L’école Buissonnière à Clux-Villeneuve
La réussite d’une autre manière d’enseigner

Régis Gaillard
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Loin des schémas traditionnels, L’école Buissonnière prouve qu’il est possible de sortir des sentiers battus et de former des professionnels compétents tout en donnant une vraie chance à des jeunes en marge du système scolaire traditionnel.

La réussite d’une autre manière d’enseigner
La toute première promotion en compagnie des encadrants.

Les clichés ont la vie dure. Dans un pays où faire des études et obtenir (notamment) le bac tient plus du dogme que d’une réelle réponse aux besoins non seulement des jeunes mais aussi des entreprises et donc des employeurs, s’écarter de la voie traditionnelle de l’enseignement a encore trop souvent mauvaise presse. Dans l’hexagone, la course au diplôme prend trop souvent le pas sur la course aux compétences. Et quelle valeur donner à un diplôme si tout le monde le décroche ? La réponse est dans la question. Néanmoins, tous les jeunes n’aspirent pas à poursuivre de longues études et à passer des heures sur les bancs des salles de classe.

Former autrement

Aujourd’hui, il est possible de s’épanouir dans des formations qui font davantage la part belle à la pratique plutôt qu’à la théorie, bien trop souvent en décalage avec le monde du travail. Car, plutôt que de laisser des jeunes en rupture avec le système scolaire, sur le bord de la route, certains se mobilisent afin de leur offrir une autre voie, permettant de mettre en avant leurs qualités. À l’image de L’école Buissonnière installée à Clux-Villeneuve.

C’est à l’initiative de Marie-Françoise Couzon, maire, et de Christophe Chomton, adjoint au maire, qu’est née une réflexion quant à la création d’une école de production sur leur commune. Après avoir assisté à une présentation effectuée fin 2018 par le directeur de la FNEP (voir encadré), l’idée est venue de créer une école de production en lien direct avec la vie municipale. En un temps record, Christophe Chomton obtient un prélabel au mois d’avril 2019. « L’idée de départ était simple : former des jeunes décrocheurs scolaires sur notre territoire afin qu’ils puissent devenir agent communal, précise Christophe Chomton. Il faut savoir qu’il n’existe aucune formation pour devenir agent communal. Cette formation que nous avons mise en place répond non seulement aux besoins des collectivités locales mais aussi des jeunes qui sortent des études sans aucun diplôme ni formation en poche ».

Déjà des sollicitations

Dès le mois d’octobre 2019, l’école ouvre ses portes. Avec, pour cette première promotion, six élèves retenus. « Nous ne souhaitions pas plus d’élèves au départ. Aujourd’hui, nous sommes en capacité d’en accueillir de six à huit. Nous ne recrutons pas en regardant le parcours scolaire mais en prenant en compte la motivation ». Cette école, unique en France, est destinée à accueillir de jeunes décrocheurs scolaires âgés de 15 à 18 ans. L’école fonctionne comme une entreprise et réalise des prestations pour les collectivités, les professionnels et les particuliers. Les élèves sont mis en situation réelle de travail afin d’acquérir toutes les compétences nécessaires pour exercer leur métier. Alors que les cours théoriques, toujours en lien direct avec le terrain, se résument à huit heures par semaine, les 27 h restantes sont consacrées aux travaux pratiques. « Il s’agit avant tout de faire pour apprendre. Il faut mettre les jeunes en situation pratique pour leur faire acquérir des connaissances et des comportements ».

La formation d’une durée de deux ans leur permettra d’obtenir un savoir-faire aussi bien dans le domaine des espaces verts que dans celui de la maintenance des bâtiments et des équipements ainsi dans les activités spécifiques aux municipalités. À l’issue de leur formation, les élèves passeront un CAP Maintenance 1er niveau des bâtiments de collectivités et un Titre professionnel d’ouvrier paysager. « À terme, l’ambition est de créer un titre professionnel pour les agents communaux polyvalents ». Un projet ambitieux qui nécessitera sans doute plusieurs années de travail. Mais preuve de la crédibilité de l’école, bien qu’encore en formation et pas diplômés, les six jeunes ont déjà reçu, via l’école, bon nombre de sollicitations afin d’intégrer dès la fin de leur cursus un emploi en adéquation avec leurs compétences et leurs aspirations. Et d’autres écoles de ce genre devraient prochainement voir le jour, notamment dans l’Aube.

Les écoles de production pour apprendre autrement
Le président de l'association qui gère l'école, Christophe Chomton, est la cheville ouvrière de cet ambitieux projet.

Les écoles de production pour apprendre autrement

La Fédération nationale des écoles de production (FNEP) est un réseau d’établissements privés d’enseignement technique, à but non lucratif, reconnus par l’État. Elle compte 34 écoles de production en France qui préparent 930 élèves à des diplômes professionnels d’État (CAP, Bac pro ou certifications professionnelles). Les écoles proposent à des jeunes de 15 à 18 ans des formations qualifiantes et insérantes basées sur une pédagogie du faire pour apprendre. On y apprend un métier en fabriquant des produits ou en proposant des services pour répondre à de réelles commandes de clients.