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Préfet de Saône-et-Loire

Préfet de Saône-et-Loire : La « culture de l’intimidation » se répand

Les vœux aux médias du Préfet de Saône-et-Loire sont un rituel bien codifié. En poste depuis deux ans et demi dans notre département, Jérôme Gutton - ancien journaliste lui-même – est un fin observateur du monde de l’information, qui n’appartient d’ailleurs plus qu’aux seuls journalistes. Toute une sphère (groupe de citoyens, associations, ONG…) réussit aujourd’hui à faire l’actualité… un progrès vers plus de pluralité d’expressions qui s’accompagne aussi de nombreuses menaces.

Par Publié par Cédric Michelin
Préfet de Saône-et-Loire : La « culture de l’intimidation » se répand

Visiblement sensible aux questions d’informations, surtout des "mauvaises informations" (fake news ou infox), le Préfet de Saône-et-Loire a tenté de tirer un bilan médiatique des services de la préfecture et des services de l’Etat.
Débutant ses vœux par son profond attachement à la liberté de la presse, « la liberté tout court », le Préfet de Saône-et-Loire semblait particulièrement préoccupé par la « culture de l’intimidation dont la société est empreinte, même en Saône-et-Loire » ce qui n’était pas autant le cas avant. Et de préciser sa pensée qui englobait les mouvements sociaux des deux dernières années mais qui peut aussi s’appliquer à l’agribashing et aux menaces des « anti-agriculture », pesticides, viandes… « Cette culture de l’intimidation menace à chaque coin de rue. Ces différents mouvements ne semblent pas mesurer les menaces qu’ils font peser derrière sur l’Etat de droit, sur la République, pour la liberté », y compris d’entreprendre donc. Ils cherchent à imposer leur loi sans respecter celles de l’Etat.
Dans cette nouvelle « culture de l’intimidation », les médias n’échappent pas aux critiques et sont profondément remis en cause et sont en partie responsables de ce désordre. « Votre travail est contraint par l’évolution de votre métier », analysait Jérôme Gutton, fait de précarisation de la presse et de mutations technologiques tendant vers des chaines d’infos en continue. La base du travail de journaliste reste pourtant la même : « enquêter, analyser, décrire, raconter ». Bien conscient qu’Internet a libéralisé le marché de l’information et libéré les prises de positions, les services publics sont néanmoins obligés de rester prudents face à ce tourbillon, cette infobésité. « Nous sommes obligés de tourner sept fois notre plume dans l’encrier, vérifier et croiser les infos (gendarmes, pompiers, maires…) pour ne pas discréditer la parole de l’Etat et ne pas influencer les faits eux-mêmes ». Une frustration parfois pour des médias qui sont en concurrence et qui prennent leurs informations auprès de sources toujours plus nombreuses à vouloir s’exprimer sans forcément de légitimité, voire trop souvent minoritaires. Une diversité de point de vue qui n’a pas que des avantages. « Suite aux manifestations plus nombreuses et plus éclatées, sur les réseaux dits sociaux, on peut se rendre compte de la violence des propos en amont, notamment envers la Police », prenait-il en exemple. Une « violence » et une « culture de l’intimidation » qui se retrouvent alors repris par certains médias avides de scoops, de buzz et d’audience facile pour faire de l’argent... ou de la politique. Une dérive du système médiatique qui touche aussi le monde agricole depuis de trop nombreuses années maintenant. Un nombre grandissant d’agriculteurs, d’agricultrices, leurs familles et leurs salariés sont montrés du doigt, vilipendés en public (y compris sur des chaines TV publiques) et menacés. Des anti-spécistes insultent les éleveurs de « nazis ». Des ONG et syndicats traitent régulièrement les agriculteurs de pollueurs.
Au printemps, le projet de ZNT va d’ailleurs constituer un nouveau test, une nouvelle montée en puissance des tensions, particulièrement en local. Pour l’heure, la République et les parlementaires semblent incapables de trouver des solutions. Le projet de loi Avia – notamment contre les propos haineux en ligne – est toujours en débat.