EXCLU WEB / Lait : le tandem Chine/Nouvelle-Zélande débraye

Après une année 2021 florissante, la croissance de la production et de la consommation de produits laitiers fléchit en Chine. Dans le même temps, les éleveurs laitiers néozélandais font face à des difficultés inédites, entravant la rentabilité de leur activité.  

EXCLU WEB / Lait : le tandem Chine/Nouvelle-Zélande débraye

En Chine, la production de lait (36,8 millions de tonnes -Mt) a bondi de 7 %, l’an passé hissant l’Empire du milieu au cinquième rang des plus grands pays producteurs de lait de la planète, juste devant l’Allemagne. Pourtant, il est toujours le premier importateur au monde de produits laitiers et il devrait le rester encore pendant de longues années.

« Ces dernières années, les quantités de lait produites en plus n’ont jamais compensé la croissance de la consommation chinoise, souligne l’Institut de l’élevage (Idele). La dépendance de la Chine à l’égard des importations – notamment en provenance de Nouvelle-Zélande, 42 % des produits importés - s’accroît ».

Cette dépendance est réciproque. La campagne passée, les exportations néozélandaises ont atteint 12,2 milliards d’euros Md€ (+ 10 % sur un an), réalisées à 70 % avec l’Asie (+ 19 % sur un an). Le pays a expédié en Chine 1,65 Mt (+ 6 % sur un an) de poudres grasses, soit la moitié de ses exportations. Les livraisons de fromages (90.000 t) ont aussi crû de 20 %. Par ailleurs, la Chine se fournit aussi auprès des États-Unis (15 %), des Pays-Bas (7 %) et de la France (6 %).

Fermes de plus de 5 000 animaux

Depuis l’automne 2021, la dynamique a perdu de sa splendeur. En cause, la hausse des prix des commodités et la crise de la Covid 19 qui impactent l’ensemble de l’économie laitière, aussi bien en Chine qu’en Nouvelle-Zélande. Jusque-là, le lait payé aux éleveurs chinois, jusqu’à 570 € la tonne, couvrait leurs coûts de production, structurellement élevés, l’essentiel des fourrages et du soja nécessaires pour nourrir les animaux étant importé. Ces trois dernières années, la hausse continue du prix du lait incitait les éleveurs à en produire toujours plus. « Le gouvernement encourageait les Chinois à consommer toujours plus de produits laitiers et les investisseurs à construire des étables d’au moins 300 vaches, seuil requis pour percevoir des aides, explique l’Idele. À ce jour, 16 % des vaches sont détenues dans des fermes de plus de 5 000 animaux ». Pékin vise un taux d’autosuffisance alimentaire en matière de produits laitiers de 70 % à l’horizon de 2030. Depuis quelques mois, les consommateurs chinois confinés achètent moins de produits laitiers et le prix du lait payé aux éleveurs baisse pour la première fois depuis trois ans. Or produire du lait n’a jamais coûté aussi cher. Aussi, la hausse de la production de lait faiblirait et n’excèderait pas 3 % cette année. 

Manque de bras

Par ailleurs, la moindre fluidité du marché des produits laitiers se traduit par la constitution de stocks d’invendus, entreposés dans des cargos bloqués dans les ports. Or ces stocks pèseront pendant quelques mois sur les prix de vente du lait payés aux éleveurs chinois. En conséquence, la Chine devrait importer moins de produits laitiers. Pourtant, les marchés laitiers sont en mesure de supporter ce retournement de conjoncture. Selon l’Idele, la Nouvelle-Zélande qui exporte l’équivalent de 20,6 Mt de lait (quasiment 90 % de sa production) a entamé la campagne 2021-2022 dans la douleur. Ces douze derniers mois, la production de lait a baissé de 4 %. Déflaté, le prix du lait est à peine supérieur à la moyenne des prix payés ces quatorze dernières années. Or les coûts croissent. Par ailleurs, la production fourragère pâtit d’un déficit pluviométrique important et les règles environnementales sont de plus en plus contraignantes. En conséquence, les éleveurs ne recherchent plus le rendement. Les effectifs de leurs troupeaux diminuent (4,85 millions de bêtes). Enfin, la filière laitière manque de bras dans les exploitations et dans les abattoirs depuis la fermeture du marché du travail aux étrangers. Et nourrir des vaches réformées en attendant qu’elles soient abattues coûte cher.