Société d’agriculture de Charolles
Un bon résultat mais des inquiétudes pour la société d’agriculture de Charolles

Marc Labille
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Pour son dernier exercice, la société d’agriculture de Charolles a réalisé un bon résultat tandis que ses manifestations phares retrouvaient tout leur éclat. Mais le contexte défavorable aux bovins de boucherie de qualité et la hausse des charges inquiètent les organisateurs du Festival du Bœuf.

Un bon résultat mais des inquiétudes pour la société d’agriculture de Charolles
Confronté à une hausse substantielle des charges, le président de la société d’agriculture de Charolles rappelait que « le soutien de nos partenaires et des pouvoirs publiques est primordial pour maintenir l’équilibre budgétaire ».

La société d’agriculture et d’élevage du Charolais a réalisé un bon exercice 2022-2023. Après deux saisons entachées par le Covid, les manifestations organisées par l’association ont retrouvé des couleurs et la structure se paie même le luxe d’afficher un très bon résultat financier.

L’exercice a débuté en automne 2022 avec le concours de reproducteurs. Il a réuni 80 bovins de plus qu’en 2021, atteignant 457 animaux. L’amélioration des cours des broutards et des réformes a stimulé la commercialisation des reproducteurs. 65 veaux ont été vendus durant ce concours qui demeure un évènement incontournable de la race, se félicitait le président David Pierre. Trois semaines plus tard, le Festival du Bœuf retrouvait tout son public après deux éditions à huis clos. Pour cette 28è édition, la manifestation bénéficiait d’un coup de pouce exceptionnel de la chambre du Commerce et de l’Industrie dans le cadre de l’année de la gastronomie.

Année de la gastronomie

Ces moyens supplémentaires ont permis de parfaire encore un peu plus cette grande fête de la viande charolaise. Cela s’est notamment manifesté au niveau du village viandes intégré dans un véritable pôle viandes ainsi qu’avec l’adjonction d’une restauration originale de type « street food ». Au menu également, des démonstrations culinaires sur le camion d’Interbev ainsi que les dégustations de l’Ambassade du Charolais. Bien entendu, le Festival du Bœuf accueillait son traditionnel concours de bovins de boucherie ainsi que le fameux concours de vitrines d’apprentis bouchers. Pour compléter le tout, l’Institut Charolais organisait sa troisième édition du concours des viandes d’excellence. Au final, le Festival du Bœuf est devenu un véritable salon en l’honneur de ces savoir-faire des différents maillons de la filière charolaise. Une chaîne de valeur dont l’aboutissement est le plaisir gustatif du consommateur, commentait David Pierre. Durant ce premier week-end de décembre, 1.843 repas ont été servis et plus de 1.500 entrées payantes ont été comptabilisées.

Qualité mal payée

Satisfait de cette réussite, le président émettait cependant un bémol concernant le concours de bovins de boucherie. En 2022, ce plus gros rassemblement du genre a perdu une quarantaine d’animaux (593 bêtes présentes de 176 élevages). Cette érosion inquiète les responsables de la société d’agriculture qui font état d’une baisse d’effectif de -5 % sur deux ans. Et si le taux de vente de 98 % reste satisfaisant, les prix pratiqués ne compensent pas les coûts de production, regrettait David Pierre. Dans une conjoncture de pénurie qui pénalise la viande haut de gamme, les plus-values ne sont plus suffisantes au regard des frais à produire ce type d’animaux. Au-delà du concours, David Pierre s’interrogeait sur l’avenir de ces bovins de boucherie de haute qualité. Sans un effort des acteurs de la filière pour rémunérer dignement la qualité, le risque est de voir des éleveurs se rabattre sur le maigre destiné à des ateliers d’engraissement. Alors même que la décapitalisation se poursuit.

Hausse des charges

L’autre inquiétude des administrateurs de la société d’agriculture, c’est la hausse substantielle des charges cette année. La location des chapiteaux du prochain Festival coûtera entre 6.000 et 7.000 € de plus que l’an dernier ! Une augmentation qui s’ajoute au coût de l’énergie et à tous les frais qui gravitent autour de l’organisation de telles manifestations. « C’est pour cette raison que le soutien de nos partenaires et des pouvoirs publiques est primordial pour maintenir l’équilibre budgétaire », concluait David Pierre.

Et la journée de l’élevage et le concours inter cantonal…

Chaque fin d’hiver, la société d’agriculture organise, avec l’association des éleveurs charolais d’entre Saône-et-Loire, la journée de l’élevage. Elle a réuni 103 bovins (43 reproducteurs, 54 bovins de boucherie) le 9 mars dernier. Cette foire-concours conviviale a rassemblé un peu moins d’animaux que l’année précédente. Le commerce y était également moins dynamique. Cette jeune manifestation peine à équilibre son budget du fait d’un nombre d’animaux restreint et de frais conséquent.

La société d’agriculture supervise sur son arrondissement le concours inter cantonal. Prise en charge en 2022 par les cantons de Toulon-sur-Arroux et Gueugnon, l’édition 2022 a marqué les esprits par son succès. 80 bovins dont des bovins de boucherie et cent ovins ont été rassemblés dans le bourg de Toulon-sur-Arroux. 580 repas y ont été servis à déjeuner. Cette réussite a permis de remobiliser les troupes, au point que le comité local a remis le couvert en 2023, organisant à nouveau une manifestation de pareille ampleur. En 2023, le concours intercantonal a été pris en charge cette fois par les cantons de Paray-le-Monial et Digoin. Les organisateurs ont fait le choix judicieux de coupler l’évènement avec la foire de Digoin. Le prochain concours intercantonal devrait être organisé par les cantons de La Clayette-Chauffailles.