Flavescence dorée
Une très bonne cuvée pour le premier hackathon

Cédric Michelin
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Au salon VinEquip à Mâcon s’est tenu pendant 48 heures, un hackathon contre la flavescence dorée. L’objectif étant de chercher des solutions technologiques pour reconnaître et géolocaliser en même temps très précisément les pieds contaminés. Le tout en partageant les données à l’ensemble de la filière et aux autorités sanitaires.

Une très bonne cuvée pour le premier hackathon
Certaines entreprises spécialistes des maladies de la vigne avaient, soit refusé de participer, soit venaient à la fin prendre les bonnes idées du Hackathon…

« Enfermez dans une même pièce » des experts multidisciplinaires pendant 48 heures « sans dormir », « donnez-leur des sandwichs et des bières… ou plutôt du vin », « laisser phosphorer » et juger les résultats à la sortie. Telle est la recette du hackathon contre la flavescence dorée, concocté par le Vinipole et Vitilab de Davayé avec les organisateurs du salon VinEquip. Débuté donc le 26 mars, les quatre « start-ups » en lice ont donc « pitché », présenté, leurs inventions et propositions, le 28 mars devant un jury composé de membres de la Fredon, de la CAVB, du BIVB, du Sral… de Bourgogne-Franche-Comté. Le projet le plus innovant sera accompagné par la Préfecture de Saône-et-Loire dans le cadre de sa plateforme d’accélération des projets, d’où la présence pour la remise des prix du préfet Yves Séguy et ses services (DDT…), voire même de financement par le plan gouvernemental France 2030 avec l’appui du député de la circonscription, Benjamin Dirx.

Les jurés avaient une grille de notation pour être donc totalement impartiaux, avec juste la possibilité de donner quelques points supplémentaires pour leurs coups de cœur. Étaient évalués, « l’originalité » de l’innovation, la faisabilité technique, si le projet « tient la route », la qualité de la démonstration, la viabilité financière et le retour sur investissement pour tous.

Leafy : la mallette d’analyse à la vigne

Premier à « pitcher » pendant cinq minutes top chrono, la société Leafy venant d’Île-de-France. Patrice et Carole sont à ranger du côté des laborantins, loin d’être fous, plutôt pragmatiques car voulant rendre possible pour tous vignerons de réaliser eux-mêmes, une analyse précoce – « dès août voire juillet » - à la vigne « en moins de deux heures ». Cette analyse repose sur une analyse PCR (flashdiag 9, 16 ou 48x ; contre 96 en labo) des pétioles de feuilles à écraser. L’extraction de l’ADN et son amplification permettent avec un kit de « révéler sur bandelette comme un test Covid », prennent-ils pour image parlante. L’analyse permettant même de différencier flavescence dorée du bois noir. Ils ont déjà réalisé des tests, concluant pour des prélèvements en août, comparés à ceux revenus aussi positifs d’un laboratoire d’analyse classique. Chaque analyse coûte 10 €. Un outil de géolocalisation est également présent dans la mallette (facturée entre 1.500 et 1.800 € à l’achat). Les données sont transférables pour notamment réaliser une cartographie, en vue surtout d’arracher immédiatement le pied de flavescence, voire de bois noir.

Vanto : le robot qui prospecte

« Start-up » suivante, les italiens de Vanto qui faisaient une présentation mi-anglais mi-français de leur robot avec un système de détection. Leur idée est de diminuer au maximum le risque de ne pas repérer un pied infecté lors des prospections classiques. Le robot est voué à être loué par des grands domaines. La précision de la reconnaissance atteindrait « 90 % des feuilles symptomatiques » repérées « dès juin » grâce à des caméras hyperspectrales, voyant dans les longueurs d’onde invisibles à l’œil nu humain. Malgré la barrière de la langue, le robot est testé dans le sud de l’Italie et « remonte » les données automatiquement pour chaque pied géolocalisé. Le robot navigue dans la parcelle librement par bornage aux coins formant un périmètre virtuel clos. Leur modèle d’affaire est de louer les robots « comme un service » (Raas) pour 125 €/ha/mois chez des concessionnaires. De quoi expliquer pourquoi ce marché des robots est valorisé 45 milliards de $ en bourses.

Vinivox : l’IA qui augmente l’œil du viticulteur

Pas de robot pour Vinivox qui a fait le choix d’une application mobile qui aide les viticulteurs à « faire l’inventaire et géolocalisé » les ceps touchés par les jaunisses. L’œil du vigneron est donc au cœur du savoir. L’application « pose les questions » pour aider l’humain à savoir s’il s’agit d’un pied infecté potentiellement par du bois noir, esca… ou flavescence dorée. Un simple bouton permet alors de géoréférencé le pied malade et les données de géolocalisation peuvent être exportées en format tableau (.csv) ou en carte. Toutefois, Vinibox travaille sur l’intelligence artificielle (abonnement de base de 30 €/mois/utilisateur) pour augmenter les « observations » humaines. Ainsi, la base de données alimentée par des humains et ce machine learning (apprentissage profond par la machine) permettra d’avoir des données « qualifiées », dès lors que les données des analyses en laboratoire PCR viendront confirmer les suspects en pieds positifs.

Agaric-IG : une passerelle de données

Bourguignons de l’étape, Agaric-IG basé à Mâcon est une entreprise d’infogérance spécialisée dans les systèmes d’information géographique (SIG) industriels normalement. Vivant à Nuits-Saint-Georges, Cédric Darbon, le co-gérant, « s’est senti concerné » par cette maladie tuant les vignes. Il a donc cherché à « améliorer la chaîne de collecte et de traitements de l’information, entre chambre, coopérative, Fredon, prestataires… tout au long de l’année » pour un diagnostic globale et personnalisé en continu. Son constat étant qu’il y a déjà « beaucoup de cartographies » sous format images ou pdf, ne pouvant pas être exploitées ensemble. Son idée a donc été de commencer de créer en seulement 48 h, un datahub, récupérant les données des différentes applications. « Ces flux (workflow) sont rassemblés et valorisables par tous », que ce soit en tableurs ou cartographies, jusqu’à un niveau « cep, infra-communal, parcellaire… ». Spécialiste des SIG, il montrait un centipede, un réseau collaboratif de bases GNSS (satellites) RTK (cinématique GPS), « pas de haute précision (2,5 m près) » mais gratuit et disponible. Suffisant donc pour un déploiement immédiat. Il estimait le délai de mise en œuvre de seulement trois mois… « en fonction du temps des partenaires » (qui doivent développer leurs API). En renversant ainsi la charge de la réussite, il provoquait le jury qui ne lui en donnait que plus raison comme pour avouer l’erreur de ne pas l’avoir fait avant. C’est Agaric-IG qui remportait donc ce premier hackathon, comme un symbole aussi que la technologie doit toujours se marier avec l’ouverture à tous ceux qui luttent contre la flavescence dorée, et le sanitaire en général.