Portrait Dorian Fontaine
Retour à la terre familiale

Françoise Thomas
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Dorian Fontaine s’est installé en novembre 2019 à Saint-Gengoux-de-Scissé en reprenant les vignes familiales. Coopérateur à la cave de Lugny, le jeune homme revendique en parallèle l’envie d’être son propre patron, tout en étant féru d’entraide, lui qui a par ailleurs plusieurs autres engagements prouvant sa volonté de partage et de mutualisation.

Retour à la terre familiale
Parti au départ dans une filière technologique en passant un bac STI2D, Dorian Fontaine a finalement opté pour un secteur qui lui a toujours tenu à cœur, celui de la vigne.

La ferme où Dorian Fontaine réside désormais, il l’a toujours connue et pour cause : c’est celle de ses arrière-grands-parents maternels. Sa grand-mère, très marquée par le gel de 1956, s’était jurée de ne pas poursuivre dans la voie agricole et, par les hasards de la vie, elle avait fini par s’expatrier du côté de Grenoble. Ce qui fait que Dorian est ainsi né en Isère il y a 24 ans de cela... 
Pourtant, l’attachement à la terre saône-et-loirienne a traversé les générations et la ferme de Saint-Gengoux-de-Scissé est ainsi toujours restée la maison secondaire de la famille, celle où l’on vient passer les vacances.

Diverses appellations

Si la grand-mère de Dorian a toujours conservé l’habitation, elle ne s’est pas non plus départie des vignes qui y étaient rattachées, et les a toujours louées à des viticulteurs du secteur.

« Elle ne voulait pas que l’un de nous fasse ce métier, explique aujourd’hui le jeune homme, trop soumis aux aléas climatiques. Elle préférait qu’on s’oriente vers des métiers plus sûrs, ceux qui permettent de dormir sereinement ». Aussi inquiète et réticente était cette grand-mère, aussi « heureuse » a-t-elle été finalement « de voir revivre la maison et revenir les vignes dans la famille », se réjouit-il aujourd’hui.

Car Dorian a bien repris les 4 ha de parcelles rattachés à la ferme. « C’est essentiellement du mâcon lugny AOC, du chardonnay et du crémant de bourgogne, mais j’ai également quelques ares de bourgogne rouge et de bourgogne aligoté », détaille-t-il. Tout est livré à la cave de Lugny : « j’aime le côté entraide qu’offre la coopération, le fait que l’on puisse mutualiser les vendanges, réduire nos coûts et travailler dans la bonne humeur ».

Double actif

« Mon but n’était pas de faire des bouteilles, souligne-t-il encore. Vinifier et commercialiser ce sont d’autres métiers », et son truc à lui c’est d’être dehors.

Il aime donc travailler en autonomie, décidé le matin ce qu’il a envie de faire.

Pour l’instant s’il est seul à gérer ses 4 ha, il travaille également à mi-temps sur un autre domaine, celui de la famille Gaguin, dont Pascal le père est vice-président de la cave de Lugny. Un double emploi qui permet de continuer à apprendre.

À terme, il espère bien trouver un peu de vignes supplémentaires, l’idée étant évidemment d’avoir la surface nécessaire pour en vivre, tout en restant sur taille raisonnable pour une seule personne.

Petit-fils de

Avec un parcellaire relativement bien regroupé, les vignes de Dorian se trouvent sur le coteau en pente douce qui caractérise Saint-Gengoux. Devant ce décor bucolique et apaisant, on comprend l’attachement familial à ce secteur. 
Le "petit-fils de" était donc ici en terrain connu et conquis : il venait souvent enfant pour les vacances, puis plus âgé, « je venais participer aux vendanges et j’ai même fait mes classes ici », ce qui crée forcément des liens !

De ce fait, le jeune homme n’a eu aucun mal à s’intégrer.

Depuis, il s’est aussi engagé comme pompier volontaire à la caserne du secteur. « Je ne le suis que depuis le 1er janvier dernier car je voulais avoir le temps de prendre un peu mes repères au niveau du travail avant de m’engager ». Il fait également partie des JA dans la section du canton de Mâcon, notamment en tant qu’administrateur stagiaire.

Évolutions à venir

Pour ses vignes, il souhaite d’abord apprendre à les connaitre, voir leurs forces et faiblesses, les particularités des sols et leurs besoins avant de se lancer dans de grandes modifications. Certes, c'est dans l’air du temps et des obligations, mais il espère bien évoluer par rapport au désherbage chimique et « pratiquer au maximum le désherbage mécanique pour réduire véritablement les traitements aux stricts besoins de la vigne ». Idem côté engrais, « le but est l’arrêt des engrais chimiques pour s’orienter à terme sur les engrais organiques, le compost notamment ».

La cave de Lugny va de toute façon l’encourager dans ce sens « puisque l’objectif du collectif est d’être certifiés HVE en 2022 puis Vignerons engagés ».

Tout est cependant une question de coût, d’organisation et d’investissement, surtout pour un jeune qui vient de débuter.

« Avec ou sans raisin, le travail continue »

« Avec ou sans raisin, le travail continue »

Nous avions rencontré Dorian Fontaine en mars, soit bien avant le gel de début avril. Difficile pour lui de mesurer dès à présent l’ampleur des dégâts « mais toutes les parcelles ont été impactées et les pertes varieront entre 30 et 50 % selon les secteurs ».

Philosophe, il sait déjà qu’il va devoir « bichonner les derniers bourgeons » qui auront résisté et « booster les vignes en positionnant de l’engrais ». De toute façon « avec ou sans raisin, le travail continue », et il arpentera donc ses vignes comme une année « normale ».

 

Si la grand-mère de Dorian avait quitté le secteur, elle ne s’était cependant jamais séparée des vignes rattachées à la maison familiale et les a louées toutes ces années à d’autres viticulteurs.