’est un dossier pour lequel l’ODG se bat depuis une dizaine d’années. L’Union des producteurs pouilly loché-vinzelles a reçu les premiers retours de la commission d’experts de l’INAO en charge de la délimitation de la zone des premiers crus. Une carte qui semblait omettre quelques parcelles évidentes pour ces producteurs, en termes de topologie de sols. « Nous avons donc suggéré quelques modifications et attendons le retour de la commission, sachant que les experts sont revenus sur le terrain au mois de février et que c’est maintenant à la commission d’enquête d’évaluer le travail des experts ». Certains secteurs qui auraient, selon Olivier Giroux, pu figurer sur la carte, n’ont jamais été étudiés en raison d’un problème de validation du lieu-dit et en l’absence d’historique, « et ce malgré la qualité des sols et des raisins exceptionnels ». Le demandeur ne peut en effet éviter cette phase d’étude de l’antériorité, de la réfutation et de l’histoire. L’ODG devrait très prochainement pouvoir présenter un projet de délimitation à ses adhérents, sachant que l’enquête publique pourrait avoir lieu du 15 juillet au 15 septembre, ce qui pourrait permettre de déclarer les premiers crus dès le millésime 2024. « Nous avons déposé notre dossier de reconnaissance des premiers crus en 2010. Cela fait plus de 13 ans que nous échangeons avec les services de l’État », rappelle Olivier Giroux. Confiant, il ne veut prendre aucun risque pour assurer la classification en incluant, par défaut, l’interdiction de la machine à vendanger dans le cahier des charges des vignerons, une mécanisation qui fait débat au sein de l’INAO. Il ne voudrait donc pas que cela porte préjudice au dossier de l’ODG, même si c’est une première dans les vins tranquilles de Bourgogne. Autre élément du cahier des charges, l’interdiction du désherbage sur les premiers crus, qu’ils soient chimiques ou bio. Il va donc falloir envisager d’autres pratiques pour désherber, sachant que la personne qui préfère désherber plutôt que de produire un premier cru est tout à fait libre de faire ce choix. Idem pour celui qui voudra vendanger en machine. Olivier Giroux voit dans cette démarche plus qu’une classification, c’est pour lui une « reconnaissance historique de pratiques » que ce soit pour Les Mûres à Loché, ou Les Longeays, Les Quarts et Les Pétaux à Vinzelles. En tout, ce sont donc une trentaine d’hectares qui sont concernés. Dans ce dossier, Olivier Giroux salue tout particulièrement le travail de Manon Balan, de l’INAO, qui a travaillé sur ce dossier.