EXCLU WEB / L’inflation pèse sur les viandes limousines sous label

Les volumes commercialisés de viandes limousines sous signes officiels (bœuf, veau, porc) ont subi un coup d’arrêt en 2022. Les éleveurs veulent réagir en convaincant professionnels et grand public de l’intérêt d’acheter des viandes françaises de qualité.

EXCLU WEB / L’inflation pèse sur les viandes limousines sous label

L’année 2022 s’est achevée en demi-teinte pour Limousin Promotion, l’organisme de défense et de gestion qui pilote -entre autres- les filières viandes de race limousine garanties par un Label Rouge ou une IGP. Après une période très favorable, notamment liée à la crise Covid et aux campagnes de promotion du Label Rouge menées par l’interprofession Interbev, « le contexte inflationniste a pesé sur notre marché l’année dernière », a jugé le directeur de l’association Jean-Marc Escure, lors d’une récente conférence de presse. Espèce phare portée par Limousin Promotion, le bœuf limousin a résisté à la baisse de la consommation avec 7 400 tonnes, soit une légère progression des volumes (+2,7 %) par rapport à 2021. « Ce chiffre masque cependant une forte dégradation par rapport aux croissances à deux chiffres que nous connaissions ces dernières années », tempère Jean-Marc Escure. « En outre, le dernier trimestre 2022 montre bien une baisse par rapport à celui de 2021 ».

Si la filière bœuf a jugulé jusqu’à présent les conséquences de l’inflation, ce n’est pas le cas des autres filières. Les volumes commercialisés de Limousin junior (jeunes animaux) sont en baisse de 4 %, ceux de veau du Limousin élevé sous la mère de 10,5 %, ceux de veau sous la mère et de veau rosé de 10,5 %. Les porcs du Limousin s’en sortent un peu mieux à 3,5 %, tandis que les ventes d’agneau du Limousin plongent de 16,5 %. « En veau en particulier, on remarque une substitution des produits en magasin en faveur de viandes moins haut-de-gamme », note Jean-Marc Escure, qui s’attend à une année 2023 « au moins aussi compliquée du fait de l’inflation ».

Un risque de standardisation

Selon Limousin Promotion, qui représente plus de 6 000 éleveurs issus d’une quarantaine d’organisations (OP), les filières viande de qualité doivent négocier un virage économique très délicat. « La hausse des prix de la viande bovine, de près de 30 % sur trois ans, suffit à peine à couvrir la hausse des charges des engrais et des céréales », explique Jean-Marc Escure. « Il manque toujours aux viandes de qualité le même delta de 20 à 30 centimes pour couvrir l’ensemble des coûts. » Les difficultés sont aggravées par les effets pervers de la hausse des céréales. « Si les bovins sous label bien finis sont payés à des prix corrects aujourd’hui (5,70/5,80 € pour l’éleveur), des animaux limousins non finis sont payés à peine moins chers (5,40/5,50 €). Cela n’incite pas les éleveurs à engraisser leurs animaux, ce qui porte préjudice à la qualité de la viande en général. Cela sans parler de la concurrence croissante des viandes issues du troupeau laitier dont le prix a presque doublé. Il y a bien un risque de standardisation ».

La hausse des prix de la viande a également provoqué un désengagement de la contractualisation, pourtant prévue par la loi Egalim. « On ne constate pas de volonté de la part des distributeurs de signer des contrats avec une prise en compte suffisante des couts de production », observe Jean Pierre Bonnet, le président de Limousin Promotion. Cette démobilisation pourrait même provoquer des ruptures d’approvisionnement chez les chaines qui ne se sont pas engagées. « Pour donner un signe fort, peut-être faudrait-il tout simplement faire appliquer des sanctions à ceux qui ne veulent pas signer, comme c’est prévu dans la loi », suggère Jean-Pierre Bonnet. En attendant, les éleveurs ne comptent pas baisser les bras. « Nous avons collectivement pris la décision en début d’année de renforcer nos actions de communication auprès des professionnels et du grand public », indique Jean-Marc Escure. Présent sur les halls 1 et 7 du salon de l’Agriculture, Limousin Promotion coorganise avec l’OS France Limousin Sélection une traditionnelle vente aux enchères de Vaches Limousines de boucherie Label Rouge, le lundi 27 février sur le ring principal du salon international de l’Agriculture. L’ODG participera également à de nombreux salons et événements tout au long de l’année, et prévoit des opérations spécifiques de promotion auprès des bouchers.