Cette année, le Festival du Bœuf aurait dû être un moment de retrouvailles avec le retour, après une année d’interruption liée au Covid, de cet évènement incontournable de la viande charolaise. Mais le virus insaisissable en a décidé autrement contraignant les organisateurs à renoncer au public trois jours avant l’ouverture. Un coup dur et une grosse déception.

Des retrouvailles gâchées…
Les six bêtes désignées grands prix d’honneur parmi 588 bovins de boucherie. Nous y reviendrons en détail dans la prochaine édition.

Le Festival du Bœuf aura connu une seconde édition perturbée par le Covid. L’an dernier, seul le concours de bovins de boucherie avait pu être maintenu en se délocalisant sur le foirail de Saint-Christophe-en-Brionnais. Pour 2021 et jusqu’au mercredi précédant l’évènement, on se préparait à retrouver un Festival sous sa formule habituelle pleine d’animations pour promouvoir la viande charolaise auprès d’un public de près de 4.000 personnes… Mais depuis quelques semaines, l’angoisse des organisateurs montait de jour en jour voyant la situation sanitaire se dégrader inexorablement. Le couperet est tombé trois jours avant l’ouverture des portes du Festival. La manifestation était contrainte de se priver du grand public. À ce stade des préparatifs, une bonne partie des installations étaient déjà sur pieds et de nombreux frais déjà engagés… Un chapiteau qui n’avait pas encore été monté a pu être économisé et quelques charges ont pu être annulées à temps. Mais ce énième revirement de situation lié au Covid est un coup dur pour la Société d’agriculture du Charolais. La fermeture au public lui a fait perdre les recettes des entrées (8.000 €) et des buvettes. Moitié moins de repas ont été servis le dimanche (588 contre 1.200 habituellement). La plupart des stands n’ont pas été loués. Autant de recettes en moins alors que la plupart des charges ont été maintenues : 18.000 € d’électricité, près de 12.000 € de chapiteaux… Heureusement, la société d’agriculture a pu annuler les frais liés au défilé de mode, au village viande, à l’écran géant ainsi qu’à l’animation… Et l’on ne chiffre pas l’impact d’un rendez-vous manqué avec les consommateurs dans une filière viande charolaise qui en aurait pourtant bien besoin…

Concours des apprentis très attendu

Sur le plan strictement professionnel, l’essentiel a été sauvé. Le concours de vitrine des apprentis bouchers a connu un nouveau succès avec 19 centres de formation représentés par 19 binômes de futurs bouchers en compétition. Quatre écoles ont renoncé à la dernière minute ce qui veut dire que sans les dernières restrictions sanitaires, le concours aurait accueilli 23 binômes d’apprentis, se félicitent les organisateurs. L’enthousiasme de ces jeunes et de leurs professeurs faisait plaisir à voir. Tous s’étaient préparés de longue date à cette épreuve. Et tous ont apprécié la qualité de l’organisation sous la houlette de l’Institut Charolais et du syndicat de la boucherie. Au voisinage des vitrines d’apprentis, deux membres de l’équipe de France de la boucherie (Christophe Ip Yan Fat et Philippe Lalande, meilleur ouvrier de France) ont assuré des démonstrations devant les jeunes et les professionnels présents. Vainqueurs de la coupe d’Europe de la boucherie qui s’est tenue en novembre dernier à Clermont-Ferrand, les membres de l’équipe de France participeront au championnat du monde en Californie en septembre 2022. À Charolles, ils ont présenté une vitrine digne de leurs épreuves en compétition.

Seconde édition du concours des viandes

Ce Festival du Bœuf a accueilli la seconde édition du concours des viandes charolaises d’excellence organisé par l’Institut Charolais en partenariat avec Interbev et Charolais France. Réservé aux viandes charolaises sous signe officiel de qualité, ce concours est ouvert aux boucheries. 18 ont concouru cette année avec des viandes charolaises Label rouge et AOP. Ce challenge met à l’honneur tout le travail mis en œuvre par l’éleveur, l’abatteur, le boucher ; une chaîne de savoir-faire qui est à l’origine de la qualité finale du produit dans l’assiette du consommateur. La remise des prix a eu lieu le dimanche après-midi en présence de Charolais Label Rouge, Charolais Terroir, l’AOP Bœuf de Charolles et les présidents de Charolais France Hugues Pichard et de l’Institut Charolais Jean-Jacques Lahaye. Un moment fort sympathique apprécié par les lauréats - éleveurs et bouchers - venus de toute la France.

Acheteurs décevants…

Colonne vertébrale du Festival du Bœuf, le concours de bovins de boucherie a réuni 588 animaux ce qui le ramène au niveau de 2019. 188 éleveurs ou engraisseurs avaient amené des animaux tous d’un très haut niveau qualitatif. La commercialisation de ces bovins haut de gamme s’est faite en deux temps. Dans la première heure, les transactions ont d’abord été très laborieuses au motif de l’incertitude liée au Covid : annulation de commandes de la part des traiteurs, craintes de restrictions pour les fêtes, etc.. L’amélioration des cours des animaux en ferme expliquerait aussi une moindre présence de la grande distribution. Mais cette tendance lourde a évolué plus tard dans la journée avec des ventes qui sont reparties et des tarifs mieux orientés… Un étonnant revirement de situation déploraient les éleveurs se sentant un peu abusés par les caprices de quelques gros opérateurs… Au final, malgré les frayeurs du début de matinée, plus de 95 % des animaux auraient trouvé preneurs, évaluaient les organisateurs. Mais la déception demeure alors que les prix étaient en moyenne inférieurs de -20 à -30 centimes d’euros par kilo de carcasse par rapport à l’année dernière. « C’est dommage que les gens de la filière ne jouent pas plus le jeu », s’agaçait le président de la société d’agriculture David Pierre. « Heureusement, les chevilles traditionnelles (chevillards, bouchers…) étaient au rendez-vous et ont su tenir les tarifs », concluait-il.