Coopérative de production avicole Saône-et-Loire
Adapter une nouvelle fois ses bâtiments d’élevage

Marc Labille
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L’activité de la CPASL a retrouvé son niveau d’avant covid durant l’exercice 2020-2021. Pour 2022, il lui faut adopter un nouveau cahier des charges qui implique une nouvelle adaptation des bâtiments. 

Adapter une nouvelle fois ses bâtiments d’élevage
Face à un contexte sanitaire et économique difficile, les adhérents de la CPASL ont « besoin d’un signe encourageant » pour « plus de pérennité et de sérénité dans les élevages ».

Le 25 mars dernier, la CPASL (Coopérative de production avicole Saône-et-Loire) tenait son assemblée générale à la Ferme de Jalogny. La coopérative n’avait pas pu organiser d’assemblée en présentiel depuis deux ans à cause du Covid. Pour ce retour, les responsables de la CPASL ont réuni tous les acteurs de leur filière avicole. Mais l’actualité a bousculé l’ordre du jour de cette réunion attendue. La crise de la grippe aviaire qui frappait sévèrement l’ouest de la France a en effet occupé une bonne partie de la matinée (lire encadré).

Durant l’exercice 2020-2021, l’activité de la CPASL a connu une hausse tant en tonnage (+ 4,28 %) qu’en chiffre d’affaires (+ 9,66 %) lui permettant de retrouver largement son niveau d’avant Covid. Après avoir doublé en volume en sept ans, les canards se stabilisent à 60 % de la production de la CPASL devant les poulets (40 %). La production de ces derniers a augmenté durant les deux derniers exercices avec la mise en route de trois bâtiments mixtes et la conversion de bâtiments pintades que la coopérative ne produit plus depuis janvier 2020. En dix ans, les tonnages d’animaux vifs vendus par la coopérative aux abattoirs n’ont pas cessé de progresser avec une hausse globale de + 37 %.

Tonnages en hausse, performances maintenues

Concernant les résultats technico-économiques, les performances des lots ont été maintenues avec un rajeunissement de l’âge d’abattage. GMQ et rendements filets sont en amélioration, preuve « d’un niveau nutritionnel bien maîtrisé », commentait le président Patrice Labrosse à l’adresse des fournisseurs d’aliment. Dans le contexte actuel de perturbation des approvisionnements en matières premières, le président exhortait les fabricants d’aliments à « maintenir la qualité dans le temps malgré la crise ». Car de la qualité des aliments dépendent les performances techniques, insistait-il.

Sept bâtiments ont fait l’objet d’une rénovation lors des deux exercices passés. Un nouveau bâtiment de 1.500 mètres carrés sera mis en service en 2022. Près de la moitié des surfaces sont sur litière (poulets, canards ou mixtes). Les canards sur caillebotis représentent 37 % tandis que les canards avec jardins d’hiver occupent 17 % des bâtiments.

La vie de la CPASL a été marquée par le départ de son technicien Jean-Marie Vivier. Cela a occasionné quelques changements de personnel, expliquait Patrice Labrosse. Ce dernier évoquait aussi le départ en retraite de son vice-président René Vivier. Après trente ans de mandat au sein de CPASL, ce dernier laisse sa place à son fils Jean-Marie qui reprend l’exploitation avicole à Trambly et devient administrateur de la coop du même coup.

Cahier des charges « Nature d’Éleveurs »

Dans l’immédiat, le gros chantier de la CPASL est la mise en place des cahiers des charges « Nature d’Éleveurs, sans antibiotique, gourmet et respect ». Parmi les conditions, la plus contraignante impose que le bâtiment soit éclairé avec un minimum de lumière naturelle. Les premiers audits ont été réalisés ; d’autres suivront. Les adhérents de CPASL devront intégrer ces nouveaux cahiers des charges d’ici 2025 et la principale mesure consistera à transformer les bâtiments en conséquence. « Essayez d’avancer le plus possible vos projets cette année », encourageaient les responsables de CPASL. En effet, le PCAE Bourgogne Franche-Comté est reconduit sensiblement à l’identique pour 2022. Un premier appel à projet est en cours et un second suivra dans l’année, indiquait-on. Le taux de base pour l’aide PCAE est de 40 % et les éleveurs pourront bénéficier de 20 % supplémentaires s’ils adhèrent au GIEE "Le Bonheur est dans le Poulailler", informaient les techniciennes.

Hors sol écarté du PCAE…

Car pour les volailles, les règles d’accès au PCAE changeront radicalement en 2023. « Le prochain PCAE donnera plus de place à l’adaptation aux aléas climatiques en aidant le stockage d’eau, de fourrage… Plus globaux, les projets devront présenter une grosse étude pour y avoir droit ». Et surtout, le hors-sol ne serait éligible que dans des cas de figure très particuliers… « On a appris il y a trois semaines qu’une ligne avait été rajoutée précisant que le hors-sol classique sortait du PCAE (sauf en bio, label et SIQO) », expliquait Louis Accary. « Une hérésie » qui a fait réagir les responsables avicoles régionaux, lesquels déplorent ne plus être associés aux négociations. « En France, 45 % des poulets consommés sont importés pendant que nous, on nous demande toujours des contraintes supplémentaires. Tandis que nous sommes contraints de supporter tous ces surcoûts, les volailles d’importation n’ont pour seule contrainte que le prix ! L’an dernier, le plan de relance avait permis des investissements dans les abattoirs de la région et maintenant, on décide de limiter la production ! La filière représente plus de 3.000 emplois dans la région. C’est une grosse consommatrice de céréales locales. Nous avons tout dans la région : la filière, la consommation et la Bourgogne sont déficitaires en production de frais », argumentait Louis Accary. Ces revendications sont remontées à la Région et ont reçu le soutien total de la chambre régionale d’agriculture. Une rencontre avec la présidente de Région devrait avoir lieu ces jours-ci. « Le moment venu, il faudra y aller avec l’ensemble des membres de la filière. Nous devons afficher une unité totale », appelait de ses vœux Louis Accary.

 

La crise sanitaire à l’ouest inquiète

À l’heure où sévissait une véritable « tempête sanitaire » dans l’ouest de la France, les responsables de CPASL ont modifié leur ordre du jour pour évoquer un « contexte sanitaire et économique » inquiétant. En à peine un mois de temps, la grippe aviaire a provoqué une hécatombe en Vendée, Maine-et-Loire, Loire-Atlantique. Et au 25 mars, on parlait de suspicion en Bretagne, berceau de la production avicole en France… Alors que « l’incendie était loin d’être éteint, des mesures d’abattage massif tendaient à vider une vaste zone jusqu’à 20 km au nord de la Loire », rapportait-on. Pour la CPASL, la principale inquiétude portait à ce stade sur l’approvisionnement en cannetons d’un jour. Les reproducteurs se trouvent en effet dans l’ouest de la France et l’un des accouveurs faisait état d’un potentiel de production d’ores et déjà réduit à 50 %. À court terme, les livraisons de cannetons devraient être assurées. D’ailleurs, Patrice Labrosse confirmait que la région ne manquait pas d’animaux pour l’heure. Mais le risque est bien réel pour demain, en canards comme en poulet, reconnaissait-il. Cette crise intervient dans un contexte de marché en berne. Outre la crise sanitaire, des opérateurs comme LDC ont à faire face à une demande de viande en baisse. Sans visibilité, les abatteurs redoutaient que la capacité d’achat des consommateurs soit durablement impactée… Une absence de vision qui inquiétait les éleveurs de la CPASL. « Il va falloir aider la production », insistait Patrice Labrosse à l’adresse des clients. « Nous comptons sur vous pour partager l’impact financier de la crise. Nous avons besoin de plus de pérennité, de sérénité dans les élevages », poursuivait-il rappelant tous les efforts d’adaptation accomplis par les éleveurs pour le bien-être animal, sans oublier la hausse du prix du gaz, de l’électricité, des matières premières, etc. « Nous avons besoin d’un signe encourageant ». Malgré tout, le président de la CPASL se voulait confiant évoquant la rapidité de rotation qui caractérise la filière avicole. « Nous avons la capacité à accompagner ceux qui en auront besoin », rassurait Patrice Labrosse.