Agroécologie
Débat : La RSE, moteur possible pour l'agroécologie

Berty Robert
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La Responsabilité sociétale des entreprises (RSE) peut-elle contribuer à favoriser le développement de l'agroécologie ? C'était toute la question posée le 2 juin lors d'une rencontre organisée à l'Institut Agro Dijon.

Débat : La RSE, moteur possible  pour l'agroécologie
Exemple de démarche RSE en lien avec l'agriculture : celle de l'interprofession Interbev qui se fixe notamment comme objectif d'assurer une rémunération correcte des éleveurs (Extrait d'une vidéo d'Interbev).

La Responsabilité sociétale des entreprises (RSE) est une notion aujourd’hui bien implantée. Ses mises en œuvre sont diverses, mais personne ne peut nier qu’il s’agit d’un élément important, en termes de recrutements, de marchés ou de relation avec des fournisseurs. Conditions de travail, respect de l’environnement, éthique figurent parmi les composantes de cette RSE et il est normal qu’en agriculture aussi, on se penche sur ces aspects.

C’était l’objet d’une rencontre organisée le 2 juin à l’Institut Agro Dijon. L’ambition était de réfléchir à la manière dont les démarches RSE peuvent servir de levier à la transition agroécologique. Deux enseignants et chercheurs de l’Institut Agro sont à l’initiative de l’évènement : Leslie Carnoye et Olivier Rat-Aspert. « On a le sentiment, explique Leslie Carnoye, que les questions de RSE sont plutôt portées par l’agroalimentaire alors que l’agroécologie parle plutôt au secteur agricole. Nous voulions croiser les deux approches pour montrer les transversalités possibles ».

Pour nourrir cette réflexion, plusieurs intervenants se sont succédé. Le travail effectué en termes de RSE par l’interprofession bétail et viande était ainsi mis en lumière par ses représentantes régionales. Cette démarche s’articule selon plusieurs axes : agir pour préserver l’environnement, pour le bien-être, la protection et la santé des animaux, pour une juste rémunération des acteurs de la filière et pour l’attractivité des métiers, et enfin pour une alimentation de qualité, raisonnée et durable. Elle poursuit un objectif de réduction de l’empreinte carbone de 15 % en 2025, la définition de stratégies régionales pour l’adaptation au changement climatique ou encore le renforcement de l’autonomie alimentaire des élevages pour lutter contre la déforestation importée.

 

« Message sociétal fort »

Dans ce cadre, de nombreux diagnostics sont menés. Entre 2020 et 2021, selon Interbev, le nombre d’élevages bovins qui s’y sont soumis a doublé et 76 % des abattoirs ont réalisé un diagnostic de bien-traitance animale. Celui de Besançon, notamment, en fait partie « et c’est un message sociétal fort » soulignait Liselore Martin, directrice du pôle régional d’innovations en agroécologie Agronov.

Élément important mis en avant : s’inscrire dans la démarche RSE est un facteur qui peut favoriser la contractualisation mise en œuvre progressivement dans les milieux de l’élevage. Elle est valorisante vis-à-vis du consommateur final. Pour sensibiliser les éleveurs au fait de s’impliquer dans ces démarches, Interbev mène un important travail de fond avec les Chambres d’agriculture et l’Institut de l’élevage (Idele).

Autre exemple d’implication locale dans ce domaine : celle de la coopérative Socofruit qui fédère 38 producteurs de cassis sur 450 hectares. Présidée par Florent Baillard, elle est certifiée en bio et elle met en place actuellement une démarche RSE. Tout est parti du constat d’une baisse de rendements conduisant à des réflexions sur la conduite agronomique de ces cultures. La démarche se traduit par la restauration de populations d’insectes pollinisateurs sauvages ou l’installation de bandes enherbées. « Elle a aussi généré une nouvelle dynamique au sein du groupe de producteurs » constate en guise de conclusion, Florent Baillard.