UPVM
Entre soulagement et inquiétude

Françoise Thomas
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L’assemblée générale de l’Union des producteurs de vins Mâcon s’est tenue le jeudi 1er juillet à Igé. Une assemblée forcément marquée par une campagne 2020 atypique et un début de campagne 2021 chaotique.

Entre soulagement et inquiétude

L’assemblée générale de l’Union des producteurs de vins Mâcon s’est tenue le jeudi 1er juillet à Igé, une réunion emmenée par le président Jérôme Chevalier, en présence notamment de Thiébault Huber président de la CAVB, François Labet co-président du BIVB et du député Benjamin Dirx.

Il y a été question « de la belle embellie des vins Mâcon sur tous les marchés », comme l’a souligné Jérôme Chevalier, tout autant que des fortes inquiétudes sur la récolte à venir : « l’état sanitaire stresse tout le monde, l’été s’annonce compliqué », conséquences des épisodes de grêle « qui ont souvent touché les parcelles épargnées par le gel » d’avril dernier, avec des répercussions à attendre sur « 2022 et 2023 » …

Une belle année 2020

Pour ce qui sont des chiffres à retenir : avec un peu plus de 4.210 ha de surfaces globales, contre 4.225 en 2019, Marc Sangoy a qualifié l’augmentation de « modérée et de maîtrisée ». Il est à rappeler que cette surface progresse régulièrement depuis 20 ans (hormis 2012 et 2013) en blanc, quand, à l’inverse, les surfaces en rouge et rosé ont toujours diminué depuis l’an 2000. Elles semblent cependant se stabiliser désormais aux environs de 350 hectares. 
Du côté des volumes, le bilan est à l’image de ce que laissaient présager les dernières vendanges : un total blanc + rouge de 258.681.53 hl, contre 159.631,83 en 2019 et 364.003 en 2018. C’est la deuxième meilleure récolte en blanc depuis 20 ans (242.505 hl), après les chiffres record de 2019 (243.965 hl).

À noter un stock de VCI 2020 de 13.436 hl, une situation que les viticulteurs et coopérateurs suivent de près compte tenu du fait potentiel de récolte envisagé pour 2021 : les professionnels prévoient déjà que l’ensemble du stock sera utilisé avant même la récolte 2022…

Pour ce qui est des rendements, ils se sont situés entre 66 et 70 hl/ha pour les blancs et entre 60 et 64 hl/ha pour les rouge et rosé.

Les répercussions du covid

En revenant sur les conditions de production de 2020, la campagne a été marquée par un printemps précoce, chaud et sec, avec pour conséquence, un débourrement et une floraison très tôt dans la saison. La sécheresse estivale a débouché sur des vendanges très précoces, au 10 août pour certains pinots noirs : du jamais vu !

Sans oublier que le tout s’est déroulé dans un contexte de crise sanitaire et de protocole covid contraignant pour tous.

Une crise sanitaire qui s’est bien évidemment reflétée sur la grande majorité des événements et rendez-vous habituels de l’année : « les Grands Jours de bourgogne qui devaient se tenir en mars 2020 ont été annulés et il en a été de même en 2021 », a rappelé Sébastien Lacharme. Mêmes effets pour la distinction Saint-Vincent des vins Mâcon et les Mâcon Wine note. « La fête des Grands Vins a aussi été annulée en novembre 2020 », a poursuivi le vice-président de l’UPVM.

Ces « annulations en cascade » ont eu un indéniable impact sur le bilan financier présenté par Isabelle Meunier qui a rappelé que l’édition Wine not 2019 avait engrangé plus de 50.000 € de bénéfices…

Ainsi entre l’appel à cotisation 2020 divisé par deux à la suite de la petite récolte 2019 et l’année covid, « le résultat de l’exercice 2020 s’établit à -20.935 € contre + 30.330 € en 2019 ».

Pépites de Bourgogne

Pour autant, les vins Mâcon ont malgré tout profité de l’année pour lancer une nouvelle identité visuelle et mettre en avant « le rapport qualité prix exceptionnel des vins Mâcon, l’exploration des terroirs grâce à la multiplicité des villages, l’appartenance à la Bourgogne et à ses valeurs », a fait valoir Sébastien Lacharme. Ainsi la "constellation de villages" « est remplacée par les pépites de Bourgogne ». Un nouveau site Internet accompagne cette nouvelle identité (financée par l’UPVM et le BIVB), ainsi que de nombreuses réalisations vidéos diffusées sur YouTube, une page Facebook et un compte Instagram, des affiches, des kakémonos, des cartes des communes, des fiches appellation disponibles gratuitement, des verres sérigraphiés.

Ainsi comme l’a intimé Jérôme Chevalier, « 2022 va être compliqué, mais il faut rester uni et solidaire. On va y arriver ! ».

Coupé court à la flavescence dorée

Marc Sangoy a fait le point sur la propagation de la flavescence dorée. « L’épidémie s’emballe », a-t-il alerté, une situation d’autant plus déstabilisante « que malgré la prospection sérieuse, on constate un développement de la maladie ». D’où le rappel des solutions à disposition des viticulteurs : « la surveillance du vignoble (dont la prospection collective, NDLR), la lutte insecticide, l’arrachage des ceps dès les premiers symptômes, la plantation uniquement des greffes traitées à l’eau chaude ».

Des ventes en progrès malgré tout !

Malgré la fermeture des restaurants, malgré l’impossibilité de se réunir pour des mariages ou autres fêtes, les ventes de vins enregistrent une augmentation de +14 % en volume entre mars 2020 et mars 2021. « Les cavistes et les grandes surfaces ont bien fonctionné », souligne ainsi Philippe Longepierre.

Rien que sur les cinq premiers mois de 2021 en comparaison avec la même période 2020, « on note +19 % en volume pour les AOC mâcon-villages et +24 % pour les AOC mâcon rouges en grande distribution française. À l’export, ce sont + 14,8 % pour les vins blancs régionales mâcon et +76,8 % pour les vins rouges du Mâconnais », poursuit le directeur Marchés et développement du BIVB.

D’où le constat qu’à court et moyen termes, « les appellations régionales évoluent de façon tout à fait positives ». Mais si la situation « est bonne sur le marché des vins mâcon, la question reste les disponibles », insiste-t-il, compte-tenu que lors des cinq derniers mois, ce sont cinq mois de stocks qui ont été écoulés. Les 13 mois de stocks auraient « été suffisants pour tenir jusqu’à la récolte 2021, mais pas pour tenir jusqu’à la récolte 2022 »… Des arbitrages et des allotements vont être à faire.

Une inquiétude sur les volumes à venir largement partagée par les professionnels du secteur.