Souveraineté alimentaire
Quand pourrons-nous enfin produire en France ?

Cédric Michelin
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Le 3 février, la FNSEA a appelé « tout son réseau à se mobiliser à partir du 8 février à Paris et jusqu’au 20 février dans toute la France ». Le mot d’ordre des actions syndicales qui seront menées est « la souveraineté alimentaire » qui concentre toutes les difficultés que traverse actuellement l’agriculture. La FNSEA justifie ces actions par le fait que le secteur agricole est notamment en « première ligne face à une succession de crises (climatique, sanitaire, géopolitique et énergétique) » et qu’il est « en butte à des contraintes réglementaires de tous ordres qui freinent les projets innovants dans les territoires (irrigation, bâtiments d’élevages…) ». Autant de dossiers auxquels s’ajoutent les négociations commerciales avec la grande distribution, les importations massives de produits « moins disant, issus, ou non, d’accords de libres-échanges inéquitables et pénalisants ». C’est ce ras-le-bol que les agriculteurs de la FNSEA veulent exprimer au cours des prochains jours, « pour la défense de toutes les agricultures et de leurs moyens de production ». En Saône-et-Loire, des actions sont en préparation. Voici une tribune de Jérôme Despey, Secrétaire Général de la FNSEA.

Quand pourrons-nous enfin produire en France ?

« Confier notre alimentation à autrui serait folie », disait le Président de la République au lendemain de l’annonce du confinement en mars 2020, remettant au cœur des priorités nationales la souveraineté alimentaire, jusqu’à l’inscrire dans l’intitulé du Ministère de l’Agriculture.

La FNSEA a totalement souscrit à cette ambition. Or, depuis cette date, nous ne comptons plus les décisions prises qui vont à l’encontre de cet objectif. D’injonctions contradictoires en décisions hâtives, de contre-vérités en stigmatisations, d’explosion des charges en accumulation de réglementations, partout en France, dans toutes les productions, dans tous les territoires et les terroirs, les agricultrices et agriculteurs accumulent depuis des mois les contraintes, les délais, les revers concernant l’accès aux moyens de production.

Faute de solutions pour faire face aux menaces sanitaires, certaines cultures ont déjà pratiquement disparu de notre territoire. Qui emboitera le pas à la très emblématique filière cerise ? La betterave à sucre ? L’endive ? À moins que ce ne soit la viande française qui disparaisse en premier des rayons et des menus, la production ayant été décimée par la prédation, par l’absence de protection des dénominations « viande » ou par des importations massives qui ne respectent pas nos standards, sous couvert ou non d’accords de libre-échange. Et que dire de la sanctuarisation par une poignée d’activistes de la ressource en eau, ou de la terre (ou même de l’air) qui nous laisse démunis…

Les distributeurs s’obstinent à brader nos produits… Voilà maintenant que les Pouvoirs Publics les y encouragent en faisant miroiter aux consommateurs un panier anti-inflation, qui n’est pas autre chose qu’une violente marque de mépris vis-à-vis de notre revenu pour lequel nous nous battons sans relâche depuis des décennies !

Alors qu’il faudrait produire et vendre sur notre sol, tout ce que nous récoltons actuellement, c’est la délocalisation et la décapitalisation !

C’est trop ! C’est intolérable ! Au jeu de la souveraineté alimentaire, les agriculteurs ne peuvent pas indéfiniment faire mauvaise pioche ! Le Gouvernement pense-t-il sérieusement pouvoir assurer une alimentation sûre, saine et durable aux Français en liquidant l’agriculture française ?

La FNSEA dit non, et avec son réseau, elle frappe un grand coup sur la table : agricultrices, agriculteurs, mais aussi vous tous, Français, citoyens et consommateurs, mobilisons-nous ! Mobilisons-nous comme nous le faisons dans les territoires depuis début janvier, comme nous le faisons à Paris le 8 février à l’appel du Grand Bassin Parisien et de la CGB (Confédération Générale des Betteraviers), et comme nous le ferons jusqu’au Salon International de l’Agriculture…

Jusqu’à ce que, enfin, nous obtenions les réponses et les engagements qui nous permettront d’être les acteurs de plein droit et de plein exercice de la souveraineté alimentaire !

Nous comptons sur vous !