Taxes US, charges sociales
La filière viticole demande des réponses

Cédric MICHELIN
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Le président du Conseil spécialisé « vin et cidre » de FranceAgriMer, Jérôme Despey, a sollicité une rencontre avec le ministre de l’Agriculture. Il souhaite notamment évoquer la création d’un fonds de compensation et l’ouverture de l’exonération des charges sociales aux viticulteurs.

La filière viticole demande des réponses

Les estimations des professionnels sur le volume de la vendange concordent, cette année, avec celles publiées par le ministère de l’Agriculture au début du mois. « A l’issue du tour de table, les prévisions correspondent à une vendange de 45 millions d’hectolitres -Mhl, ce qui est dans la moyenne quinquennale française », a estimé Jérôme Despey, fin septembre au sortir du Conseil spécialisé « vin et cidre » qu’il préside. Dans un contexte économique très délicat aussi bien sur le marché intérieur qu’à l’export, les perspectives de production en Europe s’annoncent également dans la moyenne de ces dernières années. « La vendange s’annonce en hausse en Espagne, avec 42 Mhl, mais l’Italie est en baisse, avec 47Mhl », a relayé le vigneron héraultais, vice-président de la FNSEA.

Manque à gagner : 500 M€

Si ces nouvelles sont plutôt rassurantes côté production, le commerce des vins demeure encore fortement perturbé par les conséquences économiques de l’épidémie et plus encore par les sanctions américaines persistantes sur les vins tranquilles français. « Cela fait un an que les surtaxes américaines de 25 % s’appliquent sur les vins français et la facture ne cesse de s’élever », a déploré Jérôme Despey. « Le manque à gagner pour le vignoble français, que nous estimions au printemps à 300 millions d’euros-M€, s’élève désormais à plus de 500 M€ », a-t-il expliqué, conscient que les sanctions américaines ont peu de chances d’être levées avant la fin de la campagne présidentielle américaine.

« Le silence a assez duré »

Le sujet va être au cœur du rendez-vous que Jérôme Despey a sollicité auprès du ministre de l’Agriculture pour évoquer la situation économique de la filière. « Nous avons demandé dès le mois de janvier la création d’un fonds de compensation à propos d’un conflit qui ne nous concernait en rien. On nous avait annoncé une réponse de la Commission européenne avant l’été. Or nous n’avons toujours aucune réponse. Ce silence assourdissant a assez duré », a-t-il regretté. Le représentant de la filière souhaite également que la question de l’exonération des charges sociales des viticulteurs pendant la crise soit rouverte à Bercy. « Les vignerons, qui ont préservé l’emploi, doivent pouvoir en bénéficier, au même titre que ceux qui ont subi des fermetures administratives », a précisé Jérôme Despey.

 

TODE : une « très bonne nouvelle »

Le 29 septembre, la FNSEA a indiqué que la reconduction du dispositif TODE jusqu’à la fin de l’année 2022 était « une très bonne nouvelle pour les employeurs ». Le TODE pour « Travailleurs Occasionnels Demandeurs d’Emploi » est un dispositif permettant aux employeurs de main-d’œuvre saisonnière d’être exonérés de charges. Il vise en particulier à soutenir les employeurs de saisonniers agricoles par rapport aux pays européens ayant des salaires minima très inférieurs au SMIC. Ce dispositif était pérenne jusqu’à la fin de l’année 2018 et a été transformé en janvier 2019 en mesure temporaire, tout en y intégrant le Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi. « Cette reconduction était demandée avec insistance par la FNSEA, pour soutenir la compétitivité et l’emploi agricole mis à mal par une concurrence exacerbée portant sur le coût du travail », indique le communiqué. La FNSEA demande que ce dispositif retrouve désormais son caractère pérenne « afin d’apporter plus de visibilité aux employeurs agricoles ». Bon an mal an, le TODE concerne chaque année près d’un million de contrats et représente une enveloppe d’environ 150 millions d’euros.

Etats-Unis : La Napa Valley touchée par les incendies

Les incendies gigantesques qui touchent la Californie depuis l’été n’en finissent pas de provoquer d’importants dégâts. Fin septembre, ce sont les célèbres vignobles de la Napa Valley qui ont été la proie des flammes. Le brasier, surnommé « Glass Fire » a ainsi brûlé plus de 14.000 ha dans le comté de Napa, l’une des zones de production phare des vins américains. Plusieurs domaines ont été réduits en cendres. La Napa Valley qui compte plus de 300 domaines viticoles couvre près de 100.000 ha dont 20 % environ sont plantés en vigne. Plusieurs centaines d’ha ont été littéralement carbonisés. Les principaux cépages qui y sont produits sont le cabernet sauvignon, le merlot, le cabernet franc, le pinot noir, le zinfandel, le chardonnay et le sauvignon blanc. En 2017, des incendies dévastateurs avaient causé la mort de 44 personnes dans le comté de Napa et celui limitrophe de Sonoma.