Félix Debavelaere
Une belle ouverture sur l’extérieur

Régis Gaillard
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Récompensé lors des derniers trophées Jeunes Talents du GJPV, Félix Debavalaere vit pleinement son métier de vigneron, à Rully, depuis un peu plus d’une décennie.

Une belle ouverture sur l’extérieur
Félix est la deuxième génération au sein du domaine familial.

C’est en présentant un bourgogne chardonnay, un rully Les Cailloux et un rully premier cru que Félix Debavelaere a été récompensé, le 2 février dernier, à l’occasion de la remise des 32e Trophées Jeunes Talents du GJPV. Une victoire presque logique, serait-on tenté de dire, lorsque l’on déroule le parcours de ce jeune vigneron. Après le lycée à Beaune, direction Montpellier pour passer un BTS Viticulture Œnologie. « J’avais envie de voir autre chose que ce que l’on fait en Bourgogne ». Il choisit ensuite d’enchainer avec une formation commerciale au sein de l’Université du Vin à Suze-la-Rousse, en Drôme provençale. Il enchaîne avec un DNO (Diplôme national d’œnologue), cette fois à Dijon. « C’est une bonne formation ».

Un domaine parti de zéro

Après avoir accumulé de l’expérience en Inde comme acheteur de vin pendant six mois, « dans un pays et à un poste où j’ai beaucoup appris », et une moitié d’année du côté de l’Australie au sein d’une grande cave « qui avait un process plutôt industriel », Félix Debavalaere revient en 2009 au sein du domaine familial. « J’ai effectué mon retour car cela correspondait à mes attentes et, en même temps, mes parents cherchaient quelqu’un sur l’exploitation. J’ai toujours souhaité exercer ce métier car c’est un travail incroyable, un milieu hyper riche, avec énormément de découvertes à la clé. C’est passionnant de pouvoir suivre le produit du début à la fin, du raisin à la mise en bouteille en passant par la vinification ». Un domaine qui a une histoire un peu particulière. « Mon père est originaire de Saint-Omer et ma mère native de Lille. Mon arrière-grand-père a participé à l’électrification de la Saône-et-Loire. Il a alors acheté une maison dans le département, à Farges-lès-Chalon. En venant en voyage de noces, mes parents sont tombés amoureux de la Saône-et-Loire. Dès lors, mon père a choisi de s’installer comme médecin pour exercer à Dracy-le-Fort. Mes parents ont planté leur première vigne en 1984 sur un hectare. Le domaine a grandi au fur et à mesure des années. Au départ, tout était vendu en vrac. Quant au nom du domaine, Les Rois Mages, il est un clin d’œil au nom de jeune fille de ma mère : Melchior ».

Vins de garde

L’année 2003 marque un tournant pour le domaine disposant alors de cinq hectares. « C’est à ce moment que mes parents sont devenus véritablement des vignerons ». Aujourd’hui, le domaine est fort de 11 hectares, principalement à Rully puisque 90 % des vignes sont installées sur cette commune. En dehors d’un peu de Bouzeron, de Rully premier cru et de Beaune premier cru, le domaine s’appuie sur six rully village différents avec, chacun, de vraies spécificités. « Sur l’exploitation, nous sommes trois personnes à temps plein : ma mère, un salarié et moi-même. Nous avons 60 % de blanc et 40 % de rouge. Chaque terroir dont nous disposons a des particularités assez marquées, avec des expositions et des sols différents. Nous sommes en culture raisonnée. Nous travaillons les sols (labour, intercep, etc.). Nos vignes les plus vieilles ont une soixantaine d’années, les plus jeunes un peu plus de 15 ans. La vendange est effectuée majoritairement à la main. Côté amendements, nous utilisons du compost pour nourrir les sols et pour la vigne. Pour les rouges, le raisin est trié à la main et 100 % égrappé. Il y a une recherche de pureté et d’élégance. Quant aux blancs, il y a pressage, débourbage, vinification et élevage en fût. Nous effectuons un élevage assez long, d’environ 12 mois. Le vin passe deux hivers en masse : 12 mois de fûts le premier hiver et 6 mois en cuve inox le second hiver. Nos vins sont généralement à déguster un peu plus tardivement que nos collègues. Ainsi, nous commercialisons des vins qui, pour les plus vieux, sont du millésime 2016. C’est une vraie volonté. Cela permet de proposer aux restaurateurs des vins à boire à maturité. Nous avons des vins taillés pour la garde ».

Une AOC qui plaît

Côté commercialisation, il y a un équilibre entre marché hexagonal et export. « Aujourd’hui, nos ventes sont quasiment toutes en bouteilles. Nous écoulons 45 % de nos vins à l’export : États-Unis, Canada, Japon, Russie, Australie, Ukraine, Danemark, Belgique, Grande-Bretagne… Nous souhaitons développer cette partie car il y a une belle demande à l’export. L’AOC plait à l’étranger ». Pour ce qui est de la France, cela représente donc 55 % des débouchés. À savoir pour moitié en CHR et pour l’autre moitié auprès des particuliers. « Nous nous en sortons assez bien en cette période de covid-19 ». Quant au futur, Félix Debavalaere entend apporter encore plus de soin au travail dans la vigne pour encore mieux maîtriser le raisin. « 80 % de la qualité du vin vient du raisin ».