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Interview de Dominique Davy, président d’Éliance : « Maintenir l’élevage en France »

Propos recueillis par Isabelle Doucet
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Dominique Davy, éleveur dans le Maine-et-Loire, est le président d’Éliance, la fédération des sociétés de conseil et service en élevage. Il a réuni fin août son conseil d’administration dans les nouveaux locaux d’Adice à Moirans (Isère).

Interview de Dominique Davy, président d’Éliance : « Maintenir l’élevage en France »
Dominique Davy, président d’Eliance, la fédération des sociétés de conseil et service en élevage. ©DR

Pourquoi avoir choisi les nouveaux locaux d’Adice à Moirans pour organiser le conseil d’administration d’Éliance ?
Dominique Davy : Notre réseau de sociétés de conseil et de service aux éleveurs compte 123 fédérations. Il était intéressant de rencontrer Adice qui représente les départements de l’Ardèche, de la Drôme et de l’Isère. D’une région à l’autre, les problématiques sont sensiblement les mêmes à des échelles plus ou moins importantes. Mais on se rend compte que les difficultés rencontrées dans le sud de la France, où les éleveurs se posent la question de poursuivre leur activité, remontent vers le nord.

Quel est votre rôle ?
D.D. : Nous sommes là pour accompagner et aider les éleveurs dans leurs choix et leurs techniques économiques et génétiques qui sont un facteur important dans la production. Une très bonne génétique peut contribuer à mieux rentabiliser un élevage. Avec la fédération, nous souhaitons aller au contact des adhérents, découvrir des régions et voir ce que nous pouvons apporter en services et valeur ajoutée aux entreprises et coopératives.

Le phénomène de décapitalisation des troupeaux est-il général en France ?
D.D. : Nous assistons à une orientation vers la végétalisation des exploitations. La souveraineté alimentaire est remise en cause pas ce biais-là. Car les entreprises de transformation, qu’il s’agisse de lait ou de viande, se demandent comment trouver les produits qu’elles transforment. Nous avons donc besoin de l’appui de toutes les structures pour maintenir l’élevage en France, dans le cadre de voies respectueuses du bien-être animal et de systèmes plus autonomes.

Comment cela se traduit-il ?
D.D. : Le troupeau a baissé d’environ 7 % cette année au niveau national, observant la même courbe depuis trois ou quatre ans. Le phénomène ne décélère pas et nous allons vers une tangente assez grave. Les éleveurs sont motivés par le regain des prix de la viande. Ceux-là sont contrebalancés par le prix des intrants, de sorte que le produit net des exploitations ne s’améliore pas. Et comme le prix des céréales est à la hausse, la tendance est à l’arrêt de l’élevage. Au niveau des entreprises de conseil, cela se traduit par une baisse d’un nombre d’exploitations en raison de l’âge des exploitants et de la diminution du cheptel.

Comment accompagner les éleveurs dans ces conditions-là ?
D.D. : Nous maintenons les services apportés par Éliance, même si les entreprises de taille plus modeste rencontrent des difficultés. Pour pallier cela, nous mettons en place des partenariats locaux avec les organismes professionnels agricoles ou bien faisons intervenir des collègues en visioconférence en accompagnement des personnes sur le terrain. Éliance, ce sont 6.000 salariés, donc un panel important de conseillers spécialisés et de compétences.

Mesurez-vous déjà les incidences de la sécheresse sur la production ?
D.D. : Il y a une incidence sur la production laitière et sur le moral des exploitants agricoles. Les éléments climatiques participent à la remise en question. Les entreprises de conseil en élevage sont là pour les accompagner dans leur réflexion. La question est de savoir s’il y aura suffisamment de stock pour tenir l’hiver. En production laitière, c’est surtout la forte température et les variations de celle-ci qui ont un impact. Cela perturbe les bovins. À plus de 25 °C, ils deviennent inactifs et produisent beaucoup moins.

Vous êtes très sensible à la demande sociétale. Comment travaillez-vous cette question avec les éleveurs ?
D.D. : Nos conseillers sont formés et les éleveurs sont réceptifs, même si c’est parfois long à mettre en place. L’adaptation à la demande sociétale est une nécessité. Ceux qui font de la vente directe savent communiquer sur leur métier, sur l’élevage dans le respect du bien-être animal, car ils sont au contact de la clientèle. Pour un bon éleveur, sa vie, sa passion, c’est de bien élever ses animaux. Les agriculteurs ont toujours su s’adapter et, en temps de crise et d’incertitude, ils sont en pole position pour rassurer la population. Ils sont en effet tout aussi capables de bien produire pour nourrir la population, que de fournir de l’énergie. Cependant, ils ont besoin d’une écoute de la part des membres du gouvernement, car ils sont prêts à évoluer pour peu que l’on comprenne les enjeux de la vie de leur exploitation et de leur famille.

Comment se situe Adice dans votre réseau ?
D.D. : L’entreprise est exemplaire dans la rénovation qu’elle a conduite en réunissant trois départements et en s’organisant au niveau régional de la Fidocl. Elle a su s’adapter pour répondre à la baisse du nombre d’éleveurs et du cheptel.