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Les spiritueux français à la reconquête

Fortement touchés par la crise sanitaire, en raison de la fermeture des cafés, hôtels, restaurants (CHR) et des boîtes de nuit, tout comme la filière vins, la filière française des spiritueux a connu une éclaircie en 2021 mais la reprise reste fragile. 

Les spiritueux français à la reconquête

Dans la grande distribution les ventes de spiritueux ont augmenté de 2 % pour atteindre 5,2 milliards d’euros mais elles ne retrouvent pas leur niveau de 2019. La réouverture des CHR pendant les cinq derniers mois de 2021 n’a pas été suffisante et la consommation est encore inférieure d’un tiers en volume à son niveau d’avant la crise sanitaire. Si la reprise est, malgré tout, bien présente, de nombreux nuages liés aux enjeux géopolitiques risquent de la fragiliser. Depuis février 2022, les coûts de production ont connu des hausses généralisées, soudaines et spectaculaires. Plus de 50 % pour le blé et le gaz, entre 20 et 60 % pour l’alcool, entre 13 et 60 % pour le verre et 30 % pour le papier carton. Le secteur s’attend à une fin d’année difficile, car ces hausses n’ont pas été répercutées lors des négociations commerciales de début d’année.

L’approvisionnement est devenu un problème majeur pour chaque entreprise. Alors que la filière a fait des efforts pour que 98 % des bouteilles soient recyclables, grâce à des bouteilles plus légères, elle est aujourd’hui à la recherche de la moindre bouteille car certains verriers abandonnent la fabrication de ces bouteilles premiers prix.

Pleine ébullition

Les exportations ont également bien repris, avec un chiffre d’affaires de 4,9 milliards d’euros (Md€), pour moitié vers l’Amérique du Nord et un tiers vers l’Asie. C’est le cognac, avec un tiers des volumes et trois-quarts de la valeur qui tire ces exportations. Depuis avril, on constate cependant une baisse des ventes aux États-Unis en raison d’une inflation des prix à la consommation de 10 %. De même, la filière observe un ralentissement des ventes vers la Chine en raison de la situation sanitaire dans ce pays et de la situation tendue en Mer de Chine. De quoi inquiéter Jean-Pierre Cointreau, président de la Fédération française des spiritueux (FFS) pour qui, « le compte n’y est pas ».

La filière est pourtant en pleine ébullition, avec la création de nombreuses petites entreprises qui surfent sur la mode des alcools blancs liés à un terroir. Dix d’entre elles ont rejoint la FFS en 2021. Les 250 entreprises de ce secteur sont ancrées dans les territoires avec 51 indications géographiques et elles procurent 100.000 emplois directs et indirects. Autre fait majeur : la consommation d’alcool forts a baissé de 25 % en vingt ans et la filière soutient l’association « Prévention et Modération » pour lutter contre la mortalité due à l’alcool. Les taxes qui s’élèvent à 74 % rapportent à l’État 4 Md€ chaque année.