La FNSEA, l’Ania et Coop de France identifient les leviers de compétitivité
Annoncé par le Gouvernement en juin 2019 avec l’objectif d’atteindre le plein emploi d’ici 2025, le Pacte productif entend accroître la part de PIB de l’industrie et de l’agriculture pour atteindre 15 % en 2025 et 20 % en 2030. Pour y contribuer, la FNSEA, l’Ania et Coop de France ont présenté le 1er octobre leurs préconisations pour une politique économique forte en faveur de l’activité agricole et industrielle.

Coût du travail, attractivité des métiers, relations commerciales, leviers d’investissements... Les sujets travaillés par la FNSEA, l’Ania (Association nationale des industries alimentaires) et Coop de France dans le cadre du Pacte productif 2025 englobent l’ensemble des problématiques qui se posent à la filière en matière de compétitivité. « Ce n’est pas une alliance de circonstances, nous avons besoin de rentabilité à chaque étage de notre secteur », a insisté Christiane Lambert, présidente de la FNSEA. Car si les Etats généraux de l’alimentation ont posé quelques jalons, pour Richard Girardot, président de l’Ania, « deux domaines n’ont pas été abordés. La valeur, d’abord : comme l’illustre bien la campagne actuelle de Carrefour, la dévalorisation de notre alimentation est à son maximum dans un contexte de foodbashing et d’agribashing. Et deuxième point, l’emploi », explique l’ancien PDG de Nestlé qui déplore l’impact de la lourdeur administrative française sur ce sujet. « La compétitivité intrinsèque de nos métiers a été oubliée », renchérit Dominique Chargé, président de Coop de France.
Compétitivité coût, investissements et emploi
Pour impulser un rebond indispensable à l’agriculture française et aux industries agroalimentaires, les trois organisations présentent des réponses sur trois axes.
Le premier est celui de la compétitivité coût, avec plusieurs préconisations : mettre fin aux distorsions de concurrence et aux surtranspositions franco-françaises, ce qui passe par l’application de l’article 44 de la loi Egalim, l’amélioration de l’information du consommateur sur l’origine des produits, ou encore la mise en place d’études d’impacts économiques avant l’adoption de toute nouvelle norme.
Deuxième axe, la facilitation des investissements. Avec par exemple des poulaillers de 20 ans d’âge moyen, des pulvérisateurs qui ont en général plus de dix ans, une dynamique d’investissement est nécessaire pour améliorer la rentabilité des exploitations et, plus globalement, de la filière. Car en raison d’une rentabilité trop faible, les investissements sont moins importants dans le secteur alimentaire que dans les autres secteurs industriels, avec 17 % contre 21 %. Un retard à l’investissement qui se traduit par un retard sur l’innovation, explique Dominique Chargé, notamment sur des axes aujourd’hui moteurs comme la digitalisation, la robotisation ou l’environnement. Les organisations demandent donc l’abaissement du seuil d’accès aux financements publics, et la simplification des démarches administratives, en particulier pour les TPE et PME qui constituent l’essentiel des entreprises du secteur. Le déficit d’investissement est également problématique en ce qui concerne les infrastructures de transports, en particulier dans le ferroviaire et le fluvial, des modes de transports compétitifs et plus en phase avec les attentes environnementales.
Dernier axe, celui de l’emploi, car en dépit du potentiel d’emploi important de la filière, l’agro-alimentaire peine à recruter : 21.000 emplois n’ont pas été pourvus en 2018, 17.000 en 2017... Un travail sur l’attractivité des métiers semble indispensable, tout comme des ajustements spécifiques à la filière : pérenniser la dégressivité de l’allègement de charges patronales pour les employeurs de travailleurs saisonniers et l’amplifier à 1,25 SMIC, amplifier l’allègement de charges patronales pour les salaires compris entre 1,2 et 1,6 SMIC, faciliter l’intégration des travailleurs étrangers et migrants pour pallier les difficultés de recrutement (accompagner à la mobilité, au logement, à la formation professionnelle et à la formation linguistique), décloisonner l’accès aux dispositifs présents sur les territoires en faveur de l’insertion vers l’emploi.
D’autres propositions sont listées dans le Pacte productif rédigé par les trois organisations qui entendent bien les faire vivre également en région et dans les territoires, en les portant auprès des élus, insiste Christiane Lambert.