Coup de gueule
Où sont passés les 1.000 € de retraite promis ?

Marc Labille
-

En retraite depuis le 1er octobre dernier, Rémi Pipponiau, éleveur à Laizy, a découvert avec effroi que le montant de ses pensions ne dépasserait pas 760 € par mois.

Où sont passés les 1.000 € de retraite promis ?
C’est en recevant les courriers de la MSA que Rémi Pipponiau a découvert le montant de sa retraite de seulement 760 € net mensuel.

Les promesses de campagne sur la revalorisation des retraites agricoles ne sont restées qu’à l’état de promesse pour l’instant… C’est en tout cas le sentiment qu’a eu Rémi Pipponiau, éleveur à Laizy qui a pris sa retraite le 1er octobre dernier. À la lecture des chiffres qui lui ont été communiqués par courrier de la MSA Bourgogne début septembre, le montant total de sa retraite (retraites personnelle et non salariée + complémentaire) s’élève à un peu plus de 820 euros par mois, soit un montant net d’environ 759 euros. Une douche froide pour l’agriculteur de 61 ans qui s’attendait à une pension plus digne. « Je pensais toucher 1.000 euros comme l’avait promis Emmanuel Macron pendant la dernière campagne présidentielle ! », tempête Rémi Pipponiau.

Seulement 760 € pour vivre…

Avec seulement 760 € pour vivre, l’éleveur se retrouve avec un revenu très inférieur à celui qu’il avait en activité, lequel n’était déjà par mirobolant ! « Heureusement que ma maison est finie de payer », confie Rémi qui se demande comment font les éleveurs qui doivent acquérir une nouvelle habitation pour leur retraite. Dans le contexte d’envolée des prix actuel, un tel montant de pension est intolérable. D’autant plus pour des personnes vivant en milieu rural, loin des services et commodités, et devant faire face aux dépenses explosives de carburant, de chauffage, d’alimentation… Pour bénéficier d’une retraite plus importante, Rémi Pipponiau aurait dû travailler cinq ans de plus, explique-t-il. Une situation qui n’aurait pas arrangé son fils Thomas qui a repris l’exploitation familiale de 86 hectares avec son cheptel de 70-75 vaches charolaises. Les deux fils de Rémi se sont d’ailleurs installés à Laizy. Mathieu a pour sa part repris la ferme de son oncle de 110 hectares. En dépit des difficultés du métier, la passion continue de se transmettre dans la famille Pipponiau. Mais c’est dommage que de telles carrières et tout ce travail accompli ne soient pas mieux récompensés par le système de retraite.

Pensions de retraite : +4 % avec effet rétroactif au 1er juillet 2022 

Pour compenser la hausse des prix, la loi du 16 août 2022 portant mesures d’urgence pour la protection du pouvoir d’achat prévoit la revalorisation de 4 % des pensions de retraite et d’invalidité de base, avec effet rétroactif au 1er juillet 2022. Cette revalorisation s’appliquera à partir du paiement de la retraite du mois d’août, versée en septembre. Le montant correspondant à la revalorisation de la pension de retraite du mois de juillet sera également versé en septembre 2022. 

Retraites : l’impatience de la FNSEA

Alors que le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) va bientôt être examiné par le Parlement, la FNSEA demande au gouvernement de répondre rapidement une vieille demande de la profession : la convergence du calcul des retraites des agriculteurs avec ceux des salariés et des indépendants et notamment via le calcul de la retraite sur les seules 25 meilleures années de revenu. « C’est urgent », martèle le syndicat majoritaire qui ne décolère pas contre « l’administration du président réélu » qui « juge l’affaire complètement hors sujet ». « Ce coût est le prix de l’équité, le prix d’années d’oubli des retraités agricoles », poursuit la FNSEA qui porte l’ambition « de donner des perspectives aux jeunes qui s’installent » et de « mettre à niveau les pensions dont la moyenne reste inférieure aux pensions de l’ensemble des retraités ». Aujourd’hui, les agriculteurs sont les derniers à calculer leur retraite sur la totalité de leur carrière, bonnes et mauvaises années confondues.