Métiers de bouche
« Culs-de-Poule » : mettre les femmes en lumière

Qu’elles soient agricultrices, sommelières, cheffes… confirmées ou apprenties, les femmes sont de plus en plus nombreuses dans les métiers de bouche. C’est le constat d’Alvina Ledru-Johansson, journaliste spécialisée en gastronomie, qui a décidé de leur dédier un média baptisté « Culs-de-Poule ».

« Culs-de-Poule » : mettre les femmes en lumière
Alvina Ledru-Johansson, fondatrice du média Culs-de-Poule ©Virginie Rose

« Le média des bonnes femmes et de la bonne bouffe », le slogan grince et fait sourire. Pour Alvina Ledru-Johansson, journaliste spécialisée en gastronomie, ce choix, « était aussi un moyen de faire un clin d’œil à la misogynie souvent présente dans le secteur. Et donc de se réapproprier du vocabulaire à bon escient », s’amuse-t-elle. Né en octobre 2019, Culs-de-Poule débute sur Instagram, puis dans une newsletter, avant de se décliner dans un format papier, en mai 2022. Tout commence lorsque Alvina Ledru-Johansson entame un CAP cuisine, lors d’une année de césure dans le cadre de ses études journalistiques. « Je suis arrivée dans un groupe de 13 personnes. Sur 14, nous étions dix femmes. J’étais étonnée, c’était d’ailleurs la première fois dans l’établissement que le quota féminin était si élevé. Je me suis donc intéressée à la féminisation dans les métiers de bouche », explique la journaliste. Après de nombreuses recherches dans la presse, le constat est sans appel : les femmes exerçant ces professions ont très peu de voix dans les médias. « À part Anne-Sophie Pic ou Hélène Darroze, quelles femmes cheffes connaît-on ? Créer Culs-de-Poule, c’était un moyen de rendre honneur à toutes les femmes très présentes dans ces métiers, et de donner de nouveaux modèles de réussite à celles qui souhaitent se lancer », précise la journaliste.

Un format hybride et ludique

Un format annuel de 192 pages, 40 sujets, interviews, portraits, enquêtes, reportages, décryptage ou encore infographies… le média confronte habilement format pédagogique et contenu technique. « Chaque numéro est dédié à un métier en particulier qui présente la profession de manière exhaustive. » C’est le métier de fromagère qui ouvre le bal, suivi par celui de vigneronne. « Être vigneronne aujourd’hui, qu’est-ce que c’est ? Plus globalement, être une femme agricultrice en France, qu’est-ce que ça signifie ? » Le magazine tente de répondre à ces questions en laissant la parole aux femmes concernées. « J’ai visité plusieurs exploitations, pour me plonger dans l’univers de ces femmes en agriculture. Cela permet de comprendre les raisons qui poussent les femmes à se diriger vers ces métiers-là, à connaître leurs passions mais aussi leurs difficultés au quotidien », relate la jeune femme. Dans l’idée d’un trio d’ouvrages sur la fermentation, le prochain numéro sera dédié au métier de boulangère : il bouclera le triptyque symbolique de la gastronomie française : pain, vin et fromage. Le prochain, l’annonce la créatrice, portera sur les métiers de la restauration.

Charlotte Bayon