Oenotourisme
La Saône-et-Loire n’a pas à rougir

Cédric Michelin
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Le 30 novembre à Mâcon, la quatrième édition de la soirée réunissant les labellisés « Vignobles & découvertes » s’est déroulée pour la première fois dans l’enceinte de la Cité des Climats et vins de Bourgogne. L’œnotourisme garde une place prépondérante en Saône-et-Loire avec le soutien sans faille du Département et de la mission Tourisme. De nombreux témoignages sont venus le confirmer.

La Saône-et-Loire n’a pas à rougir
De nombreux labellisés Vignobles & découvertes étaient ravis de découvrir pour la première fois la Cité des vins de Bourgogne à Mâcon.

Ce sont encore les labellisés qui en parlent le mieux. À commencer par Isabelle Perisutti-Thomas, du Château de la Villeneuve à… Saint-Marcel. Cet ancien bourg maraîcher, en périphérie de Chalon-sur-Saône, n’est pourtant pas réputé pour son vignoble. Pourtant, les touristes qui se rendent dans cette maison d’hôtes ne seront pas déçus du voyage. Un voyage oenotouristique que leur prépare cette passionnée de cuisine. « J’aime cuisiner. Je fais 800 repas sur environ 1.100 hôtes à l’année ». Et quoi de plus naturel que de proposer les divins breuvages qui vont avec. Elle marie donc les mets et les vins de Bourgogne. Étonnamment, à quelques kilomètres seulement des côtés viticoles (Beaune/Chalonnaise) de l’autre côté de la Saône, les touristes ne sont plus du tout les mêmes. « Je présente beaucoup de vins d’appellation de la côte chalonnaise qui ne sont absolument pas connus des touristes, Allemands, Hollandais… », témoigne-t-elle à rebours de ce que nombre d’études de notoriété indiquent. Comme quoi, ce travail d’image et de communication n’est jamais fini ni acquis. « Je leur donne envie de revenir déguster des vins de Bourgogne, d’abord chez mes amis vignerons », fait-elle la promotion du vignoble de Bourgogne. Elle tord le cou par contre à une tendance actuelle de marier œnotourisme et cyclotourisme. « Les vrais cyclistes ne boivent pas. Cela va être compliqué ». Elle penche plutôt pour faire venir des « amis en groupe » voyageant à vélo. Une différence subtile entre les passionnés de vélos et les pratiquants pour les vacances. Dans sa pratique saisonnière, elle constate également qu’il est « plus compliqué » pour elle de faire déguster des vins ou de les expliquer lors d’un apéritif. Elle privilégie vraiment la promotion des vins « par le biais de la nourriture », faite maison ici. « Je fais du sur-mesure pour mes hôtes », peut-elle être fière.

Faire des locaux des ambassadeurs

Ce n’est pas Benoît Laly, gérant de la cave Laly à Autun, qui dira le contraire. Ce négociant en vins au départ, livrant à des épiceries et bars de la région, s’est progressivement tourné vers la clientèle de particuliers avec des vins « plus haut de gamme ». Lors d’une réunion avec le directeur de l’Office du tourisme, il constate « qu’autour de la table, peu de gens avaient une bonne culture sur les vins du Couchois, des vins parfois même boudés » par les gens du pays. Son idée est alors toute simple : « faire que les Autunois soient fiers et fassent la promotion et rayonner » les vins du Couchois. Une idée qui plaît immédiatement. Deux autres labellisés Vignobles & découvertes s’associent pour organiser chacun une soirée sur ce thème. Il choisit d’utiliser sa salle de réception pour proposer une conférence avec un spécialiste, lui qui est aussi un féru de l’Histoire des vins. En parallèle, un salon se tient à la villa Saint Lazare « pour donner aussi envie de voir ce lieu » en plus de déguster des vins du Couchois. « On est satisfait, ce fut un joli premier coup et on continuera pour grandir », se dit plus que jamais motivé Benoît Laly.

Gastronomie, musique et art de vivre

Même optimisme du côté de Jean-Jacques Parinet mais cette fois à l’autre bout du département, à Romanèche-Thorins. Faisant de l’œnotourisme au Château de Moulin-à-Vent, il sait avoir la chance « d’avoir des histoires » à raconter, que ce soit sur ses vignes, ses vins, son histoire et même l’Histoire de France. Mais il n’en oublie pas pour autant le collectif et avec une quinzaine d’autres domaines dans l’appellation Moulin-à-Vent, ils ont fondé le festival de musique et de vin, Jazz in Moulin-à-Vent. Un festival qui allie aussi la gastronomie, « tendant vers l’art de vivre » plus largement, et qui s’apprête à célébrer les cent ans de l’appellation en 2024. Autant dire que le Département et le label Vignobles & découvertes ne manqueront pas de faire saliver les mélomanes.

Une nouvelle Route 71 le 14 décembre

Même si le vignoble du Beaujolais n’y est pas représenté, la directrice d’exploitation commerciale de la Cité des Climats et vins de Bourgogne de Mâcon, de Chablis et de Beaune, Adeline Jeunot « croit en cette marque de structuration » qu’est Vignobles & découvertes « qui répond aux critères que recherche le grand public ». Et elle sait desquels puisqu’il s’agit de son métier. Même si les premiers chiffres et bilan ne sont pas catastrophiques, elle sait qu’il va maintenant falloir passer la deuxième pour augmenter la fréquentation dans les Cités, notamment à Chablis et Mâcon. Pour cela, l’idée à Mâcon est d’en faire « un lieu de vie », allant au-delà de la partie musée ou dégustation. Croyant dur comme fer à cette Cité, le président de l’Union des producteurs de vins Mâcon et élu à la ville de Mâcon, Jérôme Chevalier remerciait encore le Département, la mission Tourisme, l’Office de tourisme « pour tous les échanges au quotidien qui facilite la vie » depuis la naissance du projet. Il invitait un maximum d’acteur à se faire labelliser Vignobles & découvertes, label qui fait un lien transversal entre tous. La conseillère départementale en charge du développement du tourisme, Élisabeth Roblot allait même encore plus loin. « Oui, la Saône-et-Loire a toute sa place en Bourgogne », insistait-elle pour souligner le fait que malheureusement « trop souvent, nous sommes les oubliés de la Bourgogne », regrettait-elle, sans manquer de le dénoncer à chacune des réunions à Beaune ou en région. « La Saône-et-Loire n’a pas à rougir en matière d’œnotourisme », concluait-elle. Le Département maintient son soutien « malgré les tensions budgétaires » à venir, et notamment les événements Vignobles & découvertes, « pour porter haut et fort les couleurs de la Saône-et-Loire ». Et d’ailleurs, une nouvelle application de Route71 va « sortir le 14 décembre qui fera une belle place au monde du vin. Attendez-vous à du lourd ». Rendez-vous est pris donc.

Une charte en vue pour les acteurs extérieurs

Créé en 2009, le label national Vignobles & découvertes distingue 73 destinations œnotouristiques. En Bourgogne, quatre destinations sont labellisées dont trois en Saône-et-Loire : la Route des grands crus pour les Maranges, Destination Beaujolais pour les crus Saint-Amour et Moulin-à-Vent et le vignoble du Couchois, Côte Chalonnaise et Mâconnais. Le référent touristique revient à la Mission Tourisme en partenariat avec trois offices de tourisme tandis que le référent viticole est le BIVB qui a abandonné sa charte d’accueil de « Vignes en caves » pour la fusionner avec Vignobles & découvertes. En Saône-et-Loire, ce sont donc 5 vignobles, une trentaine d’AOC, douze caves coopératives, le plus grand vignoble de BFC en superficie ou encore 205 prestations labellisées chez 184 prestataires différents. En 2024, 92 caves seront labellisées conter 94 en 2023. « Six ont préféré se retirer pour de multiples raisons et quatre nouvelles caves nous rejoignent (Château de Chardonnay, Domaine Corsin, Domaine de Quintefeuilles, Albert Sounit) », détaillait Antoine Poirier, référent du label à la mission Tourisme du Département. Le BIVB fait généralement « ses audits » en été pour vérifier que les labellisés « respectent les valeurs » du label. Chacun est également invité à mettre à jour régulièrement la base de données touristique centrale qu’est Décibel data. En 2024, 163 labellisés proposaient des dégustations juste, 54 avec des animations (visites, pique-nique…), 37 allants même jusqu’à l’hébergement. Cette dernière offre œnotouristique complète est en hausse et prouve tout l’intérêt. Des études marketing sont régulièrement réalisées pour positionner les événements, la marque ou encore proposer des offres combinées afin toujours de mieux communiquer. Dernière piste de développement, très bien accueillie par tous, la possibilité d’ouvrir le label aux acteurs extérieurs avec une charte pour les entreprises respectant les valeurs du label, du type restaurateur, hôteliers…

De quoi donner encore plus de grain à moudre pour les communicants du Département qui se sont démenés en 2023 avec des animations (voyage d’étude des labellisés…) ou des actions de promotion (jeu les énigmes des Climats ; Fascinant week-end ; communication presse…). En 2024, le congrès national des Sapeurs pompiers et surtout le Tour de France seront deux autres temps forts. Au total, l’œnotourisme est la 6e activité la plus recherchée par les touristes qui visitent la Saône-et-Loire.