Étiquetage nutritionnel
Une étude de Bruxelles semble pencher pour le Nutri-score

Les consommateurs européens apprécient généralement les étiquettes nutritionnelles sur le devant des emballages et attachent de l’importance aux informations sur l’origine des produits, selon une série d’enquêtes publiées mi-septembre par le centre commun de recherche de la Commission européenne.

Une étude de Bruxelles semble pencher pour le Nutri-score

Sur l’étiquetage nutritionnel, ce travail paraît valider en partie le Nutri-score : « Les consommateurs semblent préférer les étiquettes simples, colorées et évaluatives sur le devant de l’emballage, qui sont plus faciles à comprendre » lesquelles « peuvent guider les consommateurs vers des régimes alimentaires plus sains ». De plus, ce système « semble inciter les entreprises alimentaires à améliorer la qualité nutritionnelle de leurs produits, par exemple en réduisant la quantité de sel ou de sucres ajoutés ». Un avis qui ne change rien à l’opposition féroce de certains, en particulier dans les pays du sud de l’Europe, à ce système du Nutri-score. L’eurodéputée sociale-démocrate espagnole Clara Aguilera a immédiatement répondu que la proposition sur l’étiquetage ne devrait pas « favoriser les aliments hyper-transformés au détriment de notre régime méditerranéen ».

Concernant l’étiquetage de l’origine, là aussi, l’enquête montre que ce type d’informations à une influence substantielle sur les choix des consommateurs, pour qui il s’agit « d’un indice de produits de bonne qualité et respectueux de l’environnement ». Le centre commun de recherche prévient toutefois que les consommateurs ne font pas toujours des déductions correctes sur la base de ces informations en faisant preuve de parti pris national.

Deux autres études se penchent sur l’étiquetage des boissons alcoolisées – un sujet là encore très attendu par le secteur – et sur l’information alimentaire par d’autres moyens que l’étiquetage (étiquettes en rayon par exemple). L’ensemble de ces travaux alimentera les réflexions de la Commission européenne qui devrait proposer dans les prochains mois un nouveau dispositif d’étiquetage alimentaire dans le cadre de la stratégie De la ferme à la table et du Plan européen de lutte contre le cancer.

Inquiétude en Champagne sur les règles européennes d’étiquetage

Si la récolte des champagnes est « exceptionnelle », des inquiétudes existent sur le réexamen par Bruxelles de l’étiquetage des denrées alimentaires fin 2022, rapporte le SGV (vignerons). Le 5 septembre, le président du SGV (vignerons de Champagne), Maxime Toubart, s’est montré élogieux sur le millésime 2022. Mais le SGV Champagne, qui avait invité des parlementaires, des membres de l’administration et des collectivités, a aussi alerté sur des sujets politiques. « Une partie de la Commission européenne remet en cause le vote » de la Pac sur une exemption concernant l’étiquetage des boissons alcoolisées, a indiqué Pascal Bobillier-Monnot, directeur adjoint aux affaires politiques. À l’occasion de la réforme du règlement sur l’information des consommateurs, Bruxelles pourrait en effet faire sauter la dématérialisation de la liste des ingrédients, selon lui. Les aides à la promotion concernant les secteurs des alcools et de la viande rouge sont menacées, poursuit le SGV. Soucieuse de faire baisser la consommation d’alcool, la Commission pourrait également « remettre en cause l’équilibre trouvé en France, au travers de la loi Évin, en obligeant les fabricants d’alcool à mettre de nouvelles mentions sanitaires » sur les étiquettes.

 

Le Nutri-score pourrait avoir de «graves conséquences» sur la santé publique

Dans un rapport publié le 22 septembre (document en anglais), l’ONG Safe Food Advocacy Europe affirme que l’harmonisation du Nutri-score au sein de l’Union européenne « n’aidera pas les consommateurs à améliorer leur régime alimentaire et pourrait avoir de graves conséquences sur la santé publique ». « L’outil Nutri-score est inefficace pour distinguer les produits sains des produits mauvais pour la santé, car il est basé sur des critères incomplets et trop simplistes », estime-t-elle. Plus encore, le calcul aux 100 g et non par portion serait « trompeur » pour le consommateur et « non conforme à la réglementation européenne », plus particulièrement au règlement 1169/2011 concernant l’information des consommateurs sur les denrées alimentaires. Dans le cas des produits à ingrédients multiples, le Nutri-score n’est pas calculé pour 100 g de chaque ingrédient, mais en fonction du pourcentage de chaque ingrédient dans le produit final, met en avant Safe Food Advocacy. L’ONG considère donc que le Nutri-score avantage les produits ultra-transformés : une pizza pouvant être notée B quand la mozzarella ou le jambon qu’elle contient seront notés D sous leur forme brute, créant ainsi une « confusion » chez le consommateur. Le rapport souligne, par ailleurs, que le Nutri-score ne prend pas en compte le degré de transformation des produits.