Concours général charolais
Juline et Néroli champions du concours général à Paris !

Marc Labille
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La Saône-et-Loire est la grande gagnante du concours général de la race charolaise. Ce sont en effet un taureau de Vendenesse-sur-Arroux et une vache et de Chalmoux qui sont les champions de Paris 2022. 

Juline et Néroli champions du concours général à Paris !
Néroli du Gaec de la Condemine et Juline du Gaec de Maublanc : les deux champions saône-et-loiriens sur le podium du concours général charolais 2022.

Ce salon de l’agriculture sera à marquer d’une pierre blanche pour la Saône-et-Loire. Privés de concours général en 2021 à cause du Covid, les éleveurs charolais se sont retrouvés à Paris en grande forme. Ce n’est en effet pas si fréquent qu’un même département remporte les deux titres de champions mâle et femelle à Paris. La Saône-et-Loire l’a fait avec Juline, appartenant au Gaec de Maublanc de Chalmoux et Néroli appartenant au Gaec de la Condemine à Vendenesse-sur-Arroux. Ce doublé s’était déjà produit en 2016 avec Déesse (Gaec Vincent père et fille) et Hatenon (SCEA Pichard/Gaec Deboux). Mais le taureau était une copropriété avec un élevage de la Nièvre. Cette fois, ce sont deux charolais 100 % saône-et-Loiriens qui se sont retrouvés sur le plus prestigieux des podiums. Et par là même, deux élevages qui montaient à Paris pour la toute première fois avec l’un de leurs animaux.

Cette double victoire est un joli symbole pour la sélection charolaise. Les deux élevages ont des histoires récentes dans ce monde réputé difficile. Comme quoi la race évolue constamment et sait renouveler ses talents. L’autre leçon de ce concours cher à la Saône-et-Loire, c’est de voir gagner un taureau salué pour sa finesse de viande : « un animal conforme avec les orientations raciales », appréciait le président du Herd-Book Sébastien Cluzel. En la matière, la championne Juline ne déméritait pas non plus avec « un arrondi, une puissance de dos et un grain remarquables », décrivaient les juges. Cerise sur le gâteau, les deux géniteurs produisent bien. Juline pouvait en témoigner suitée d’un magnifique veau, fils de Mirador. Quant à Néroli, un de ses fils venait de naître à Vendenesse le matin même et de l’aveu de ses propriétaires, « les vêlages se passent très bien ; les veaux de Néroli sont reconnaissables et en prime, ils sont gentils ! ».

Palmarès Saône-et-Loire

Championne femelle : Juline, Gaec de Maublanc, Chalmoux.

Champion mâle : Néroli, Gaec de la Condemine, Vendenesse-sur-Arroux.

Premiers prix : Ravissant, copropriété Gaec Vannier, La Chapelle-au-Mans/Gaec Lacour père et fils, Saint-Vincent-des-Prés/élevage Barré D et R (08) ; Néroli, Gaec de la Condemine, Vendenesse-sur-Arroux ; Juline, Gaec de Maublanc, Chalmoux.

Deuxième prix : Montblanc, Gaec Vannier, La Chapelle-au-Mans ; Laïka, Didier Métrop, Grandvaux.

Troisième prix : Palestine, Gaec Lamarre Benoit et Laëtitia, Reclesne.

Une sacrée surprise pour la famille Chambosse

Une sacrée surprise pour la famille Chambosse

Ce prix de championnat mâle avec Néroli est une vraie surprise pour les associés du Gaec de la Condemine (lire notre édition du 25 février dernier en pages 9 et 10). En dépit des qualités évidentes de leur taureau, à la veille du Concours général, Christine, Bernard et Bruno Chambosse ne s’imaginaient pas obtenir un premier prix et encore moins terminer champions ! Il faut dire que Néroli s’est retrouvé dans une spectaculaire section de sept taureaux, tous aussi impressionnants les uns que les autres. Les derniers jours avant le show ont été très éprouvants pour les associés qui n’en ont guère dormi alors que le taureau était déjà sur place pris en charge par Frédéric, le fils de Christine et Bernard. Restée à Vendenesse pour veiller sur le cheptel, Christine n’a même pas pu assister à l’intégralité du concours qu’elle tentait de suivre tant bien que mal sur internet. En effet, au même moment que Néroli entrait sur le ring, deux vêlages survenaient à la ferme et un fils de Néroli naissait à cinq heures du matin ! Autant dire que ce titre de champion est une sacrée consécration pour la famille Chambosse. « Une récompense pour tout le travail que nous avons accompli depuis des années », confie Christine. Avec leur taureau champion de 1.641 kg, Bruno et Bernard ne sont pas passés inaperçus à Paris ! « Des personnalités, de nombreux éleveurs nous ont félicités. Et nous avons même été filmés par des chaînes de télévision », rapporte Christine.

 

Gaec de Maublanc : « le graal » pour Juline !

Gaec de Maublanc : « le graal » pour Juline !

Première participation et d’emblée le podium pour le Gaec de Maublanc aussi. Décidément, les élevages de l’ouest charolais ont créé la surprise cette année. Le Gaec de Maublanc compte quatre associés : Alain, Patrick, Joël et Stéphane Deroche. Ensemble, ils sont à la tête de 550 hectares avec un cheptel de 300 charolaises avec engraissement des produits sur Chalmoux et Mont. L’historique du Gaec remonte aux années soixante quand le grand-père de Stéphane s’installait à Maublanc. Ses fils se sont lancés dans l’inscription du troupeau au début des années 90, misant à l’époque sur la génétique d’insémination pour « développer les qualités maternelles et le format des animaux ». La première sortie d’une femelle fut à Autun dans une présentation de génétique. Dans les années 2000, les frères Deroche ont multiplié les sorties de lots d’adultes au concours de Gueugnon et dans les années 2010, le Gaec, rejoint par Stéphane, s’est mis à concourir aussi à Luzy, Charolles et Moulin avec des mâles et des femelles. Il décrochait son tout premier grand prix d’honneur en 2013 avec le taureau Eros. En 2015, c’était cette fois le grand prix d’honneur de Charolles avec Gascon doublé du prix d’honneur junior femelle avec Jupette. Cette dernière a valu à la famille Deroche un triple grand prix d’honneur à Gueugnon en 2016, 2017, 2018. Juline lui succédait en 2019 avant de décrocher le super prix d’honneur à Moulins. Cette remarquable ascension aurait pu se prolonger à Paris dès 2021, mais faute de salon, la famille Deroche a dû attendre un an avant d’engager Juline pour leur première participation victorieuse au concours général. Juline est une fille de Gascon (origine Langillier) et d’Amélia, une vache issue de l’élevage de Gilbert Mulot. Agée de 8 ans, cette vache puissante, racée et élégante pesait 1.170 kg à Paris où elle était suitée d’un fils de Mirador, prix d’honneur au concours de Moulins en novembre dernier. 

« Une petite fierté »

S’ils ne mesurent pas encore les retombées d’une telle consécration pour leur élevage, les membres de la famille Deroche savourent déjà l’impact d’une telle récompense pour eux-mêmes. « Nous sommes tous très heureux. Cela nous remobilise », confiait Stéphane. Avouant son goût pour la compétition, le jeune éleveur témoigne de la passion qui habite chacun de ses associés. Une passion indissociable du souci des performances économiques dans l’élevage avec la satisfaction ultime de faire partager ce progrès génétique aux autres. Cette première montée à Paris n’aura pas été sans stress pour le Gaec. De la préparation de l’animal au séjour à Paris sans oublier le transport de 2X4 heures, ce graal a un prix, reconnait Stéphane qui était content de retrouver l’ambiance de sa stabulation après l’agitation parisienne.