Agronov
Innovations : Des outils pour une collaboration réussie avec le monde agricole

Berty Robert
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A l'occasion de la 5è édition de l'Ag' Meet-Up, organisée à Dijon le 17 octobre, Agronov proposait une conférence sur les bons leviers à actionner, lorsqu'on est une entreprise innovante, pour collaborer de manière efficace avec les acteurs du monde agricole.

Innovations : Des outils pour une collaboration réussie avec le monde agricole
Matthieu Leblanc, de la coopérative Terre Comtoise, est venu livrer quelques clefs qui pourront permettre aux entrepreneurs innovants d'aborder de manière pertinente le « terrain » agricole.

En matière d’innovation agricole, la problématique est toujours un peu la même : comment attirer l’attention d’un secteur déjà occupé à gérer la complexité du quotidien et lui permettre de prendre le recul nécessaire pour considérer les avantages ou les inconvénients d’une technologie innovante ? C’est l’enjeu auquel le pôle d’innovation en agroécologie de Bourgogne-Franche-Comté Agronov est aux prises en permanence et il était au cœur de la 5ᵉ édition d’Ag’Meet-Up, organisé le 17 octobre à Dijon. Ce rendez-vous permet des rencontres entre entrepreneurs porteurs d’innovations et représentants du monde agricole. Mais c’est aussi le lieu d’interventions thématiques qui ouvrent la réflexion sur les moyens d’améliorer la collaboration entre ces deux secteurs complémentaires.

 

Des enjeux à rappeler

Preuve en était avec l’intervention de Matthieu Leblanc, responsable technique Élevage de la coopérative Terre Comtoise. Il intervenait sur le thème « Outils et clefs de lecture pour une collaboration réussie avec les acteurs terrains agricole ». Devant les participants de l’Ag’Meet-Up, il a repositionné les grands enjeux de son entreprise : « nous sommes dans des logiques de soutien et de développement de filières locales, notamment sur la transformation de soja local avec l’usine de trituration Extrusel de Chalon-sur-Saône. Nous devons aussi avoir une connaissance fine de l’impact carbone de chacune des gammes d’aliments pour animaux produits par Terres Comtoise ». Dans ce contexte, Matthieu Leblanc insistait sur le fait qu’il existe, au niveau de la coopérative, un vrai besoin d’accompagnement face aux évolutions du monde agricole, notamment sur l’enjeu essentiel de l’analyse et de la compréhension des données collectées dans le fonctionnement des élevages. « Dans ces domaines, précisait-il, nous avons besoin de partenaires solides ». Bien collaborer avec des porteurs d’innovation, cela passe aussi par de la pédagogie : « ceux qui voudraient travailler avec une coopérative comme la nôtre, ajoutait Matthieu Leblanc, doivent être conscients des différences de productions qui existent, par exemple entre une production laitière de plaine et une autre, en AOP. Les éleveurs évoluent : on va de plus en plus vers l’autonomie, au détriment de la délégation. Il y a une grosse montée en compétences de certains éleveurs. C’est un point que les entrepreneurs innovants doivent intégrer ».

 

Maîtrise des données numériques

Les coopératives doivent devenir les conseillers techniques privilégiés de l’élevage. Ce qui signifie qu’elles aussi doivent monter en compétence. On en revient notamment au point central de la maîtrise et de l’utilisation des données numériques. Vouloir porter une innovation sans prendre ces dimensions en compte, c’est risquer de passer à côté de sa cible. « Il faut avoir conscience des aspects économiques de l’exploitation agricole : la meilleure solution technique, si elle est décorrélée de la réalité économique propre à l’exploitation, ne sera pas mise en œuvre parce qu’elle ne constituera pas une réponse ». La coopérative, par l’intermédiaire de ses conseillers en contact avec le terrain, peut-être force de proposition pour des solutions innovantes, surtout si certaines de ces solutions prennent en compte l’enjeu majeur de l’organisation du travail, dans un contexte où les moyens humains sont en diminution et où les tailles de troupeau augmentent. « Aujourd’hui, concluait Matthieu Leblanc, un éleveur veut de l’optimisation des ressources, de la sérénité dans le travail. Si vous voulez travailler avec nous demain, vous devez avoir quatre axes en tête : capter, maîtriser, analyser les données des exploitations ; s’adapter face au contexte politico-économique ; maintenir ou améliorer la rentabilité de l’élevage ; être résilients face au changement climatique ».

Une véritable feuille de route qui pourra aider les entrepreneurs innovants à cocher les bonnes cases.