Réunions pré-vendanges
Gare à l’ordre des parcelles !

Cédric MICHELIN
-

De mémoire de vignerons, personne n’à souvenir d’une telle campagne : Gel, grêle, mildiou, oïdium, botrytis… et des cumuls de pluie en été, frais de surcroit. Résultat, une très grande hétérogénéité. Les vignes gelées ne sont pas forcément en avance, bien au contraire. Les coins tardifs sont paradoxalement parfois en avance. Bref, tout est chamboulé et il faudra rester attentif avec l’annonce de nouvelles pluies. L’état sanitaire pourrait bien siffler la fin des vendanges avant même l’optimum de la maturité des raisins.

Gare à l’ordre des parcelles !

Pourtant, le 4 avril dernier, le débourrement avait 6 jours d’avance – surtout en cépages blancs – par rapport à 2020 en raison de température estivale. Le 8 avril, le gel débute. « Le carnage, des dégâts massifs », déplore Thomas Canonier, du service Vigne et Vin de la chambre d’Agriculture de Saône-et-Loire. La floraison (15 juin), la fermeture de la grappe (6 juillet) et le début véraison (10-15 août) ne font ensuite qu’accumuler des jours de retards en raison d’un été frais et pluvieux. Au final, « on retrouve partout une grande hétérogénéité côté stades phénologiques », se rapprochant de 2016. Des attaques importantes de mildiou sont recensées de partout dès fin juin. Situation qui empire en juillet. Mi-août, la situation s’assaini mais « les vignes restent vraiment atteintes ». Idem pour l’oïdium. Au 27 juillet, 65 % des feuilles étaient touchées. À nouveau, de « gros décrochages sont observés à défaut de couverture suffisante en raison des défauts de portance des sols, empêchant de passer pour traiter ». Seule bonne nouvelle, les vignes n’ont pas subi de stress hydrique cette année et certaines grappes sont belles. La pluie pourrait revenir en cette fin de semaine. Avec des températures encore hautes, des conditions à nouveau favorables pour le botrytis. « Cela risque d’être le juge de paix pour arrêter les dates de récoltes », prévient le technicien, conscient du risque de pourriture. 

Un millésime acide

Ce 8 septembre à Davayé, lors des réunions prévendanges au lycée, Christine Monamy du BIVB n’a pourtant pas débuté les prélèvements pour la maturité avant le 23 août. « La véraison s’achève juste et encore pas sur toutes les parcelles du réseau (gamay notamment) », enfin celles qui n’ont pas été fortement gelées. Les belles journées de cette fin août et début septembre ont permis à la maturité de « bien progresser ». Les teneurs en sucre grimpent bien « notamment sur les cépages blancs les plus en retard », gagnant parfois jusqu’à 2° par semaine. « Reste que la maturité est loin d’être atteinte ». Car du côté de l’acidité, les pH sont encore extrêmement bas, parfois en dessous de 3, notamment en raison de l’acide malique en « quantité énorme », moins à cause de l’acide tartrique. « Cela faisant longtemps que nous n’avions pas eu autant d’acidité », du fait du manque de chaleur cet été. Enfin, les poids de 100 baies en moyenne sont « assez gros, les baies ont gagné en eau » mais les rendements finaux sont difficiles à prédire et seront certainement très variables.
Pour l’heure, la technicienne du BIVB compare ce millésime à ceux de 2014 ou 2010 en chardonnay, plutôt 2012 ou 2014 en gamay.
En terme de maturité, « les écarts se resserrent entre blancs et rouges, les blancs étant toujours en retard ». En crémant, les parcelles sont bonnes à récolter, « en premier les rouges ». En guise de conclusion, Christine Monamy rappelait qu’au 8 septembre, clairement « la maturité n’est pas atteinte et il faudra être patient. Les pluies pourraient raviver le botrytis encore présent et il faudra surveiller l’état sanitaire qui déterminera les dates et parcelles à vendanger avant même la maturité ».
« Ne perdez peut-être pas votre temps dans les parcelles gelées à 5hl/ha et faites plutôt vos belles parcelles qui vont remplir vos cuves », conseillait Thomas Canonier. « Le gel et la grêle (Fuissé, Bouzeron, Rully) ont bloqué et retardé les vignes qui ont depuis du mal à évoluer normalement et on a du mal à comprendre », faute de modèle précédent.