Service de remplacement
Les agriculteurs en quête de main-d’œuvre

Françoise Thomas
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Le service de remplacement de Génelard est en plein recrutement. Une personne est sur les rangs et fera très certainement l’affaire, mais ce ne fut pas sans mal pour les membres du bureau qui constatent de plus en plus de difficultés pour attirer des candidats… Un problème général.

Les agriculteurs en quête de main-d’œuvre
Six des dix membres du bureau du SR de Génelard : Myriam Vaizand (Saint-Germain-en-Brionnais), Mylène Amour (Martigny-le-Comte), Colette Cognard (Saint-Vincent-Bragny), Claire Pellenard (Chassy), Marie-Pierre Martin (Saint-Berain-sous-Sanvignes) et Séverine Gouron (Grury).

Il est de plus en plus compliqué de recruter pour le service de remplacement Génelard… une situation globalement partagée par les 17 autres antennes locales départementales du SR. « Les annonces font état de postes en CDD ou CDI, de temps plein ou de temps partiel », précise l’animatrice départementale Mathilde Ravaud. En résumé, de quoi, pour les candidats, choisir leur poste en fonction de leurs disponibilités.

Sur le profil des SR départementaux, celui de Génelard est particulier : selon les secteurs, les exploitations concernées sont plus axées bovins lait ou bovins viande. Celui de Génelard, un temps rattaché au SR de Paray-le-Monial, est le seul spécialisé caprin/volaille.

« Au moment de sa création en 1983, il avait même été baptisé le service de remplacement féminin », rappelle Marie-Pierre Martin, l’actuelle présidente. Un SR à la dénomination alors unique en France. Ceci parce qu’il a été fondé par un petit groupe d’agricultrices, éleveuses de chèvre avec transformation fromagère, en quête de main-d’œuvre susceptible de les remplacer, ponctuellement ou pour des durées plus importantes, sur leurs activités spécifiques de traite des chèvres, de fabrication de fromages, tenue de marché et vente directe, etc. Colette Perrot fut la première salariée avant de s’installer elle-même en 1986 et d’en assurer la présidence pendant plus de 20 ans à partir de 1991. Même seule salariée, elle n’avait pas un poste à temps plein à l’époque : « les exploitations n’étaient pas aussi importantes que maintenant », souligne-t-elle.

Des femmes remplaçant des femmes

Activités requérant une certaine dose de délicatesse, ces agricultrices étaient donc plus en quête de personnel féminin. Puis il s’est avéré qu’il y avait également des hommes dans l’élevage caprin et avicole et que cette dénomination était discriminante. Le service est devenu Service de remplacement Génelard au début des années 2000.

Au plus fort de son activité, ce SR a embauché jusqu’à huit salariés. « Une année, nous avons eu à faire face à plusieurs congés maternité en même temps », se rappelle Colette Perrot. Aujourd’hui, elles sont trois salariées et peut-être bientôt quatre. Il y a en tout cas la place pour.

Ils sont une cinquantaine d’éleveurs adhérents, « douze font appel régulièrement au service, les autres, c’est plus "au cas où" », soulignent les membres du bureau.

D’années en années, le rayon d’action s’est, lui aussi, agrandi et atteint désormais une quarantaine de kilomètres autour de Génelard. « Du fait de notre activité, nous sommes un SR qui fonctionne beaucoup en demi-journées ».

Et d’années en années aussi, les profils des candidats deviennent de plus en plus éloignés du secteur agricole. « On reçoit toutes celles et ceux qui veulent bien se présenter », constatent un brin dépitées les agricultrices du secteur de Génelard.

Déficit d’image

Les problèmes de recrutement ne sont pas nouveaux. « Par le passé, nous avons beaucoup fonctionné par le bouche-à-oreille et nous arrivions toujours à trouver quelqu’un », relate Colette Perrot. Mais, « ici comme ailleurs, nous avons de vraies difficultés de recrutement », constate Séverine Gauron la responsable travail du SR Génelard.

Et en effet, ce qui se constate au niveau local, se confirme à tous les autres niveaux : départemental, régional et même national. Le service de remplacement en général souffre d’une mauvaise réputation. « Lors de la fête des JA de Bourbon-Lancy en septembre dernier, relate Mathilde Ravaud, nous avons rencontré les élèves des lycées agricoles du secteur. Nous leur avons clairement demandé ce qu’ils pensaient du SR et leurs réponses ont été aussi très claires : ils ont une très mauvaise image du service de remplacement », synonyme pour beaucoup des tâches les plus ingrates à réaliser sur l’exploitation.

Si une prise de recul et une analyse de la situation s’avèrent nécessaires à faire de la part des agriculteurs, il serait faux également de ne résumer le service de remplacement qu’à cela.

D’où différentes actions en réflexion pour séduire les jeunes et surtout faire connaître le service auprès d’eux. « Dans un autre département, ils organisent des rencontres avec les lycéens autour d’un café pendant leurs pauses entre les cours, c’est une bonne initiative dont on pourrait s’inspirer », présente l’animatrice départementale.

L’expérience tentée par le SR de Charolles pourrait également donner des idées à d’autres : depuis quelques semaines, deux lycéens travaillent uniquement les week-ends. Un job étudiant version agricole qui leur permet de gagner de l’argent tout en découvrant partiellement le remplacement.

Enfin, des vidéos de témoignages d’agents de remplacement seraient aussi envisagées pour offrir d’autres points de vue et témoigner de l’intérêt de cette fonction.

En mai prochain, la question sera très certainement largement abordée lors du congrès national du Service de remplacement qui fête cette année ses 50 ans.