JA BFC
Une assemblée générale en quête d’espoir

Les jeunes agriculteurs de Bourgogne Franche-Comté ont organisé leur assemblée générale en visioconférence. Combativité et morosité sont les sentiments qui traversent une jeunesse agricole combative malgré un contexte difficile. 

Une assemblée générale en quête d’espoir
Laurence Maire du Poset vient d'être recrutée par la chambre régionale d'agriculture de Bourgogne.

De l’espoir, il en faut lorsqu’on est jeune agriculteur. C’est un peu ce qui ressortait de l’assemblée générale des JA de Bourgogne Franche-Comté, organisée en visioconférence le 16 avril. De l’espoir, en premier lieu, pour que la Fête régionale de l’agriculture puisse bien se tenir, le premier week-end de septembre à Bourbon-Lancy. Les JA régionaux mettent tout en œuvre pour que ce rendez-vous ait bien lieu, mais les aléas de la crise sanitaire ont appris à tout le monde combien il est hasardeux aujourd’hui de faire des projections à cinq mois... La montée en puissance de la vaccination permet néanmoins de croire en la tenue d’un événement qui aura incontestablement une saveur particulière s’il peut se maintenir. 

Souvenir de la manifestation du 6 avril

Plus généralement, cette assemblée générale, sous la présidence de Florent Point, voulait nourrir un espoir mis à mal pour de nombreux jeunes installés. Les interventions des uns et des autres soulignaient à quel point il est difficile aujourd’hui, d’être agriculteur, et encore plus lorsqu’on est jeune car, par définition, la jeunesse a le regard pointé sur l’avenir et celui-ci, sans être totalement bouché, apparaît bien sombre. Le souvenir de la grande manifestation paysanne régionale de Dijon, le 6 avril, était clairement dans toutes les têtes et on sentait le poids de l’amertume dans certains propos. Antoine Carré, président des JA de Côte-d’Or, a été lapidaire mais clair dans son propos : « il faut être conscient de la montée de la colère et du désarroi dans nos campagnes ». Il était rejoint en cela par Julien Caillard, son homologue de l’Yonne « très inquiet de l’état d’esprit qui règne actuellement. Il y a des suicides, nous perdons des jeunes. Nous voulons néanmoins montrer qu’agir ensemble, cela sert à quelque chose, mais l’État doit écouter les corps intermédiaires comme JA. Il doit faire quelque chose, et le faire vite... ». Face à ce qui ressemble à une forme de désespérance, le baromètre des installations est un indicateur précieux, dans un contexte d’injonctions sociétales parfois contradictoires et de prix toujours trop bas payés aux producteurs. Loïc Farey, président des JA du Doubs, recensait 90 installations sur les douze mois écoulés dans son département. Il soulignait la nécessité de « conserver de la souplesse dans le montage des dossiers d’installation et de dire stop aux nouvelles contraintes environnementales. Il faut savoir que, dans notre département, les zones vulnérables sont passées de 18 hectares à 180 d’une année sur l’autre ! » 

Nécessité d’une force régionale

2020 restera une année très compliquée, du point de vue de Guillaume Martin, président des JA du Jura : « nous faisons un gros travail de relance de la communication sur la promotion de nos métiers, mais nous traitons aussi des dossiers "chauds" tels que la sécheresse, l’entretien des haies, les casse-cailloux... ». En 2020 dans ce département, le nombre d’installations de jeunes agriculteurs est tombé à 30, mais 2021 se présente mieux avec une cible de 70 installations et de nombreux projets atypiques. Marine Seckler, présidente des JA de Saône-et-Loire est revenue sur le loup, les effets du gel récent et les zones vulnérables : « autant de dossiers, remarque-t-elle, qui réclame la force régionale pour y répondre ». Concernant les prédations lupines, elle était rejointe par Étienne Vaconnet, secrétaire général des JA de Haute-Saône : « sur le loup, nous attendons plus que des signes. Nous voulons des réponses concrètes ». Son département a vu 35 jeunes s’installer en 2020. Face à un paysage marqué par une certaine morosité, Arnaud Gaillot, originaire du Doubs et secrétaire général de JA national a tenté de rassurer en soulignant qu’une proposition de projet de loi (PPL) allait être déposée pour que les indicateurs de coûts de production soient pris en compte, afin d’améliorer la loi ÉGAlim. De son côté, Jérémy Decerle, ancien président JA national et de la Saône-et-Loire, et actuellement député européen, a fait un point sur les avancées dans les négociations sur la Pac : « Nous avons obtenu un budget qui permet des marges de manœuvre avec une Pac qui ouvre des perspectives. Il y a aussi la revalorisation de l’aide Jeunes agriculteurs, un signal qu’il fallait donner. Enfin, sur les éco-régimes, l’Europe rémunérera la performance et pas les moyens : cela traduit la volonté de reconnaître le travail déjà accompli par les agriculteurs ». Sur ces éco-schemes, Christophe Chambon, président de la FRSEA BFC a rappelé que le 22 avril, un travail sur les zones intermédiaires avec des propositions, allait être présenté à Julien Denormandie, le ministre de l’Agriculture. « Notre volonté, précisait alors le président de la FRSEA, c’est que tous les agriculteurs de BFC puissent prétendre aux éco-schemes ». Enfin, Christian Decerle, président de la chambre régionale d’agriculture a précisé qu’une coordinatrice, dont le travail consistera à suivre le dossier installation-transmission, venait d’être nommée au sein de l’entité consulaire. Laurence Maire du Poset prendra ses fonctions officiellement le 1er juillet. Elle a démarré sa carrière aux JA du Doubs et était jusqu’alors directrice d’exploitation au sein de l’Établissement public et local (EPL) d’enseignement et de la formation professionnelle agricole de Besançon.

Berty Robert