Plan national dépérissement du vignoble
Zoom sur quelques maladies de la vigne

Françoise Thomas
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Plus de 80 virus sont à ce jour répertoriés dans les vignes, avec des conséquences de "neutre" à "sévères" sur les ceps et le vin. Le Comité national des interprofessions des vins à appellation d’origine et à indication géographique, le Cniv, a donc lancé en 2016 le plan national dépérissement du vignoble, le PNDV. Une journée pour relater l’avancée des recherches était programmée en Saône-et-Loire.

Zoom sur quelques maladies de la vigne

Vendredi 1er juillet, le PNDV Tour faisait étape à Davayé pour proposer une matinée de conférences techniques sur quatre maladies et une après-midi consacrée à des ateliers pratiques. Nous reviendrons dans les prochaines éditions sur les recherches autour des outils d’imagerie non destructifs pour détecter au plus tôt ces maladies et sur la filière du matériel végétal. Dans un premier temps, état d’avancement des recherches sur les quatre maladies de la vigne sur lesquelles un focus a été proposé : la flavescence dorée, l’enroulement viral de la vigne, le GPGV (la maladie du pinot gris) et le court noué.

Tous concernés par la FD

Concernant la flavescence dorée, il a été rappelé sa proximité, visuellement parlant, avec le bois noir. Pour autant, le vecteur de ces deux jaunisses de la vigne est différent : pour le bois noir, l’insecte transmetteur est un cixiide qui ne vit pas sur la vigne mais essentiellement sur liseron et ortie, donc une surveillance et une élimination de ces végétaux-là sont conseillées. « On constate également des pieds de vignes qui ont la capacité de se rétablir d’une année sur l’autre, relate Sylvie Malembic-Maher de l’Inrae Bordeaux, mais sans que l’on comprenne encore ce qui se passe… ».

Pour la flavescence dorée, si plusieurs espèces de cicadelles existent, c’est bien l’espèce scaphoideus titanus qui se révèle responsable de la transmission de la maladie. De ce fait, l’un des axes d’action est d’éviter au maximum la présence de cet insecte sur la parcelle, en sachant que le vent mais aussi les activités humaines sont ses principaux alliés pour être transporté d’une parcelle à l’autre. Les quatre piliers de la lutte obligatoire sont désormais bien connus des professionnels (prospection, arrachage, traitement insecticide, implantation de matériel végétal sain) et, dans l’ensemble, bien respectés. Le problème réside, comme l’a démontré l’étude Prisca diligentée par l’IFV, dans les vignes non cultivées et non surveillées qui servent alors de réservoirs à cicadelles et donc de foyers de recontamination… Ces espaces-là ne concernent plus tant les viticulteurs mais bien plus les particuliers et les collectivités qui possèdent quelques pieds de vignes. D’où le rappel que la problématique flavescence dorée concerne tout le monde et doit être traitée à l’échelle d’un territoire et non plus seulement d’une parcelle.

L’enroulement viral incite au collectif

Avec plus de 80 virus identifiés actuellement, les chercheurs ont encore de larges plages d’étude à consacrer à ces maladies de la vigne. « Heureusement, tous ces virus ne sont pas problématiques », a tenu à rassurer Céline Abidon de l’IFV.

Cependant, puisque dans le cas de l’enroulement viral de la vigne aucun traitement curatif n’est possible, « il faut donc agir en amont, avant de se retrouver dans une situation d’infection globale ».

Cette fois, c’est le projet LutEnVi qui se penche sur cette virose dans quatre coteaux candidats dans un premier temps, dont deux en Bourgogne. L’idée promue est celle d’une lutte collective à l’échelle d’un coteau, avec un état des lieux épidémiologique (observation, comptage cochenille, tests viraux), une stratégie d’arrachage quand c’est nécessaire, et de replantation. En sachant que pour la propagation de la maladie, il faut à la fois la présence des virus identifiés et des vecteurs, à savoir les cochenilles à coque ou farineuse.

Le GPGV, peu connue mais très présente

Voici la dernière arrivée, le GPGV ou Grapevine Pinot Gris virus, ou encore maladie du pinot gris. Si l’identification du virus remonte à 2012 dans le nord de l’Italie, il s’avère qu’actuellement le GPGV a été détecté dans tous les vignobles, sur tous les continents. Pour autant, ce n’est pas parce que les pieds sont positifs qu’ils sont malades, « ainsi la causalité entre le virus et la maladie ne sont pas confirmés », présente Guillaume Mathieu de l’IFV. Et en fait, on sait encore peu de choses sur la maladie si ce n’est que son vecteur est l’acarien de l’érinose, il est présent peu importe le cépage ou le porte-greffe. Il semble qu’il y a un effet âge : plus les ceps sont jeunes, plus il y a de ceps positifs. Le sud-est est plus touché (alors qu’il n’y a pas particulièrement plus de jeunes ceps).

Avec des symptômes proches tels que crispation de la feuille, ponctuations blanches, aspect chiffonné, etc., le GPGV peut être confondu avec le court noué ou l’eutypiose. En sachant, que par ailleurs, il y a une grande variété de symptômes…

Pour autant, son impact est important avec une baisse de rendement et de poids des grappes pouvant aller jusqu’à - 20 %.

Un nouveau projet d’étude devrait bientôt débuter sur la nuisibilité avérée de cette maladie, le vecteur de la maladie et sur l’identification de son prédateur.

Le court noué, un vaccin arrive…

Le court noué, ou GFLV (grapevine fanleaf virus), est une très vieille maladie, présente, elle aussi, partout dans le monde, et en pleine expansion. Entre autre forme de lutte, l’espoir réside pour cette virose dans le fait que les observations des parcelles touchées montrent qu’il peut exister, au milieu des pieds atteints, des ceps peu symptomatiques. L’idée est alors d’avoir recours à la vaccination, ou ici "prémunition", en « inoculant un variant viral atténué pour protéger les plants contre des infections virales ultérieures avec des variants plus agressifs », présente Olivier Lemaire de l’Inrae de Colmar. Pour cela, la stratégie va consister à sélectionner des variants peu agressifs de GFLV autochtones, dans les différentes régions… puisque les études ont également montré que ce qui marchait sur un secteur était souvent inefficace ailleurs.

Le court noué est transmis par un nématode, c’est-à-dire un ver microscopique présent dans le sol. Les symptômes de la maladie sont variés, par contre les effets sur les rendements, la qualité des raisins et la longévité des ceps sont toujours avérés.

 

 

 

Canaux de communication

Pour faire face au dépérissement de la vigne et à la baisse de productivité, les professionnels de la filière vitivinicole se sont organisés pour procéder et financer de nombreuses recherches autour des maladies du vignoble. Épaulées par l’ensemble de leurs partenaires, les interprofessions relatent l’avancée des recherches par plusieurs canaux, notamment par la publication des "carnets du plan" dont la deuxième édition est sortie en novembre dernier. Parmi les autres façons d’en savoir plus, le PNDV Tour. Les professionnels de terrain sont invités à venir à ces journées autant pour en savoir plus sur les différentes recherches que pour questionner et échanger sur ces problématiques qui n’épargnent aucun vignoble… au niveau mondial !