Sitevi
M. Fesneau « favorable » à d’autres aides aux viticulteurs
À l’occasion du Salon Sitevi, le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau s’est dit « favorable » » à une rallonge concernant le fonds d’urgence de 20 M€, à une « année blanche » bancaire, ainsi qu’à de l’arrachage temporaire.
La pression était forte sur le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, en déplacement au Sitevi le 30 novembre à Montpellier (Hérault) alors qu’il avait été reçu pendant trois heures la veille par les organisations viticoles. Le ministre s’est dit « favorable » à une rallonge concernant le fonds d’urgence de 20 M€, à une « année blanche » bancaire, ainsi qu’à de l’arrachage temporaire suivi d’une restructuration différée, a-t-on appris de source syndicale. Cela répond aux demandes des organisations FNSEA et Jeunes agriculteurs (JA) qui tenaient une conférence de presse le 28 novembre, trois jours après une manifestation à Narbonne (Aude). Plusieurs milliers des viticulteurs y avaient manifesté bruyamment pour demander à l’État d’« agir vite » face à la crise que connaît leur secteur, touché par des « fléaux exceptionnels ». « On a rappelé au ministre la gravité de la situation », a indiqué à Agra Presse Jérôme Despey, premier vice-président de la FNSEA, soulignant les difficultés commerciales, celles liées à la Covid, au climat, à l’inflation. « L’urgence était d’obtenir des mesures de trésorerie et des mesures structurelles d’arrachage temporaire. » Si plusieurs dispositifs ont déjà été mis en place, comme la distillation, des exonérations sociales, sur le foncier non-bâti, cela reste insuffisant à ses yeux. À Narbonne, le 25 novembre, les manifestants clamaient des slogans évocateurs : « On veut vivre de notre métier », « Viticulture ruinée » ou « La viticulture ne nourrit plus nos gamins ».
« Année blanche » pour les prêts bancaires
Ainsi, Marc Fesneau a confirmé le 30 novembre travailler à des aides supplémentaires pour les viticulteurs en difficulté. Afin de répondre aux « demandes d’aides conjoncturelles, d’urgence, en termes de trésorerie », le ministre a évoqué, dans une interview à la radio France Bleu Hérault, le fonds de 20 M€ déjà prévu dans le budget 2024. « Il faudra sans doute l’étoffer. » Et Marc Fesneau de préciser : « On alignera les choses en fonction des besoins », a-t-il déclaré en évoquant jusqu’à 60 M€, une somme réclamée par la FNSEA et les JA. Ce fonds pourra contenir la mesure d’« année blanche » demandée par la profession, à savoir la transformation des annuités d’emprunts bancaires de l’année 2024 en des prêts de six à huit ans avec la prise en charge des intérêts par l’État, a précisé le ministre. La FNSEA souhaite, pour cette aide complétée par « l’apport des collectivités territoriales », une enveloppe de 10 à 20 M€ qui cible, selon Jérôme Despey, l’Aquitaine, l’Occitanie, Provence-Alpes_Côte d’Azur et une partie de la vallée du Rhône. De telles mesures apparaissent nécessaires pour « éviter une spéculation à la baisse des prix » du vin, a souligné en conférence de le vice-président de la FNSEA, appelant les acheteurs à ne pas profiter du manque de trésorerie des producteurs.
Arrachage temporaire et restructuration
Le ministre a par ailleurs évoqué une mesure « d’arrachage différée » dès 2024 qui « permet d’arracher provisoirement la vigne » pour replanter « dès lors que le marché serait stabilisé ». Pour ce faire, le gouvernement devra demander la permission à Bruxelles. La question de l’arrachage temporaire doit être abordé lors d’un comité mixte France-Espagne-Italie pour le secteur vitivinicole les 4 et 5 décembre. Le secteur viticole arrive, selon Jérôme Despey, à « un moment charnière » où il faut « passer du conjoncturel au structurel ». Le sujet de l’arrachage pousse d’ailleurs à s’interroger sur les droits de plantation, qui permettent chaque année 1 % de croissance du vignoble. « On ne peut pas demander un arrachage temporaire pour rééquilibrer nos marchés si on ne baisse pas » ce taux, a déclaré Jérôme Despey, en tant que président du conseil spécialisé vin de FranceAgriMer.