Arrondissement d’Autun
La profession reçoit le nouveau sous-préfet de l'arrondissement d'Autun

Marc Labille
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En poste depuis le mois de mai, le nouveau sous-préfet d’Autun Jean-Baptiste Constant était l’invité de la FDSEA et des JA lors d’une visite d’exploitation dans le Couchois. L’occasion de lui faire découvrir le territoire et de prendre connaissances des dossiers chauds du moment.

La profession reçoit le nouveau sous-préfet de l'arrondissement d'Autun
Reçu sur l’exploitation de la famille Lebeault à Saint-Gervais-sur-Couches, le nouveau sous-préfet d’Autun Jean-Baptiste Constant a pris le temps d’écouter les représentants de la profession.

Le 1er août dernier sur une exploitation du Couchois, la FDSEA de Saône-et-Loire et JA 71 ont reçu le nouveau sous-préfet de l’arrondissement d’Autun. Comme elle le fait avec chaque nouveau représentant de l’Etat, la profession a pour coutume d’inviter les nouveaux venus pour leur faire prendre la mesure de la situation agricole du département. Arrivé en mai dernier, le sous-préfet Jean-Baptiste Constant s’est prêté de bonne grâce à l’exercice, se montrant à l’écoute et visiblement soucieux de bien cerner les problèmes rencontrés par les agriculteurs.

Sans surprise, la problématique bovine a été le thème d’ouverture de cette visite de terrain. « La Saône-et-Loire détient le plus important troupeau allaitant de France », introduisait le président de la FDSEA Christian Bajard. Et l’arrondissement d’Autun est très représentatif de cette réalité avec des exploitations qui se sont spécialisées au fil des années pour aboutir aujourd’hui à des structures importantes, lourdes de capitaux, fragilisées par les sécheresses à répétition et qui sont confrontées au « revenu le plus faible du monde agricole », synthétisait le président. Des fermes dont l’avenir pose question alors qu’elles sont devenues difficiles à transmettre, aux prises avec une problématique très prégnante de renouvellement des générations. Sur ce dernier point, le Préfet a pu profiter du témoignage de la famille Lebeault qui a livré son expérience de transmission (lire par ailleurs). 

Exploitations difficiles à transmettre

Cette situation singulière justifie « un besoin de vision » pour ces exploitations à forts capitaux, concluait Christian Bajard. Et, alors que l’un des problèmes de fond demeure le prix payé aux producteurs, le président rappelait « le besoin de l’Etat pour arbitrer et faire appliquer les lois (EGAlim) ». Car avec une production qui recule en France et en Europe et une consommation qui se maintient malgré tout, il n’y a aucune raison que la filière ne rémunère pas ses producteurs. Et dans une nécessaire « relocalisation », des territoires comme ceux de Saône-et-Loire ont un rôle à jouer. D’autant que l’on voit déjà de la viande étrangère reprendre du terrain dans la grande distribution, argumentait le président de la FDSEA au sous-Préfet.

L’exemple du Grand Autunois-Morvan

En matière de relocalisation et d’avenir de l’agriculture, le Grand Autunois-Morvan fait figure de territoire exemplaire. Une dynamique qui a été présentée au nouveau sous-préfet par le responsable territorial de la FDSEA Didier Talpin. Ici, sous l’impulsion du syndicalisme et des collectivités, le développement territorial s’est véritablement relocalisé, pris en main par la mobilisation collective. Point de départ de cette aventure, l’abattoir d’Autun dont la fermeture était imminente en 2011. Refusant de perdre cet outil indispensable au territoire, agriculteurs, élus et partenaires se sont mobilisés, n’hésitant pas à mettre la main à la poche pour marquer leur engagement auprès du propriétaire de l’abattoir la Communauté de communes du Grand Autunois-Morvan. Cela a abouti à la rénovation de l’outil et au relancement de son activité : « du volume et des clients satisfaits, le tout dans une excellente coopération avec la communauté de communes », témoignait le responsable de la SICA exploitante Jean-Philippe Nivost. 

Approvisionnement local

Cet épisode a fait naitre une fructueuse collaboration entre agriculteurs et territoire : naissance d’un GIEE, mise en place d’une commission agricole paritaire au sein de la collectivité, création d’une microfilière de viande bovine avec une GMS autunoise et la cuisine centrale communautaire, déploiement d’un Plan Alimentaire Territorial…, énumérait Didier Talpin. Le maillon ultime a été l’ouverture d’un magasin de producteurs à Autun. Détenu par neuf associés, ce point de vente est en train de dépasser les prévisions en termes de chiffre d’affaires, témoignait l’un de ses acteurs Michel Joly. Et ce nouveau mode d’approvisionnement fait bouger les habitudes des consommateurs locaux comme il offre un autre moyen de communication pour l’agriculture du territoire, fait valoir Michel Joly qui ajoute aussi que ce magasin de producteurs a permis de consolider des installations. Impressionné par cet exemple encourageant que la profession aimerait voir faire des émules dans les autres territoires du département, le sous-préfet prenait également note des préoccupations de la profession concernant l’emploi, la prédation, l’agrivoltaïsme que les responsables FDSEA et JA n’ont pas manqué de lui détailler lors de ce premier contact (lire encadré).

 

 

Emploi, prédation, agrivoltaïsme…

Outre l’avenir de la filière bovine, FDSEA et JA ont attiré l’attention du nouveau sous-préfet sur trois autres gros sujets qui préoccupent l’agriculture saône-et-loirienne en ce moment. A quelques semaines des vendanges, la question de l’emploi a été évoquée avec notamment l’extrême difficulté de recrutement, alertait Bernard Moreau, président de la section main-d’œuvre à la FDSEA. Le manque de bras en agriculture est un défi et les employeurs agricoles ont plus que jamais besoin d’un assouplissement des réglementations et d’un coup de pouce. Car à l’heure où la grille des salaires vient d’être substantiellement revalorisée, la charge qui repose sur eux n’en finit pas de s’alourdir. Même inquiétude pour l’apprentissage pour lequel la contribution de l’employeur augmente ce qui justifierait une compensation, expliquait au sous-préfet Bernard Moreau. 

Sur une exploitation qui a récemment été traversée par un loup, sans dommage heureusement, le dossier de la prédation n’a pas échappé au nouveau représentant de l’Etat. Spécialiste départemental de la question, Laurent Solas a rappelé les différents épisodes de prédation survenus depuis 2019 en Saône-et-Loire avec leurs conséquences regrettables. L’explosion des attaques en 2023 et l’apparition de dégâts sur des bovins a fait monter d’un cran la pression. La commission prédation départementale tente de trouver des solutions pour mieux appréhender ces attaques. Mais les mesures de protection ont un coût exorbitant ; la main-d’oeuvre insuffisante et l’usage de chiens de troupeaux quasi impossible en Saône-et-Loire, expliquait Thibault Renaud des JA 71. Aussi, la profession demande-t-elle de faciliter l’accès aux tirs de défense. Des améliorations doivent également être apportées aux indemnisations qui ne prennent pas en compte les pertes indirectes, regrettait le jeune responsable qui, déplorait par ailleurs que sur l’évolution du Plan loup, « le Ministre ne nous écoute absolument pas et le préfet loup non plus ! ». 

Troisième sujet d’importance exposé au sous-préfet : l’agrivoltaïsme. Représentant la FDSEA et la Chambre d’agriculture sur ce sujet épineux, Luc Jeannin a redit les craintes de la profession face aux risques que fait peser le déploiement de l’agrivoltaïsme sur le territoire. Pour la profession, la souveraineté énergétique ne peut se faire au détriment de la souveraineté alimentaire et face à l’appétit de très nombreux opérateurs commerciaux, il faut éviter les effets d’aubaine qui ne profiteraient pas à la majorité des agriculteurs… Et Luc Jeannin de rappeler les enjeux (financiers, juridiques…) d’un tel déploiement : effet sur le foncier agricole, impact pour les jeunes ; précarisation du fermier, revenu pour le fermier, etc… La profession s’inquiète aussi du démantèlement futur de ces centrales photovoltaïque, à la charge du propriétaire…