Les brèves du 8 juin 2023

Mis en ligne par Cédric Michelin
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Voici les brèves du 8 juin 2023

Les brèves du 8 juin 2023

Renégociations commerciales : ne pas « en rajouter » pour certaines filières (Fesneau)

À l’occasion de l’assemblée générale d’Inaporc le 7 juin, le ministre de l’Agriculture a évoqué, à demi-mot, la demande faite par le gouvernement aux grands groupes alimentaires d’entamer, en juin, des renégociations à la baisse des prix avec la grande distribution. Marc Fesneau a plaidé, sans le dire ouvertement, pour que les filières d’élevage soient exemptées : « On ne peut pas demander aux productions déjà fragilisées d’en rajouter », a-t-il déclaré. Pour rappel, à l’issue d’une réunion avec le gouvernement le 17 mai, les 75 plus gros industriels français de l’agroalimentaire avaient accepté de rouvrir les négociations avant fin mai, dès lors que le prix de leurs produits avait augmenté de plus 10 % lors des accords passés en mars, et que ces entreprises avaient enregistré depuis « une baisse de coût de l’un de leurs intrants de plus de 20 % ». Rencontrant le ministre de l’Économie lundi, la filière bovins viande avait demandé une exemption à cette renégociation au même titre que celle obtenue par la filière laitière. À la sortie, elle estimait avoir obtenu gain de cause, pour l’ensemble des viandes. Une information démentie par le cabinet de Bruno Le Maire, qui explique que le ministre évoquait le cas d’une entreprise en particulier, qui n’entrait effectivement pas, de fait, dans les conditions obligeant une renégociation.

Élevage : Inaporc lance un manifeste pour la « sauvegarde » des filières animales

À l’occasion de son assemblée générale, le 7 juin, l’interprofession porcine Inaporc a dévoilé, en présence des représentants de six autres filières animales*, un « manifeste pour la sauvegarde de l’élevage français ». L’objectif est de créer un « puissant mouvement collectif afin de réagir au dénigrement général dont tous les types de filières animales sont désormais victimes, y compris de la part de certains représentants du gouvernement ou d’institutions publiques », indique un communiqué d’Inaporc. Saluée par le ministre de l’Agriculture, présent lors de l’assemblée générale, la démarche s’inscrit dans le cadre des négociations de l’accord commercial UE-Mercosur, de la réglementation européenne IED (émissions industrielles) et en amont des débats sur la révision des normes de bien-être animal prévus en fin d’année. Selon les estimations de l’Ifip, l’application des normes de bien-être animal telles que décrites par l’Efsa dans ses préconisations coûteraient 9 milliards d’euros en dix ans à la filière, qui craint une distorsion de concurrence avec les pays tiers et des importations. Le président de l’Inaporc Thierry Meyer assure que la filière est « prête à évoluer », mais « pas à pas », sur « du long terme » et « accompagnée » par les pouvoirs publics.
* CNPO (œufs), Cipa (aquaculture), Interbev (viande rouge), Cniel (lait), Anvol (volailles de chair), Cifog (foie gras)

Porc : dans le Finistère, Greenpeace « rejoint la lutte » contre l’extension d’Avel Vor

Greenpeace France « rejoint la lutte juridique » contre l’extension de l’élevage porcin Avel Vor à Landunvez (Finistère), annonce l’ONG dans un communiqué le 6 juin. L’association a déposé une « intervention volontaire » le 5 juin auprès du tribunal administratif de Rennes, par laquelle elle s’associe au recours initié le 13 mars par le collectif « Stoppons l’extension ». Emmené par Eaux et rivières de Bretagne, ce collectif cherche à faire annuler l’autorisation accordée par la préfecture du Finistère le 8 novembre 2022. Dans son intervention volontaire, Greenpeace critique « l’absence d’impartialité du commissaire-enquêteur désigné en 2022 ». Elle lui reproche un manque d’« objectivité » et de « recul », une « relecture orientée » de certaines remarques du public, ou encore une « absence de regard critique sur les éléments mis en avant par le pétitionnaire ». L’élevage Avel Vor appartient notamment à Philippe Bizien, président d’Evel Up et de la section porcine de la Coopération agricole. La demande d’extension vise à faire passer l’effectif de 9000 à 12 000 animaux, ce qui en ferait « l’une des plus grandes porcheries de France », selon Greenpeace. L’ONG pointe une extension « illégale », rappelant que « l’autorisation initiale, accordée en 2016, avait déjà fait l’objet d’une annulation par le tribunal administratif de Rennes, confirmée en appel ».

Œufs : le CNPO demande « l’aide de l’État » pour appliquer l’accord sur l’ovosexage

« Nous demandons l’aide de l’État » pour appliquer l’accord interprofessionnel sur l’ovosexage, a déclaré le président du CNPO (interprofession de l’œuf) Yves-Marie Beaudet le 7 juin. « Nous n’arrivons pas à récolter les fonds », a déploré cet éleveur breton à l’occasion de l’assemblée générale de l’interprofession porcine Inaporc. L’élimination des poussins mâles est interdite depuis le début de l’année en poules pondeuses, et la filière des œufs a annoncé en novembre 2022 la conclusion d’un accord pour financer les surcoûts de fonctionnement liés à l’ovosexage (estimés à 45 M€ par an). Étendu en décembre, l’accord instaure une cotisation de 0,59 € les 100 œufs, prélevée par les centres d’emballage sur leurs ventes aux GMS. Cette somme est reversée au CNPO, qui les rétrocède ensuite aux couvoirs, à raison de 1,11 € par poussin ovosexé. « Les factures de mars [reçues par le CNPO] ne sont pas encore honorées à 100 %, celles d’avril ne sont pas encore payées, mais les couvoirs doivent régler leurs prestataires » qui réalisent l’ovosexage, explique Maxime Chaumet, secrétaire général du CNPO, à Agra Presse. L’interprofession demande donc « une avance de trésorerie remboursable équivalant à un mois de cotisation », soit 4 à 5 M€, pour « amorcer la pompe », précise M. Chaumet.

LOA : l’élevage sera au programme, assure Fesneau, des « procédures à accélérer »

Auditionné le 7 juin devant la commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale, Marc Fesneau a cité notamment l’élevage et le foncier au menu du Pacte et de la Loi d’orientation et d’avenir agricoles (PLOA) en préparation. Le pacte « permettra de poser un certain nombre de sujets dans le débat public », a dit le ministre de l’Agriculture. « La question de l’élevage et de son avenir doit être posée avec force, pour redonner de la crédibilité et des perspectives aux éleveurs. » « Nous en avons besoin (N.D.L.R. : de l’élevage) à la fois comme facteur de souveraineté alimentaire » et en termes de « services rendus à l’environnement ». Le même jour, lors de l’assemblée générale d’Inaporc (interprofession), le ministre a également évoqué la LOA, expliquant, en matière de construction de bâtiments, qu'« il y a des procédures qu’il faut accélérer ». Sans surprise, le foncier a été abordé lors de l’audition, en réponse notamment à Dominique Potier (socialiste). « Le foncier fait partie du texte », a déclaré Marc Fesneau, mais « ce n’est pas une loi foncière », a-t-il insisté, parlant « d’autres sujets à traiter ». Et de rappeler que des jeunes « ne peuvent pas s’installer parce qu’ils n’ont pas de capitaux ». L’accès à l’eau est « un élément aussi déterminant que la question foncière », selon lui. Lors d’un entretien à Agra presse en juillet dernier, le ministre avait annoncé qu’il ne souhaitait pas « toucher au statut du fermage » dans la LOA.

Accord UE/Mercosur : l’Idele estime l’incidence potentielle sur la déforestation

En cas de ratification de l’accord de libre-échange UE/Mercosur, l’Institut de l’élevage alerte dans une nouvelle étude commanditée par le groupe des Verts au Parlement européen, sur les problèmes de distorsion de concurrence liés aux différences de règles sanitaires et phytosanitaires existantes entre les deux blocs. Que cela soit pour les pesticides ou encore pour les antibiotiques comme facteurs de croissance, certains composants actifs sont autorisés dans la production animale au sein des pays du Mercosur alors qu’ils sont bannis au sein de l’UE. Sur les limites maximales de résidus, l’étude souligne aussi les écarts qui existent entre les niveaux autorisés dans les aliments et l’eau. Les auteurs dénoncent également la souplesse des réglementations relatives au bien-être animal, des réglementations sanitaires et des travailleurs dans les abattoirs des pays du Mercosur. Considérés comme les deux principaux facteurs de déforestation, l’étude montre que l’accord stimulera davantage la production de soja ainsi que celle de viande bovine. La part de « la longe et du rumsteck » entiers issus du Mercosur sur le marché de l’UE notamment devrait passer de 13 % en 2019 à 21-26 % en 2030. Selon le scénario le plus pessimiste, la déforestation supplémentaire induite par l’accord pourrait alors s’élever de 620 000 ha à 1,35 Mha, évalue l’étude.

Tournesol et colza issus de mutagenèse : 28 faucheurs devant la justice à Rodez

28 militants du mouvement Les faucheurs volontaires d’OGM (FV) ont été convoqués le 7 juin devant le tribunal correctionnel de Rodez pour s’être introduits, le 10 novembre 2021, dans un site RAGT à Calmont (Aveyron), éventrant des sacs contenant plusieurs tonnes de semences de tournesol et de colza, et les mélangeant à du maïs afin de les rendre inutilisables. Ils affirment « agir en état de nécessité dans lequel les place l’inaction de l’État » face à des semences « qu’ils considèrent comme illégales », selon un communiqué du 31 mai. « Ce que nous faisons est totalement légal », avait à l’époque rétorqué Laurent Guerreiro, le DG de RAGT Semences. Pour le comité Marre des faucheurs – composé de plusieurs agriculteurs ayant subi des destructions –, « les faucheurs volontaires […] oublient que les variétés tolérantes aux herbicides qu’ils visaient sont une solution agronomique permettant de lutter contre l’ambroisie, espèce invasive au pollen fortement allergène et qui réduit l’utilisation des produits phytosanitaires ». Et d’ajouter que « les faucheurs volontaires s’obstinent à créer la confusion autour des NBT […] et OGM. Pro et anti s’opposent en effet sur la définition même des NBT, qui constituent aux yeux d’associations environnementales mais aussi de la Confédération paysanne des OGM qui ne disent pas leur nom. Début juillet, la Commission européenne proposera une législation sur les biotechnologies génétiques.

Huiles d’olive : un taux d’anomalies « trop élevé », estime la DGCCRF

Problèmes d’étiquetage, mentions infondées, pratiques commerciales trompeuses : les huiles d’olive commercialisées en France présentent « un taux d’anomalie encore trop élevé », a indiqué le 7 juin la répression des fraudes (DGCCRF) sur la base de contrôles menés en 2021. La DGCCRF a dit vouloir maintenir « une surveillance active » du secteur, déjà l’objet de plusieurs enquêtes, en raison d’un taux de non-conformité qui « reste encore très élevé », a-t-elle précisé dans un communiqué. Sur les 211 établissements contrôlés (producteurs, distributeurs et détaillants,…) dans les principaux départements producteurs ainsi qu’en Île-de-France, 39 % présentaient des anomalies. Et le taux d’anomalie dépasse 80 % pour les 130 produits analysés avec l’objectif de déterminer les catégories d’huile d’olive, leurs origines ou la présence d’huiles en mélange. Parmi les problèmes rencontrés, la répression des fraudes cite notamment le surclassement d’huiles d’olive vierges en huiles d’olive vierges extra, des défauts d’étiquetage concernant l’origine ou l’entité productrice, la présence de pesticides non autorisés en agriculture biologique, des anomalies concernant les déclarations nutritionnelles, le non-respect de dispositions relatives à l’information du consommateur (date de durabilité par exemple) ou encore des pratiques commerciales trompeuses.

Brésil : reprise du « procès du siècle » pour les indigènes et leurs terres

La Cour suprême du Brésil reprenait ce mercredi 7 juin ses débats en vue d’un jugement crucial pour les populations indigènes, car il pourrait remettre en cause la démarcation des terres qui leurs sont réservées, et qui sont considérées comme un rempart contre la déforestation. Lors de ce « procès du siècle » pour les autochtones, les magistrats de la plus haute juridiction du pays doivent valider ou rejeter le « cadre temporel », une thèse qui ne reconnaît comme ancestrales que les terres occupées par les indigènes quand a été promulguée la Constitution en 1988. Il est d’autant plus crucial que la Chambre de députés a approuvé la semaine dernière un projet de loi validant cette interprétation, un revers cinglant pour le président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva, qui s’est engagé à faire de la défense des indigènes une priorité. Le texte doit encore être soumis au Sénat. Seuls deux des dix juges qui composent actuellement le Tribunal suprême fédéral (STF) avaient voté, l’un pour et l’autre contre, quand le jugement avait été suspendu en septembre 2021. Plusieurs centaines d’autochtones venus de tout le Brésil campent à Brasilia depuis le début de la semaine, mobilisés pour réclamer que le « cadre temporel » soit déclaré inconstitutionnel. De nombreux scientifiques estiment que les réserves indigènes jouent un rôle essentiel dans le combat contre le réchauffement climatique, en tant que remparts face à la déforestation, qui a fortement augmenté sous le mandat de l’ex-président d’extrême droite Jair Bolsonaro (2019-2022).

Céréales : Éric Thirouin réélu président de l’AGPB

Dans un communiqué de presse du 7 juin, le conseil d’administration de l’AGPB (producteurs de blé, FNSEA) a annoncé la réélection d’Éric Thirouin à sa tête. C’est la quatrième fois que le conseil d’administration de l’organisation professionnelle renouvelle sa confiance à l’égard de ce dernier. Entré à l’AGPB en février 2014 en tant que membre du bureau, Éric Thirouin en devient le secrétaire général en février 2019 avant d’être élu à sa présidence en février 2019. À l’occasion de cette réélection, le président de l’AGPB et agriculteur en Eure-et-Loir entend confirmer « la volonté des céréaliers à produire plus et à produire mieux pour répondre aux attentes et aux défis à relever ». Et d’ajouter qu’à ce jour, « les céréales cultivées présentent encore un bon potentiel, mais la sécheresse en cours depuis plusieurs semaines nous rappelle que rien n’est jamais acquis, c’est la vocation même de notre engagement depuis près d’un siècle : accompagner les céréaliers au mieux dans leurs transitions agricoles ».