Bioloweek
Valorisation et vente directe

Ariane Tilve
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À l’occasion de la Bioloweek, Victor Bonnot nous a ouvert les portes de sa Ferme à papa située dans le val de Grosne, lundi 6 novembre. Lui qui a démarré en 2008 est officiellement labellisé bio depuis 2016 nous offre le cadre idéal pour évoquer les questions de la valorisation et de la vente directe.

Les participants de cette journée porte ouverte de la Bioloweek.
Les participants de cette journée porte ouverte de la Bioloweek.

C’est une ferme de 260 ha et 50 vaches allaitantes. On y produit de l’huile, sur place, grâce à l’installation d’une presse qui devait, à la base, servir à la fabrication de tourteau. Elle s’est révélée bien plus utile et permet de produire des huiles de colza ou de noix, en vrac ou en bouteille, aux particuliers. Victor fait aussi des farines, grâce à un prestataire (le Moulin de Marion) mais l’objectif est de s’associer avec Christine Fauchard « courant 2014, normalement », avec l’installation d’une meulerie. Actuellement salariée, c’est elle qui est chargée de vendre et parfois de livrer l’huile et les farines à des cantines ou des restaurants alentour. Pas de livraison de viande en revanche en raison des contraintes logistiques inhérentes à un tel produit. La ferme de papa continue également à vendre grâce à la Biocoop et la Vie saine, deux des rares enseignes bio qui tiennent malgré la crise du secteur. Du côté des cultures, en semis direct, on trouve du tournesol, du maïs en grain, du sarrasin ou encore du soja, le tout en autoconsommation, auxquelles s’ajoutent des tourteaux, qui restent essentiels à l’atelier bovin. En perpétuel questionnement, Victor teste la luzerne, de plus en plus courant en grande culture pure bio avec élevage, et s’intéresse à la féverole. Pour l’entretien des cultures, il utilise des engrais organiques (fumier, lisier) et ne fait pas de désherbage.

Jongler entre production et vente directe


Victor dispose d’un fichier client de 300 personnes, des habitués pour la plupart qui lui restent fidèles. Mais c’est juste pour les 50 colis que représente une seule vache. « Avant, on mettait en avant notre label bio sur les marchés, les sites, etc. Maintenant, on est presque obligés de le cacher parce que le consommateur pense que le bio est systématiquement plus cher. Ce qui n’est pas toujours le cas. Mes tarifs sont même parfois moins élevés que des productions conventionnelles, à l’instar du maïs ». Marie-Émilie Robin, qui participe à cette journée porte ouverte, est membre de la chèvrerie La Trufière, à Chissey-lès-Mâcon. Officiellement labellisé en bio dans environ 6 mois, ce Gaec n’a eu qu’à investir dans des semences bio puisqu’il respectait déjà les pratiques « par conviction ». Les trois associées disposent d’une grande boutique ouverte le matin, 7j/7. Un choix chronophage, permis par la structure, la filière, mais qui paye. « Le dimanche, ça marche vraiment bien. On va essayer de fermer un jour, mais pas le dimanche ». Les sacrifices n’en sont pas moins importants, à tel point que le Gaec a décidé de recruter une nouvelle associée, plus à même de pouvoir partager cette lourde tâche que la meilleure des salariées qui, quel que soit son engagement, a des horaires limités.

L’un des associés de la Copex, Gaec de Taizé en conversion bio depuis 2020, renchérit. Car si la labellisation officielle de ce Gaec est en cours, ses associés valorisent depuis longtemps déjà leurs grandes cultures et leurs petits fruits grâce, notamment, à la vente directe. Une boutique a pris chez eux des airs de magasin de producteur, avec une vraie diversité, qui attire le client. Diversifier est également la clé de la réussite de la vente directe.

La Chambre continue à soutenir le bio


Sébastien Vatin, conseiller chambre, présent au côté de sa collègue Aline Villot rappelle que le contexte est particulièrement difficile pour le bio actuellement. « Les règles ont changé en 2021. Il faut par exemple couper la queue des porcelets en élevage porcin. Certains ont donc préféré (re) passer à du label, notamment en volailles, pour un gage de qualité moins contraignant. De nouvelles charges d’intrants sont également imposées ». D’autant plus qu’en bio, on vise souvent l’autonomie. Les prix d’achat baisses, la vente directe et la transformation sont donc des solutions à privilégier pour valoriser sa production et en vivre décemment. Sans compter la fin des aides auxquelles s’ajoutent des effets de mode qui font que des produits qui avaient le vent en poupe, comme le petit épeautre, n’ont plus la cote.

Faut-il alors envisager de se tourner vers l’export en Allemagne ou les pays de l’est ? Ces pays sont friands de cette céréale et s’approvisionnaient en Ukraine. Un approvisionnement malmené pour les raisons que l’on connaît… « En outre, peu de coopératives prennent le bio en Saône-et-Loire, contrairement à des départements comme l’Yonne u la Côte-d’Or », renchérit Aline Villot. Des départements de grandes cultures aux assolements très diversifiés. « C’est la filière qui devrait s’organiser, insiste la Copex, en raison notamment des volumes conséquents qu’elle engendre ».

Il existe en effet des exemples prometteurs, comme l’entreprenariat itinérant, non seulement pour les débouchés du bio, mais aussi pour sa valorisation, sa transformation. Pourtant, la bio bénéficie d’un soutien de taille. « La chambre d’agriculture de Saône-et-Loire a, depuis de nombreuses années, fait le choix d’accompagner l’agriculture biologique avec une équipe de huit conseillers spécialisés dans leur production : viticulture, maraîchage, élevages et grandes cultures », rappelle son président Bernard Lacour dans un communiqué consacré à la Bioloweek. Un accompagnement des projets avec une approche avant tout technique, mais aussi globale afin de proposer des systèmes robustes et résilients. Pour y parvenir, la chambre a notamment mis en place un point info bio au 06.75.99.30.37, mais aussi des diagnostics première conversion et des formations, dont "La Bio, j’y vais, j’y vais pas ?" ou "Réussir ma conversion en viti bio".