Traitements des vignes
Les trous dans la raquette dus à la pluie

Françoise Thomas
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Chaque année, la chambre d’agriculture interroge les viticulteurs sur les traitements effectués sur leurs parcelles au cours de la saison passée. Des données toujours intéressantes à connaître surtout après une année comme 2021.

 

Les trous dans la raquette dus à la pluie

L’année 2021 a été une année très particulière pour les vignobles de Saône-et-Loire. Après un gel historique début avril qui a durement affecté les bourgeons naissants et impacté la récolte à venir, la vigne a dû faire face à un printemps froid et à un début d’été particulièrement pluvieux. Aucune grande vague de chaleur n’est venue marquer juillet et août contrairement aux trois dernières années et des secteurs ont en plus eu à subir des épisodes de grêles dévastateurs…

À l’issue de cette période tant marquée par la météo, on aurait été en droit d’imaginer une campagne de traitements plus importante qu’habituellement. « Or les chiffres ne sont pas si élevés que cela, souligne Florent Bidaut, et les conditions météo compliquées ont paradoxalement limité le développement des maladies » (voir encadré). En effet, la petite note positive est que ce début de campagne plus frais a décalé dans le temps la pousse et la repousse de la vigne et a induit un début d’attaque des maladies plus tardif, et « plus c’est tardif moins c’est impactant ».

Cependant, le responsable d’expérimentation à Vinipôle Sud Bourgogne tempère malgré tout son propos en spécifiant que « pour certains secteurs, les pertes dues aux maladies se sont cumulées aux pertes dues à la météo », donc n’auront pas été négligeables au final.

La participation des viticulteurs à l’enquête de fin de campagne reste sur la base du volontariat et du déclaratif, mais permet malgré tout d’avoir un aperçu de ce qui s’est passé dans les vignes.

Ainsi il ressort notamment que ce qui a surtout joué sur la fréquence des traitements, ce n’est pas tant le type d’itinéraire suivi par les viticulteurs, entre bio ou conventionnel, que « les conditions d’accès aux parcelles et le délai d’intervention ou la réactivité ».

Véraison tardive

« Par endroits, la forte voire, très forte, pression maladie, que ce soit mildiou ou oïdium, est plus due à un trou dans la protection, à cause du lessivage dû à la pluie ou de parcelles rendues inaccessibles, qu’à un type de conduite technique », spécifie ainsi Florent Bidaut.

Ce qui est à noter aussi c’est que « l’oïdium s’est développé jusque tard en saison, explique l’ingénieur viticole. Normalement son développement est bloqué par les fortes températures et la véraison de la grappe ». Or cet été, il n’a jamais fait vraiment chaud et la véraison a été très tardive…

Du côté des conduites en bio, il ne ressort pas de l’enquête un recours au cuivre beaucoup plus important que les autres années, et là encore « c’est le positionnement du traitement qui a été important ».

Les problèmes d’aoûtement constatés vont impacter la phase de taille des vignes : « le mauvais aoûtement implique des problèmes de mise en réserve suffisante pour le redémarrage », une inquiétude d’autant plus marquée pour les pieds ayant été grêlés…

Enfin, ce qu’il convient de surveiller de près et va faire l’objet de réunions d’information et de sensibilisation dès la semaine prochaine, c’est l’augmentation significative et donc inquiétante des expressions de jaunisse et plus particulièrement de la flavescence dorée.

Premiers éléments

Les chiffres annoncés ici sont ceux issus d’un peu moins d’une centaine de retours à l’enquête.

Il en ressort, comme moyenne IFT (hors herbicide et tous modes de productions confondus), 15,5 (contre 12,7 en 2020 et 15,1 en 2019).

Pour ce qui est de l’IFT biocontrôle (tous modes de productions confondus), on note un recours à ce type de produits en nette progression avec une moyenne de 4,4 (elle était de 3,4 en 2020 et 2,19 en 2019).

Le nombre de passages est d’environ 9 en conventionnel et d’environ 12 en conduite bio.

Enfin, l’analyse des données de l’enquête ne se base pour l’instant que sur moins d’une dizaine d’exploitations en bio, mais celle-ci montre malgré tout un déclaratif de recours au cuivre limité à 4,2 kg.