Charançon du bourgeon terminal sur colza
Situation inégale face au charançon du bourgeon terminal

Françoise Thomas
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Tous les colzas ne présentent pas la même sensibilité aux dégâts de ravageurs. L’observation des parcelles et cuvettes jaunes des réseaux d’observation comme le BSV permet de décider s’il est opportun de protéger la culture ou non contre le charançon du bourgeon terminal.

Situation inégale face au charançon du bourgeon terminal

La cuvette jaune permet de détecter l’arrivée du charançon dans sa parcelle mais contrairement à certaines idées reçues, il n’existe pas de relation entre le nombre d’individus capturés et les dégâts. Il peut exister une forte variabilité de piégeage au sein d’une même parcelle, notamment lorsque les conditions météos ne sont pas favorables à un vol franc et massif. Il est toujours préférable de suivre, en plus des pièges dans les parcelles, un réseau de piégeage comme celui du BSV qui permet d’établir une dynamique de vol à l’échelle d’un territoire et de positionner au mieux la protection insecticide, si elle est nécessaire.

Le risque charançon du bourgeon terminal est réduit pour les colzas suffisamment développés qui poussent régulièrement au cours de l’automne et jusqu’à l’entrée de l’hiver.
Évaluer l’état de la parcelle de colza « en surface » en mesurant la biomasse en kg/m² ou g/plante et « sous terre » permet de savoir si le colza sera capable de pousser durant l’automne et faire face à une attaque de charançon. C’est la combinaison de cet état agronomique et de la présence du ravageur qui permet d’évaluer le risque à la parcelle.

Ci-dessous un tableau simplifié de la règle de décision qui évalue le risque charançon du bourgeon terminal.
Retrouver la règle de décision dans son intégralité sur www.terresinovia.fr

Risque historique Risque agronomique Indication de risque
Fort
(attaques nuisibles fréquentes)
Biomasse < 25g/plante (800 g/m²*)
OU
Croissance limitée (rougissement, faible disponibilité en azote, mauvais enracinement …)
OU
Reprise intermédiaire à tardive
Risque fort
Biomasse > 25 g/plante (800 g/m²*)
ET
Croissance continue sans faim d'azote (pas de rougissement, disponibilité en azote, bon enracinement)
ET
Reprise précoce
Risque moyen
Faible
(pas d'historique d'attaque ou attaque nuisible peu ou moyennement fréquente)
Biomasse <20-25 g/plante (600 - 800 g/m²*)
OU
Croissance limitée (rougissement, faible disponibilité en azote, mauvais enracinement …)
Risque moyen

Biomasse > 25 g/plante (800 g/m²*)
ET
Croissance continue sans faim d'azote

(pas de rougissement, disponibilité en azote, bon enracinement)

Risque faible

*La biomasse est ici valable pour un peuplement de 30-35 pieds/m2.

 

Faut-il intervenir ? Et avec quoi ?

Les interventions sont à envisager en cas de captures quand les risques historiques et agronomiques évalués sont moyens et forts. 
Si le charançon du bourgeon terminal est résistant aux pyréthrinoïdes, utiliser préférentiellement Boravi WG 1.5 kg/ha.
Pour les secteurs avec la résistance « super KDR » généralisée pour la grosse altise (Yonne, Aube, Côte-d’Or, Nièvre, Haute-Marne) : si une intervention avec du Boravi WG a déjà été réalisée sur grosse altise, intervenir si besoin avec un pyréthrinoïde contre le charançon pour conserver la seconde application de Boravi WG contre les larves de grosse altise.

LAURENT RUCK – MICHAEL GELOEN- Terres Inovia

Un coléoptère discret

Le charançon du bourgeon terminal est un petit coléoptère qui mesure entre 2,5 et 3,7 mm. Les adultes ne sont pas nuisibles mais ils pondent dans les pétioles à l'automne. La nuisibilité est due aux larves qui détruisent le bourgeon terminal lorsqu’elles passent dans le cœur des plantes au stade rosette. Au printemps, les plantes ont alors un aspect buissonnant.
La lutte contre les larves n’est pas possible avec les insecticides disponibles. La lutte vise donc les adultes avant qu’ils ne pondent.