Plateforme Agri-Échange

Pour réduire les coûts grâce à l’échange en ligne

La plateforme Agri-Échange est née fin 2017 en Haute-Marne à l’initiative d’un agriculteur. Comme nombre de ses collègues, Jean-Michel Rabiet faisait « le constat de la flambée des coûts de revient pour des exploitations exposées à la concurrence des cours mondiaux ». Une tendance qui « pousse à l’agrandissement et à l’alourdissement des charges de mécanisation », déplorait-il tout en réfléchissant à des solutions « pour qu’il reste des agriculteurs dans les villages ». Cette analyse militante lui a donné l’idée de fonder, avec sa sœur Catherine Rabiet, une plateforme en ligne d’échange de services entre agriculteurs. Son intérêt est de permettre « des échanges sans sortie de trésorerie » et ce, grâce à un réseau d’agriculteurs mis en relation sur internet. 

Crédité ou débité sur un compte

La plateforme recense des besoins et des offres qu’elle permet de mettre en relation. Chaque prestation est chiffrée et payée en échange d’un autre service. L’échange n’est pas forcément réciproque car un compte interne au réseau permet de différer dans le temps le service en retour. Exemple : un agriculteur de Saône-et-Loire propose une prestation de pressage de paille chez un voisin. Mais sur le moment, ce voisin n’a pas de service qui convienne au prestataire en échange. Sur la plateforme Agri-Échange, ce dernier crédite alors son compte de la prestation de pressage qu’il a réalisée. Plus tard dans l’année, pour se payer et donc clore l’échange, il y trouvera la semence fourragère dont il a besoin et qui provient d’un agriculteur de la Haute-Marne. De son côté, le collègue qui a fait presser sa paille pourra rendre la pareille à un autre agriculteur qui sera intéressé par sa propre offre de services. 

Publier une offre de service

Cet exemple d’échange, c’est Daniel Desvignes qui l’a vécu lui-même l’an dernier en étant l’un des premiers de Saône-et-Loire à adhérer à cette nouvelle plateforme. Éleveur allaitant bio à Vitry-sur-Loire, il est équipé d’une presse à balles carrées qu’il partage avec son frère. Cette grosse machine intéresse d’autres éleveurs qui sont équipés de presse à bottes rondes et Daniel Desvignes cherche à réaliser du pressage à l’extérieur pour rentabiliser son investissement. Grâce à Agri-Échange, l’agriculteur n’a pas à se soucier de la facturation et du paiement, observe-t-il. Sa première démarche a été de publier son offre de service sur la plateforme, « comme sur le bon coin ! ». 

La consultation et la publication d’une offre sur la plateforme Agri-Échange (www.agri-echange.org) est gratuite. À son premier échange de service, l’agriculteur doit s’acquitter d’une adhésion annuelle de 150 €. Cette cotisation est abaissée à 75 € lorsque l’intéressé a recruté un nouvel adhérent sur la plateforme (offre de parrainage). Une prime de 1.000 € est même offerte à ceux qui drainent dix nouveaux agriculteurs, informe Catherine Rabiet.  

Transaction en Agri-euros

Sur Agri-Échange, un moteur de recherche aide les agriculteurs à trouver les services qu’ils recherchent. Lorsque deux agriculteurs souhaitent réaliser un échange, ils sont invités à se connecter à un compte personnel. Mis en relation par le site, les deux agriculteurs se mettent d’accord sur la nature et le montant de la prestation. Cette authentique transaction entre les intéressés permet de traduire l’échange en débit pour le bénéficiaire et en crédit pour le prestataire. La valeur définitive de l’échange est chiffrée à la fin du chantier et enregistrée (en Agri-euros) sur le compte des deux agriculteurs. Agri-Échange leur facture une commission de 7 % sur le montant de l’échange. Cette commission finance l’animation de la plateforme.

Mieux qu’une plateforme

La démarche Agri-Échange a démarré fin 2016 autour de l’exploitation de Jean-Michel Rabiet située au sud de la Haute-Marne en limite de la Côte-d’Or. L’agriculteur champenois en est le président et il est secondé par sa sœur Catherine Rabiet. Ce qui fait « la force d’Agri-Échange » en comparaison d’une plateforme numérique classique, « ce sont des responsables de réseaux recrutés pour accompagner les agriculteurs dans leur démarche : les mettre en relation, animer, superviser les échanges, les rencontrer… », fait valoir Catherine Rabiet. Agri-Échange compte aujourd’hui environ 420 agriculteurs inscrits. Plus d’une centaine réalisent des échanges autour du premier réseau historique en Haute-Marne. Un second réseau est en train de voir le jour sur la Saône-et-Loire, la Nièvre et l’Allier. Une douzaine d’agriculteurs sont d’ores et déjà inscrits en Saône-et-Loire et un nouvel animateur de réseau entrera en service pour ce nouveau secteur, annonce Catherine Rabiet.

Gains de revenu à la clé

Pour ses fondateurs, la plateforme Agri-Échange permet de générer d’importantes économies et donc des gains de revenus. Elle révolutionne le quotidien des exploitations en donnant accès à des matériels spécifiques ou innovants sans avoir à les acheter ni à devoir sortir de trésorerie. Un bon moyen de tester de nouvelles techniques, de gagner en productivité et en temps. « On adapte le matériel aux besoins agronomiques et pas le contraire », résume Catherine Rabiet. Totalisant 2.500 offres à ce jour, la plateforme permet d’échanger de la mécanisation, des denrées et même de la main-d’œuvre. Elle est aussi une manière de recréer du lien entre les agriculteurs, font valoir ses fondateurs. Et plus les agriculteurs seront nombreux à y adhérer, plus elle répondra aux besoins de chacun, argumentent-ils. 

Plus d’information sur www.agri-echange.org, renseignements auprès de Catherine Rabiet à contact@agri-echange.org ou au 06.71.63.34.37.