AMRF
La culture, un enjeu majeur pour l’attractivité des territoires

Loin d’être un sujet qui ne préoccupe que les citadins, la culture entre aujourd’hui au cœur de la réflexion autour de l’attractivité des communes rurales. Eléments d’analyse avec deux maires membres de l’Association des maires ruraux de France.

En 2019, l’Association des maires ruraux de France (AMRF) avait fait de « la culture au village » la thématique de son assemblée générale. Un symbole fort, qui tend à montrer une véritable prise de conscience des élus locaux du poids majeur que peut représenter la culture pour le dynamisme de leur commune. Pour Yvan Lubraneski, maire des Molières dans l’Essonne et vice-président de l'AMRF en charge notamment de la culture, « la représentation de la culture sur le territoire français est très hétérogène ». Avec ses confrères de l’AMRF, il « s’est insurgé contre une lecture inopérante de l’État qui conduit à ce que dans certaines zones, les dépenses soient parfois nulles sur le plan culturel. L’enjeu est de mieux comprendre comment sont fléchées les aides à la culture vers les communes rurales ». Si l’action au niveau national manque encore d’objectifs chiffrés, Yvan Lubraneski estime que la mise en place d’un Agenda rural en septembre 2019 sous la pression de l’AMRF a au moins permis de s’attaquer concrètement au problème. L’État s’est en effet engagé à affecter une part significative des crédits des directions régionales des affaires culturelles (Drac) aux territoires ruraux et à poursuivre l’accompagnement des collectivités rurales. Surtout, une Commission culturelle a été mise en place pour soutenir les élus dans les conseils locaux des territoires pour la culture, pour élargir les liens avec les autres fédérations d’élus au service de la culture et pour créer un véritable annuaire d’artistes prêts à se produire dans les territoires ruraux.

« S’appuyer sur les atouts existants »

Pour François Descoeur, maire d’Anglards-sur-Salers dans le Cantal, l’enjeu de l’accès à la culture a toujours existé et s’intègre dans une problématique plus large qu’est l’aménagement du territoire. S’il appelle de ses vœux à une meilleure répartition des aides culturelles, l’élu estime « logique que les sommes soient plus importantes pour les grands centres urbains » et appelle surtout les maires à « s’appuyer sur les atouts existants ». Sur sa commune, François Descoeur fait tout pour optimiser la richesse patrimoniale locale, le château de la Trémolière notamment, pour faire venir des artistes ou encore pour accompagner la création d’une association de lecture. Une manière de montrer que l’initiative locale, souvent portée par plusieurs communes pour mutualiser les moyens, peut permettre de « créer une vraie émulsion culturelle » et ainsi contrer la fatalité de déserts culturels en milieu rural. « Nous essayons de tirer le meilleur du peu de moyens que nous avons. Sur ma commune, nous ne créerons jamais de grande bibliothèque comme nous pouvons le voir en ville. Néanmoins, nous nous sommes servis d’un grand bâtiment pour y aménager, à côté du bureau de poste, un relais de bibliothèque permettant à nos habitants d’avoir accès à des livres toute l’année », témoigne-t-il encore. « La ruralité a aujourd’hui le vent en poupe mais pour soutenir les élus, nous avons besoin d’une vraie réponse de l’État qui se fait encore attendre. Espérons que ce nouveau quinquennat puisse être l’occasion d’enclencher une nouvelle dynamique », conclut Yvan Lubraneski.

Pierre Garcia