Concours national du Mouton Charollais
La génétique en vedette au concours national du Mouton Charollais

Marc Labille
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Pour son 61e concours national, le Mouton Charollais s’est montré sous un jour très professionnel. Outre la confrontation de spécimens morphologiquement remarquables, les visiteurs se sont rués sur la vente aux enchères des agneaux de station, prouvant par là même leur attachement à la génétique.   

La génétique en vedette au concours national du Mouton Charollais
Cette année, les éleveurs-sélectionneurs de Moutons Charollais ont à nouveau démontré tout leur savoir-faire pour le concours national de la race.

Le 61e concours de la race Mouton Charollais s’est tenu jeudi et vendredi derniers à Charolles. Avec environ 750 animaux présentés par 46 élevages, le rendez-vous retrouvait son rythme de croisière après l’édition exceptionnelle du 60e anniversaire. Le public était en effet plus professionnel cette année avec même davantage d’éleveurs actifs que de coutume, pour certains des nouveaux venus, y compris de régions éloignées du berceau de race. La météo a sans doute joué en faveur de la fréquentation avec des travaux aux champs à l’arrêt et une température beaucoup plus supportable sous la halle de Charolles. 

Des juges mexicains en renfort !

Du 60e anniversaire, le concours national avait conservé un double jury français et international. Cinq Mexicains jugeaient les animaux aux côtés des éleveurs français d’où un double classement. La présence de ces Américains faisait suite à un voyage de l’Organisme de Sélection au Mexique en décembre dernier. Visiblement très intéressés par le standard du mouton charollais du berceau, ces Mexicains ont des projets pour importer la génétique française dans leurs élevages (lire encadré). Et ils étaient ravis de la présentation d’animaux à laquelle ils ont assisté. Au chapitre des nationalités, le concours a drainé de nombreux Belges comptant parmi les fidèles de la race. Les Suisses étaient également de la partie et d’autres pays étaient représentés. 

Nouveaux succès des enchères

Depuis quelques années, le concours national se déroule sur deux journées avec un classement des animaux réalisé le jeudi après-midi et le vendredi matin. Car le vendredi après-midi est désormais réservé aux ventes aux enchères de mâles et de femelles. Trois ventes se sont succédé cette année sous l’égide de l’équipe du marché de Moulins-Engilbert (58). En quelques heures de temps, ce sont plus de cent animaux qui sont montés sur le ring de vente. Et le succès commercial a été au rendez-vous. 84 agneaux ont été proposés à la vente des agneaux de station de contrôle individuel. 86 % ont trouvé preneurs à un prix de vente moyen de 780 €. 

La station et son schéma séduisent

C’est une belle réussite pour l’Organisme de Sélection et son schéma de sélection. Une performance d’autant plus remarquable que le lot n’était pas au mieux au niveau présentation, confient les organisateurs. Des problèmes d’alimentation avaient en effet pénalisé ce millésime et ces derniers craignaient un impact sur les ventes. Mais le potentiel génétique était bien là et les connaisseurs ne s’y sont pas trompés. Pour l’OS, ce succès conforte un intérêt grandissant pour les outils génétiques et notamment la station. Car elle a le mérite de loger tous les candidats à la même enseigne : des jeunes reproducteurs évalués sur un même pied d’égalité, selon un protocole strict, sans excès de soin… 15 de ces agneaux qualifiés ont été achetés par un centre d’insémination aveyronnais ; d’autres ont été retenus par Insemovin qui en assurera la diffusion par insémination artificielle. Pour la seconde année consécutive, la coopérative de l’est de la France EMC2 s’est portée acquéreur d’une dizaine de reproducteurs hautement qualifiés. Un investissement dans la génétique dont profiteront ses adhérents. 

Ventes de femelles aussi

La vente de station était suivie de la traditionnelle petite vente où 16 mâles qualifiés en ferme et triés sur le volet ont été pratiquement tous vendus au prix moyen de 1.164 €. L’OS proposait également six agnelles de prestige dont cinq ont trouvé preneurs au prix moyen de 992 €. Trois de ces femelles d’exception partiront en Irlande. Une vente d’agnelles sous enveloppes était également au programme du vendredi. 11 femelles sur 14 mises en vente ont trouvé preneurs au prix moyen de 310 €. En marge de ces ventes officielles, des transactions se sont également produites autour des cases d’agneaux installées sous la halle de Charolles. 

 

 

Extrait du palmarès

Prix de championnat mâles : co-propriété Pascal Chaponneau, Uxeau – Thierry Renier, Issy-l’Evêque (jury français) ; co-propriété Pascal Chaponneau, Uxeau – Thierry Renier, Issy-l’Evêque (jury mexicain).

Prix de championnat femelles : Gaec Berland Luc et Denis, Viry (jury français) ; Gaec de Champagny, Champagny-sous-Uxelles (jury mexicain).

Prix de championnat agneaux : Pascal Chaponneau, Uxeau (jury français) ; Gaec Berland Luc et Denis, Viry (jury mexicain).

Prix de championnat agnelles : EARL Elevage Bonnot, Champlecy.

Prix de championnat trophée viande : EARL Ducert Claude, Martigny-le-Compte (jury français) ; Etienne Debarnot (03) (jury mexicain).

Meilleur agneau : EARL Elevage Bonnot, Champlecy (jury français) ; Gaec Berland Luc et Denis, Viry (jury mexicain).

Meilleure agnelle : Gaec de Champagny, Champagny-sous-Uxelles (jury français) ; EARL Elevage Bonnot, Champlecy (jury mexicain).

Champions station : Gaec du Moulin de Jonchery (21) ; Christine Delmez (36).

Trophée jeune : Gaec de l’Elevage Duverne, Saint-Symphorien-de-Marmagne.

Prix de synthèse jeune, prix du jury mexicain : Gaec Genevois, Dompierre-sous-Sanvignes.

Prix d’ensemble moins de 100 brebis : 1er EARL de l’Elevage Bonnot, Champlecy ; 2e Pascal Chaponneau, Uxeau ; 3e Etienne Debarnot (03).

Prix d’ensemble plus de 100 brebis : 1er Gaec Berland Luc et Denis, Viry ; 2e Gaec de Champagny, Champagny-sous-Uxelles ; 3e Gaec Berland Luc et Denis, Viry.

Prix de famille : Gaec Lally, Saint-Léger-du-Bois (jury français) ; Pascal Chaponneau, Uxeau (jury mexicain).

Challenge génétique : Eric Mavigner (23).

Des Mexicains très intéressés par le matériel génétique français

A l’invitation du président de l’OS Pascal Chaponneau, cinq éleveurs mexicains sont venus juger sur le concours national de Moutons Charollais. Utilisateurs de Charollais, Texel, Romanov et de races locales, ils venaient de trois fermes mexicaines. Javier Lara est l’un de ces éleveurs. Avec son épouse vétérinaire, il élève une troupe de 120 brebis sur une toute petite surface avec une spécialisation dans la sélection génétique. Dans ce domaine, Javier Lara est un expert renommé dans son pays. Vice-président de l’association nationale des éleveurs de moutons au Mexique, il a présidé un organisme de recherche et de technologie agricole. Impliqué dans le développement racial, il est investi dans la diffusion de matériel génétique (animaux, semences, embryons) au Mexique et en Amérique centrale et du Sud. Au Mexique, les éleveurs ont adopté un mouton charollais très influencé par le modèle anglo-saxon. Les Anglais et les Irlandais se sont en effet montrés plus en avance que les Français pour exporter des semences et des embryons. Mais aujourd’hui, les éleveurs mexicains découvrent les qualités bouchères du charollais français et ils tiennent à revenir à ce standard. C’est pourquoi ils sont très investis auprès de l’OS Mouton Charollais avec lequel ils projettent de développer l’importation de semences et d’embryons français vers le Mexique.