Autonomie fourragère
Les enseignement de la septième campagne d’essais méteils à Baudrières

Marc Labille
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Depuis sept ans, des essais de méteil et de trèfle/ray-grass, implantés en dérobés, sont conduits en Bresse dans le cadre d’un programme régional visant l’autonomie fourragère et protéique. 

Les enseignement de la septième campagne d’essais méteils à Baudrières
Mélange composé de 60% de céréales (blé) et de pois fourrager, vesce de Narbonne, vesce commune.

Le 28 avril dernier, une visite d’essais de méteils a eu lieu à Baudrières sur les terres du Gaec de la Verne. Ces essais fourragers sont conduits depuis sept ans par la Chambre d’Agriculture de Saône-et-Loire en partenariat avec la coopérative Bourgogne du Sud. Ils sont menés dans le cadre du programme régional Papsaal pour Plus d’Autonomie Protéique et de Sécurité Alimentaire en systèmes Allaitants et Laitiers. Chaque année, des cultures fourragères (ray-grass italien + trèfles et méteils) sont implantées en culture intermédiaire d’automne pour être récoltées au printemps juste avant l’implantation d’un maïs. « L’objectif de ces essais est de créer des références sur la composition des mélanges, la conduite optimum et leurs valeurs alimentaires », présentaient Amélie Poulleau et Denis Chapuis de la Chambre d’Agriculture. 

La dernière visite avait eu lieu au printemps 2019 car en 2020, le confinement n’avait pas permis d’organiser le rendez-vous. Pour 2021, une nouvelle visite d’essai a pu se dérouler moyennant le respect des règles sanitaires en vigueur (port du masque, groupe scindé en deux, réunion en plein-air…). Une cinquantaine de personnes avait tenu à assister à ce rendez-vous, preuve que le sujet de l’autonomie préoccupe les éleveurs en ces temps où les réunions techniques en présentiel sont trop rares.

Pas de ray-grass cette année…

Fait exceptionnel, aucun ray-grass n’était visible cette année. La culture avait été semée dans les conditions très sèches de la fin 2020. Le retour de la pluie est intervenu brutalement (40 mm) peu de temps après le semis, confie Cédric Tissot du Gaec de la Verne. Or à la suite de cette forte pluviométrie, le ray-grass a semble-t-il été victime d’un incident de phytotoxicité, la faute à un désherbage des blés datant du printemps, suppose l’agriculteur. 

En revanche, huit modalités de méteils précoces – mélanges de céréales et de protéagineux hivernaux - ont bel et bien été cultivées cette année. Ces modalités ont été implantées sur une parcelle précédemment en blé. Le semis a eu lieu le 16 octobre 2020 et 45 unités d’azote ont été apportées le 7 mars, décrivait-on. La parcelle devait être récoltée vers le 8 mai et des analyses de matière sèche et de valeurs fourragères seront effectuées pour chacune des huit modalités. 

Si tous les couverts présentés avaient bel aspect, ils étaient cependant moins développés qu’ils auraient pu l’être. Les dernières semaines ont été marquées par un déficit de pluie de 50% et les gelées de début avril sont descendues jusqu’à – 10°C à Baudrières, témoignait Cédric Tissot.

Plus ou moins de céréales…

À défaut de pouvoir juger de la production des traditionnels ray-grass/trèfle (lire encadré), les participants ont tout de même eu à leur disposition une belle diversité de mélanges de céréales et de protéagineux. Cette année encore, le choix avait été fait de présenter une gamme de couverts allant du mélange protéique quasi pur au mélange à dominante de céréales. Fournis par les semenciers Caussade Semence, Semences de France, Semental, Jouffray-Drillaud, Eliard et RAGT, ils offraient une grande diversité d’espèces : blés, triticales, avoines, seigle, épeautre pour les céréales et pois fourragers, vesces, trèfles, pois protéagineux et féverole pour les protéagineux. Avec cependant une dominante de céréales, pois fourrager et vesces dans ces méteils.

Rendement ou valeur alimentaire

Les experts de la Chambre d’agriculture ont rappelé que la composition d’un méteil était une question de compromis. En effet, du rapport entre la part des céréales et celle des protéagineux dépend l’équilibre entre le rendement et la valeur alimentaire. Plus de céréales et moins de protéagineux favorisant le rendement ; plus de protéagineux et moins de céréales favorisant la valeur alimentaire à travers la protéine fournie. Le compromis réside aussi dans la date de récolte. Récolter de bonne heure revient à privilégier la valeur alimentaire tandis qu’une récolte plus tardive favorisera le volume.

Les résultats d’analyse donneront lieu à une synthèse plus approfondie de ces essais. Votre journal L’Exploitant Agricole de Saône-et-Loire s’en fera l’écho dans une prochaine édition.

RGI + trèfle assurent toujours

De 2015 à 2020, différents mélanges à base de ray-grass italien (RGI) ont été testés dans le cadre de cet essai (RGI>50% - trèfles ; RGI<50% - trèfles ; RGI pur ; RGI 48% - trèfles – vesces). Leur synthèse met en évidence « des valeurs de matière azotée totale (MAT) élevées, supérieures aux méteils classiques », observent Amélie Poulleau et Denis Chapuis. « Pour les mélanges avec une composition de plus de 50% de RGI, la moyenne de rendement est plus élevée (+ 0,7 T de MS), mais le pourcentage de MAT est inférieur de 0,6 à 1,2%. Pour les mélanges en RGI pur, le rendement est équivalent aux mélanges à plus de 50% de RGI, mais les valeurs sont inférieures de – 1 à – 2% », commentent les deux techniciens avant de rappeler que « 2% d’écart de MAT sur 7 T MS/ha (en deux coupes) équivaut à environ 300 kg de tourteau de colza par hectare… ».

Méteil : question de compromis

Dans le même temps, différents types de méteil ont également été comparés dans les même conditions (céréales 47% - protéagineux – vesce ; seigle 55% - pois – vesce ; céréales 45% - pois – vesce – trèfle ; céréales 65% - vesce – trèfles ; féveroles – pois – vesce – triticale < 15%). De ces sept années d’essais, il ressort « qu’avec les mélanges dits classiques riches en céréales, les valeurs de MAT sont variables et moyennes malgré des fauches précoces. Et les valeurs UFL sont en moyenne assez faibles. Des résultats qui confirment des essais de l’Institut de l’Elevage. L’augmentation de la valeur MAT passe par la baisse de la part de céréales… et toujours le stade de récolte », concluent Amélie Poulleau et Denis Chapuis.