Agro-alimentaire
Le syndicat de défense du fromage Charolais en AG

Frédéric RENAUD
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Sophie Bonnet assume. L’activité du Syndicat de défense du Fromage charolais se restreint en 2024 autour du fonctionnement et des contrôles, au détriment des actions de promotion et de la communication. « L’année écoulée ressemble en tout point à l’activité de 2022 : notre budget est orienté en priorité vers les contrôles et les dépenses de fonctionnement  ».

 

Le syndicat de défense du fromage Charolais en AG
Le secrétaire Etienne Cacheux, le trésorier Christophe Guillerand et la présidente Sophie Bonnet ont animé l'assemblée générale du Syndicat de défense du fromage charolais.

La présidente serait presque désolée « d’être pessimiste. Mais pas question de mentir aux acteurs du Fromage charolais quand les chiffres ne sont pas bons. » Son rapport moral traduit cette tendance. « Le syndicat est en position délicate. Notre budget est mangé par les contrôles et par le fonctionnement. Nous aurons donc du mal à être présents sur tous les événements habituels ; on peut plus se le permettre », clame Sophie Bonnet.

Le budget du syndicat trahit ce moment difficile. Les prévisions pour l’année 2024 montrent un infléchissement des dépenses et produits prévus pour la promotion. Dans le même temps, les moyens et charges prévus pour le fonctionnement et le déroulement des contrôles restent plutôt stables.

« Quand on construit un budget, on appuie toujours plus sur les charges, alors que, simultanément, on minimise les recettes. Et nous avons encore des sommes à faire rentrer, notamment des cotisations manquantes », explique la présidente. « la réputation du Charolais, ce sont des éléments acquis ; je ne suis pas inquiète pour l’avenir du syndicat. Mais il faut être honnête avec les personnes qui ont rejoint l’assemblée générale. » Car le budget prévisionnel diminue entre 2023 et 2024. « Nous diminuons de 7.000 € nos estimations budgétaires par rapport à nos produits et charges réels de 2023. »

Face à des ressources limitées, le syndicat assume ses priorités : « nous avons un gros problème dans nos charges de fonctionnement ; la chambre d’agriculture nous coûte 24.000 € », précise Sophie Bonnet. Soit la moitié des charges totales que la structure a supportées en 2023, avec la mise à disposition de l’animatrice Anne-Laure Fernandes et de l’assistante Sandrine Carrier. Pour 2024, cette ligne de dépense est estimée à 22.200 €, soit 53 % des charges. Le Syndicat de défense du Fromage charolais constate cependant « des produits en hausse, car les volumes tendent à remonter. Et nous "chassons" les cotisations auprès des producteurs qui ont oublié de les acquitter depuis quelques années ».

Seconde priorité du syndicat, les contrôles et l’accompagnement des opérateurs ont porté en 2023 sur six producteurs laitiers, 15 producteurs fermiers, les deux transformateurs affineurs et un affineur spécialisé. « Nous recensons deux nouveaux opérateurs en production fermière. » commente Anne-Laure Fernandes, l’animatrice. 

Le syndicat a également effectué des commissions d’examen organoleptique : « 54 fromages ont été dégustés et analysés, en juin, juillet et septembre », décrit l’animatrice. « Le jury se composait d’un technicien, de six porteurs de mémoire ou producteurs et un stagiaire, ainsi que sept consommateurs habituels du produit. Il faudrait que davantage de producteurs et porteurs de mémoire puissent s’inscrire pour ces commissions ».

Le déroulement de ces contrôles varie, comme en témoigne le secrétaire Étienne Cacheux, informé de la révision des plans de contrôle. « L’INAO fait évoluer la manière dont sont écrits les contrôles, ainsi que les dispositions de contrôle. Ce travail est en cours de validation ; c’est très long, car fastidieux à faire ». Le syndicat examine en particulier « la question des contrôles sans préavis. Ces visites inopinées chez les producteurs, nous nous y opposons depuis plusieurs années, mais ces dispositions nous ont été imposées ».

La structure discute aussi avec Certipaq, l'organisme certificateur de l'AOP, pour retravailler le cadre, des contrôles. Pour Étienne Cacheux, l’intérêt est multiple, « en particuliers pour les contrôleurs qui arriveraient de façon maladroite, pour éviter qu’ils ne viennent pour rien. Nos interlocuteurs ont bien compris nos points de vue et nos contraintes ; reste à faire rentrer tout cela dans les cases de l’administration. Ce n'est pas facile ».

Enfin, le syndicat enregistre l'arrivée d'une nouvelle personne dans le collège des producteurs fermiers « où un siège restait vacant ». Une agricultrice de l'Allier rejoint l'équipe ; Audrey, de la ferme des Gachons, à Saint-Léger-sur-Vouzance.

Moins de promotion, mais toujours des réflexions
Polos, doudounes, le Syndicat continue d'investir dans la promotion du produit et examine de nouvelles idées, comme une signalisation pour les entrées de ferme.

Moins de promotion, mais toujours des réflexions

Les sommes consacrées à la promotion des fromages de chèvre AOP charolais se réduisent entre les budgets réels 2023 et les prévisionnels 2024, mais les actions à mener sollicitent toujours les méninges des opérateurs. Les efforts se poursuivent, « avec l’achat de doudounes et de polos. On pourrait toujours faire mieux, mais nous ne pouvons pas vivre au-dessus de nos moyens. Nous essayons de faire les choses les plus attrayantes, pour que les producteurs soient fiers de faire partie de notre structure. Nous sommes fiers de fabriquer du fromage charolais, nous sommes contents de notre travail. Et nous avons un beau métier », déclare Sophie Bonnet.

En 2023, la promotion s’est effectuée sur 13 événements, dont la Cyclo-sportive de Bernard Thévenet, le salon Euroforest, le congrès national des pompiers à Toulouse qui se tiendra à Mâcon en septembre, et des opérations autour des AOP dans les collèges, début juin et à la mi-novembre. « Nous avons aussi passé commande de 35.000 sacs kraft, 600 présentoirs et des doudounes floquées du logo de l’AOP fromage charolais », décrit la présidente.

En 2024, « nous envisageons notamment des investissements dans des photos de recettes avec des produits du terroir, l’achat de barnums et la mise en place d’ateliers d’éducation alimentaire », ajoute Sophie Bonnet. Les participations au Salon de l’agriculture et à celui du Fromage sont maintenues. « Nous créons une grosse attraction avec le "Festival des AOP", à Paris, où nous recevons plus de 10.000 visiteurs, avec une clientèle très jeune et très intéressée. Nous relevons un déficit de connaissance de ce label chez les 15-25 et un gros travail est mené auprès de cette cible », complète Éléonore Sauvageot.

« Nous avons sollicité des devis pour la création de panneaux pour les entrées de ferme et pour du papier d’emballage porteur du logo AOP. Nous conservons cet état d’esprit de proposer des réalisations utiles au quotidien des producteurs », signale Sophie Bonnet.