Association Solaal
Solaal : le don alimentaire agricole s’organise en Saône-et-Loire

Marc Labille
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Jusqu’alors, le don alimentaire agricole n’était pas une pratique courante en Saône-et-Loire. Portée par la profession, l’association Solaal veut déployer un réseau d’agriculteurs donateurs dans le département.

Solaal : le don alimentaire agricole s’organise en Saône-et-Loire
Lors de la dernière session de la Chambre d’agriculture, Amaëlle Bégin-Doisy et Benoit Regnault ont présenté l’association Solaal pour Solidarité des producteurs Agricoles et des filières Alimentaires.

Lors de sa session du 22 novembre dernier à Jalogny, la chambre d’agriculture de Saône-et-Loire avait invité l’association Solaal – Solidarité des producteurs Agricoles et des filières Alimentaires. Jusqu’alors, le don alimentaire n’était pas une pratique courante en Saône-et-Loire, introduisait Benoit Regnault, représentant de l’association dans le département. Ce retard provient notamment du fait que l’agriculture saône-et-loirienne est majoritairement constituée de filières longues (bovins maigres, céréales…), expliquait le responsable. « Il existe souvent une inadéquation entre la mise en place d’une production et l’assiette du consommateur d’où des produits agricoles qui ne sont pas valorisés », exposait Benoit Regnault. Ces produits pourraient intéresser les banques alimentaires, mais le lien a du mal à se faire avec le monde agricole.


Les besoins augmentent, les dons diminuent…


Voulue par le président de la FNSEA Jean-Michel Lemétayer, Solaal a vu le jour en 2013 à l’échelon national. En Bourgogne-Franche-Comté, l’association s’est structurée en 2023 sous l’égide des chambres d’agriculture, de la FRSEA, des FDSEA, des JA, de la MSA et de Cerfrance BFC, présente Amaëlle Bégin-Doisy, coordinatrice régionale Solaal. Dans la région, ce sont 190.000 personnes qui bénéficient de l’aide alimentaire. « Le problème, c’est que le nombre de personnes demandeuses augmente alors que les dons diminuent », pose Amaëlle Bégin-Doisy comme triste constat.
Avec Solaal, « l’agriculture se structure pour faciliter le don. L’association fait le pont entre la production et les associations d’aide alimentaire », explique la coordinatrice.
Concrètement, les producteurs contactent Solaal directement ou via une appli dédiée. Cette étape permet de « caractériser le don », indique Amaëlle Bégin-Doisy qui ajoute qu’ensuite, « le producteur n’a plus rien à faire ». En effet, c’est Solaal qui se charge de contacter l’une des quatre associations d’aide alimentaire avec lesquelles elle travaille. Le don est défiscalisé.


900.000 repas en Saône-et-Loire


À l’échelle nationale, depuis 2013, 35.000 tonnes de produits frais agricoles ont été données aux associations via Solaal. Cela équivaut à 70 millions de repas permis par 1.500 donateurs et 20 associations, énumère Amaëlle Bégin-Doisy. En Bourgogne-Franche-Comté, les dons de produits agricoles atteignent 850 tonnes. En Saône-et-Loire, ils s’élèvent à 450 tonnes équivalant à 900.000 repas à travers six associations d’aide alimentaire. Mais le département ne compte aucun donateur : tous les produits proviennent de la région Auvergne-Rhône-Alpes…, révèle la coordinatrice.


Organiser des filières solidaires


Le défi est donc de développer un réseau d’agriculteurs donateurs, poursuit l’intervenante et Solaal entend « travailler à des filières solidaires en Saône-et-Loire » avec notamment l’objectif d’organiser le don de viande bovine.
Pour Benoit Regnault, c’est indispensable que la profession s’y implique. « Le don alimentaire est un vrai business et la profession agricole se doit d’amener une déontologie dans le don ». Car le risque, pointe le responsable, c’est que « les agriculteurs se fassent dépasser et qu’un circuit parallèle se crée et déstabilise les marchés ». Pour la viande, le don alimentaire pourrait s’inscrire dans les PAT (Plan Alimentaire Territoriaux) en offrant une issue à des morceaux moins demandés (équilibre carcasse), suggère Benoit Regnault. Une initiative qui ne pourrait se faire que collectivement.


Sous le signe de l’ouverture…


Il est donc temps pour la Saône-et-Loire de rattraper son retard sur ce créneau particulier qu’est le don alimentaire. Une façon de « rendre service à notre société » qui s’inscrit pleinement dans l’engagement des organisations professionnelles agricoles. D’ailleurs, le président de la Chambre d’agriculture de Saône-et-Loire annonçait l’adhésion de la structure consulaire à Solaal. Une adhésion qui collait bien à l’esprit de cette toute dernière session et qui était un peu le reflet de toute la mandature. « Une chambre d’agriculture ouverte, avec des sujets qui amènent de la réflexion, pour une agriculture innovante, de qualité, qui permette d’assurer le renouvellement des générations et restaure le lien entre l’agriculture et la société », synthétisait Bernard Lacour. Après une matinée consacrée au rôle de l’agriculture sur la bonne santé des territoires (One Health, à lire dans notre édition du 29 novembre dernier), un focus sur le don alimentaire, puis la naissance du laboratoire d’expérimentation de la ruralité (lire encadré), la chambre d’agriculture de Saône-et-Loire terminait la mandature par un éclairage sur l’avenir avec cette certitude que la proximité territoriale est indispensable.

 

Naissance d’un laboratoire de la ruralité en Saône-et-Loire

En présence du préfet de Saône-et-Loire, Yves Séguy, de la représentante du Conseil Départemental Sylvie D’Asgnanno-Michon et du député Benjamin Dirx, la chambre d’agriculture a procédé à la signature de la convention relative au laboratoire d’expérimentation de la ruralité. Ce projet est né de la problématique de la flavescence dorée en viticulture. Cette maladie qui ravage le vignoble souffre d’une difficulté à la détecter alors que pour l’heure, l’arrachage des pieds contaminés reste le meilleur moyen de lutte. Aussi, un projet d’innovation technologique a été lancé à l’échelle de la Saône-et-Loire financé par des fonds de l’État avec pour partenaires Département, chambre d’agriculture, Fredon, Vinipôle, CAVB… L’objectif est de rendre la détection beaucoup plus performante grâce aux nouvelles technologies (imagerie, géolocalisation, intelligence artificielle, drones…). Ce projet ambitieux s’inscrit dans un laboratoire d’idées départemental. Dédié à la ruralité, ce lieu d’expérimentation est très attendu et ouvre des perspectives pour les territoires.