Conseil départemental de Saône-et-Loire
Quelle politique agricole pour le Département en 2024 ?

Ariane Tilve
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Les problèmes de succession, l’isolement, les conséquences du changement climatique, les lourdeurs administratives sont autant de difficultés qui entachent le bien-être des agriculteurs. Dans ce contexte, et avec les contraintes qu’impose la loi NOTRe, le Département veut continuer à soutenir, valoriser et promouvoir le monde agricole de Saône-et-Loire.

Quelle politique agricole pour le Département en 2024 ?

À l’occasion de l’assemblée Départementale, qui s’est tenue les 20 et 21 décembre à Mâcon, le vice-président du conseil Départemental en charge de l’Agriculture, Frédéric Brochot, a présenté le budget prévisionnel 2024 de la politique agricole de Saône-et-Loire qui s’élève à plus de deux millions d’euros en fonctionnement et plus d’un million et demi en crédit de paiement en investissement, soit près de 3,8 millions d’euros. « Notre politique agricole se décline en quatre axes : promouvoir la production, avec notamment la plateforme Agrilocal* et des opérations de promotion de nos AOP qui se poursuivront dans les collèges ; l’adaptation au changement climatique avec des projets significatifs en faveur de la viticulture avec la complantation, la lutte contre la flavescence dorée et le bois noir ou encore notre partenariat avec le Vinipôle. Malheureusement, nous ne reconduirons pas le dispositif d’aide aux récupérateurs d’eau en raison de l’application stricte de la loi NOTRe, dispositif départemental qui aura tout de même permis de soutenir 391 projets pour un montant total de 4,3 millions d’euros. Soutenir l’agriculture, c’est aussi défendre l’attractivité du territoire. Le Département veut notamment renouveler l’opération de 2023 au prochain Salon de l’Agriculture avec un stand encore plus imposant. Enfin, soutenir l’agriculture, c’est aussi soutenir nos agriculteurs en matière de solidarité et de santé. Nous retiendrons l’aide personnalisée aux agriculteurs en difficulté, l’accompagnement des agriculteurs isolés, et notre conventionnement avec le service de remplacement, indispensable pour permettre aux exploitants de faire face à des imprévus ou des nécessités de s’absenter pour des imprévus », a déclaré Frédéric Brochot.

Agriculture et adaptation au changement climatique

Les thèmes de l’adaptation au changement climatique et de l’agriculture sont intrinsèquement liés et cela se reflète dans les décisions du Département qui travaille en concertation avec la chambre d’Agriculture de Saône-et-Loire, mais aussi d’autres acteurs du monde agricole, dont la FDSEA 71. La Saône-et-Loire accompagne les agriculteurs dans plusieurs démarches, dont le contrat de prestations de services environnementaux, la Haute valeur environnementale (HVE) ou encore l’adaptation aux écorégimes de la nouvelle Pac. La Cuma 71, par exemple, accompagne la transition écologique par le biais de démonstrations de matériels et est soutenue dans ses activités de valorisation des bois des haies, notamment en litière animale ou pour faire des plaquettes bois pour les chauffages collectifs. Le Département participe d’ailleurs à des projets d’investissement dans du matériel en faveur de la transition écologique et énergétique, dont des projets de méthanisation et de hangars photovoltaïques dans l’Autunois, la Bresse et le Brionnais. Elle est également partenaire de certains programmes de la ferme expérimentale, Ferm’Inov de Jalogny qui œuvre à l’innovation en termes d’adaptation au changement climatique. Catherine Amiot, vice-présidente du conseil Départemental en charge de la Transition écologique, martèle que le Département veut « contribuer à limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C, tout en se préparant au scénario du pire, avec une hausse de 4 °C en moyenne sur notre territoire. […] Les efforts du Département ne faibliront pas avec un budget de 5,5 millions d’euros ». « Faux, lui rétorque le député Jean-Christophe Descieux qui calcule pour sa part une baisse de 19 % de l’enveloppe consacrée à la politique environnementale ».

Transition agroécologique des productions végétales

Dans le cadre d’un plan Eau, depuis 2020, un dispositif départemental d’aide aux agriculteurs, permet de les accompagner à adopter des pratiques plus économes, en finançant les équipements permettant de récupérer et acheminer l’eau de pluie pour l’ensemble des usages liés à l’agriculture. Au 30 juin 2023, date de fermeture du dispositif, le Département a soutenu, à hauteur de 80 %, 391 projets pour un montant de plus de quatre millions d’euros, comme le rappelle Jean-Claude Bécousse, conseiller Départemental délégué à l’eau : « les objectifs du plan eau sont de maintenir et renforcer la capacité collective des territoires à préserver l’eau. Dans ce cadre, le Département met l’accent sur deux points : la recherche de nouvelles ressources, comme c’est le cas notamment dans le Chalonnais et le Brionnais, et l’interconnexion de ces réseaux ».

Changement climatique et vignoble

Depuis 2021, un dispositif d’aide, afin de limiter le dépérissement du potentiel viticole, a été adopté pour cinq ans avec une enveloppe initiale de 250.000 €, à la replantation ou complantation de ceps de vignes adaptés aux nouvelles conditions pédoclimatiques. Des vignes arrachées pour cause de maladie telles que la flavescence dorée ou la maladie du bois noir, mais aussi en raison d’accidents climatiques reconnus officiellement. Au 30 juin 2023, le Département a soutenu, à hauteur de 30 % et dans la limite de 2.500 € par an, 123 projets pour un total de 222.877 €. Insuffisant pour certains, un complément d’enveloppe de 250.000 € est prévu dans le budget 2024, afin de poursuivre les aides.

Agir pour la solidarité et la santé

L’aide personnalisée aux agriculteurs en difficulté devrait être maintenue, sachant qu’une centaine de dossiers ont été traités en 2022, via le dispositif de la chambre d’Agriculture Agri-solidarité et le dispositif Solidarité paysans. Le Groupement de défense sanitaire (GDS) participe également à cet accompagnement au travers de ses visites et de ses alertes en lien avec l’état sanitaire des exploitations. Il permet la centralisation des signalements et l’information des partenaires.

Service de remplacement

Permettre aux agriculteurs de pouvoir être remplacés sur une exploitation notamment en cas de longue maladie, d’enfants malades, de décès dans la famille. Afin d’avoir des moments de répit, l’action du Service de remplacement et de ses comités locaux demeure indispensable pour le monde agricole et le Département souhaite poursuivre son conventionnement avec cette association. En effet, le nombre de journées de remplacement s’est élevé en 2022 à 11.123 pour 1.624 adhérents soit une augmentation de plus de 33 % par rapport à 2021.

*Le chiffre d’affaires de la plateforme a augmenté de 328 % entre 2019 et 2022 pour atteindre les 363.491 €, fin 2022, et dépasser les 500.000 € en octobre 2023.

Le PAT, Projet alimentaire territorial

La labellisation d’un Projet alimentaire territorial (PAT) « en émergence » par le ministère de l’Agriculture, est accompagnée d’un soutien financier de 100.000 € du Département, sur une période de trois ans. L’objectif du PAT est de s’appuyer sur la restauration collective publique pour mieux structurer les filières alimentaires locales. Objectifs pour 2024 : Faciliter le renouvellement des générations et la diversification sur des productions résilientes ; utiliser l’approvisionnement local de la restauration collective ; faciliter l’accès au bien manger pour tous ; développer et rémunérer les pratiques agricoles résilientes.