Conseil départemental de Saône-et-Loire
Embarquez tout le monde avec la science

Cédric Michelin
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Le 2 février à Saint-Sernin-du-Bois, c’est une assemblée Départementale « exceptionnelle » qui s’est tenue sur le thème de l’environnement, avec un invité renommé en la personne de François Gemenne, co-auteur du dernier rapport du GIEC (groupement scientifique).

Embarquez tout le monde avec la science
L'après-midi, les élus du Département travaillaient sur une Fresque du Climat, jeu-sérieux qui permet de comprendre les liens de cause à effet, pour ensuite prendre des décisions face au changement climatique.

Le chercheur à l’Université de Liège en Belgique n’a pas mâché ses mots devant les élus du conseil Départemental, quitte à tordre le cou à deux-trois idées reçues (lire dans notre prochaine édition), y compris de certains conseillers. Avant de lui donner la parole, le président du Département, André Accary rappelait que le changement climatique se manifeste déjà en Saône-et-Loire avec des sécheresses plus prononcées, des épisodes violents de grêles (secteur Charollais en 2022), le gel dévastateur sur les cultures en 2021 ou encore les excès d’eau en val de Saône (été 2021), sans oublier aussi la hausse des risques côtés ravageurs, maladies sanitaires… Toujours avec son confrère de Gironde avec qui il avait remis un rapport sur les incendies et feux de forêts, André Accary va mener un nouveau rapport national sur les « catastrophes naturelles », qui sera certainement encore salué par le Président de la République. « Tout le monde doit agir, chacun à son échelle, pour la préservation du climat et de la biodiversité », exhortait-il.

Collectivités territoriales en tête comme le fait le Département avec son plan Environnement 2020-2030 et l’adoption « de moyens financiers conséquents ». Vice-présidente en charge de l’Environnement, Catherine Amiot justifiait cette nécessaire pédagogie du jour sur les conséquences du changement climatique qui est « complexe, mais le préalable à l’action bien dirigé et efficace ». Voulant casser les « silos » et ne pas être seule à avoir la charge de ce dossier transversal en réalité, « il faut mettre tout le monde au même niveau de connaissance et de conscience, littéralement avec la science », voulant dépasser les clivages politiques et « dépolitiser » le sujet qui n’appartient à aucun parti.

+4°C attendues en France

Sur les bases scientifiques issues des 4.000 pages du dernier rapport du Giec, un de ses rapporteurs, François Gemenne ne cachait pas « l’inertie » des émissions de gaz à effet de serre (GES) à l’origine du réchauffement planétaire. « Il s’écoule au moins une génération entre leurs émissions et leurs effets », ne cherchant pas à rejeter la faute, mais pour mieux comprendre ce problème « intergénérationnel ». Reste les actions d’aujourd’hui n’auront d’effets que dans plusieurs décennies. C’est pourquoi « des records de températures année après année » vont déboucher à une hausse des températures moyennes annuelles de +4 °C attendues en France d’ici la fin du siècle. L’été 2022 « n’aura rien d’exceptionnel » et pourrait même paraître « particulièrement frais à 40 °C que quelques jours ».

Impossible de revenir à la « normale » prévenait-il « de notre vivant ». « Il faudra attendre un siècle, mais la bonne nouvelle est que nos actions actuelles détermineront la hausse future et c’est là que tout va se jouer », motivait-il. Chaque degré compte et il faisait alors une métaphore sur l’être humain qui voit sa température corporelle « passer à 38 °C où on ne se sent pas bien, à 39, on reste chez soi, à 40 vous appelez un médecin, à 41 degrés vous partez à l’Hôpital ». D’où l’importance de faire « baisser la fièvre » même de quelques dixièmes de degré.

Le politologue réclamait donc d’arrêter de poser la question des émissions ou réductions des GES de façon « binaire », apanage des climatosceptiques aux collapsologues. Ces derniers ne font qu’alimenter la peur, la colère et la désespérance dans les populations, n’entretenant au final que jalousie et rancœur « envers son voisin », entendu ici aussi pour les entreprises et entre pays. « Nous trouverons mille et une raisons dans notre quotidien pour nous dire que notre action est insignifiante. Ce n’est pas le cas ! », motivait-il en guise d’espoir. « Tout ce que nous allons faire va avoir une énorme différence », concluait-il sa première partie.