Les brèves du 8 décembre 2022

Cédric Michelin
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Voici les brèves du 8 décembre 2022

Les brèves du 8 décembre 2022

Syndicalisme : Véronique Le Floc’h élue présidente de la CR
La finistérienne Véronique Le Floc’h, éleveuse laitière, a été élue présidente de la Coordination rurale (CR), à l’occasion du 29e congrès du syndicat, du 7 au 8 décembre au Puy-du-fou. Elle l’emporte face au président de la CR de l’Allier, François Walraet. Véronique le Floc’h est « à la tête d’une exploitation de 180 hectares en Gaec avec son époux et élève une centaine de vaches laitières et une vingtaine de vaches allaitantes », précise le syndicat. « Défendre une agriculture viable, à travers des prix rémunérateurs, et vivable, est certainement l’objectif prioritaire que l’on doit se fixer », déclare Véronique Le Floc’h, citée dans un communiqué du syndicat, pour sa première déclaration comme présidente. C’est la première fois que la CR nomme une femme à sa tête. Les deux autres grandes centrales agricoles l’avaient précédé, avec Brigitte Allain en 2003 pour la Confédération paysanne, et Christiane Lambert à la FNSEA depuis 2017. Véronique Le Floc’h succède à Bernard Lannes, en poste depuis douze ans, qui n’était pas candidat pour un cinquième mandat. Fait marquant de cette campagne, Véronique Le Floc’h est visée par une plainte de la Coordination rurale elle-même, pour « escroquerie » au service de remplacement, avait appris Agra presse au mois de juin. Une initiative dont « le seul but est de me discréditer et me salir » avait dénoncé l’intéressée. Le sujet n’aurait pas été évoqué durant l’élection, indique-t-on à la CR.

Inflation/agroalimentaire : Cofigeo va arrêter temporairement 80 % de sa production
Le groupe agroalimentaire Cofigeo (William Saurin, Garbit, Raynal) va arrêter temporairement à partir du 2 janvier 2023 la production sur quatre de ses huit sites en France face à la hausse des prix de l’énergie, a déclaré le 6 décembre à l’AFP son président Mathieu Thomazeau. Cela représente 80 % de sa production et aura un impact sur 800 des plus de 1.200 salariés du groupe qui se verront appliquer un accord d’activité partielle de longue durée (APLD), a-t-il précisé. « L’objectif est que ça dure le moins longtemps possible » mais « on ne peut plus subir des vagues d’inflation qui finissent par nous submerger », a déclaré M. Thomazeau. Ces mesures ont été prises pour « faire face à la hausse spectaculaire des coûts d’énergie (gaz et électricité nécessaires à la cuisson et à la stérilisation des plats cuisinés), qui seront multipliés par 10 dès le début de l’année », précise dans un communiqué le groupe, qui fabrique des plats préparés (William Saurin, Garbit, Raynal et Roquelaure, Zapetti…). À cela s’ajoute l’inflation « des matières premières alimentaires et industrielles » utilisées par Cofigeo. Les sites concernés sont Pouilly-sur-Serre (02), Lagny-sur-Marne (77), Capdenac (12) et Camaret-sur-Aigues (84).

Entreprises de travaux agricoles : nouvelles hausses de tarif attendues en 2023
À l’occasion d’une conférence de presse le 7 décembre, la fédération des entreprises de travaux agricoles (FNEDT) a prévenu que des hausses de tarif étaient de nouveau attendues pour 2023, compte tenu de l’inflation des prix d’achat de matériel agricole. « Nous sommes à l’aube d’autres augmentations du prix du matériel », a prédit le président de la fédération Gérard Napias, assurant tenir cette information de la fédération des fabricants de machines (Axema). Et d’appeler ses adhérents à accompagner cette hausse dans leurs tarifs. L’année 2022 a déjà été marquée par l’inflation des prix des services des ETA, qui ont « vu leur facture de carburant tripler, le prix des pièces et consommables grimper de 20 %, sans oublier l’inflation des assurances et les hausses de rémunération (des salariés) entre 5,8 et 6,8 % ». Pour une augmentation tarifaire « nécessaire » de 22 % en 2022, la majorité des ETA « se sont limités à demander un surplus de 5 à 15 % (60 % des entrepreneurs sondés cet automne) hors dispositif d’indexation du carburant », rapporte la fédération. La FNEDT a par ailleurs rappelé sa demande de pouvoir bénéficier du dispositif TO-DE, dont les ETA sont exclues depuis 2016.

Légumes industrie : Bonduelle revalorise ses prix au producteur de 25 % en moyenne
Le groupe Bonduelle (légumes en conserve et surgelé) a revalorisé « pour la quatrième année consécutive » le prix versé à ses producteurs de légumes et légumineuses situés dans les Hauts-de-France, annonce le groupe français dans un communiqué le 7 décembre. Le groupe s’est entendu avec ses deux OP partenaires -OPLvert et Oplinord- sur une hausse des prix comprise « entre 15 et 30 % selon les légumes cultivés », soit une revalorisation moyenne « de 25 % ». Cette revalorisation des contrats vise à prendre en compte « le contexte économique » et « la hausse historique des charges culturales » afin de « sécuriser le revenu des producteurs ainsi que le nombre d’hectares » cultivés pour la campagne 2023, tout en répondant aux besoins de Bonduelle qui détient les marques Bonduelle, Cassegrain, Globus et Ready Pac Bistro. « Cet accord renforce nos relations de longue date avec le groupe Bonduelle. Il nous permet d’absorber les hausses des coûts liés à nos productions et d’accompagner la transformation des pratiques agricoles », s’est réjoui le président d’OPLvert Éric Legras cité dans le communiqué. Bonduelle compte 1200 producteurs partenaires cultivant 19 000 ha en Nord Picardie pour 2023.

Loi d’orientation et d’avenir : la concertation est lancée
Marc Fesneau a lancé le 7 décembre la concertation qui doit aboutir en juin à un pacte et un projet de loi d’orientation et d’avenir agricoles. Il s’agit de répondre à de « grands défis » : démographie et évolutions sociales ; changement climatique ; disponibilité des facteurs de production ; évolution de la demande alimentaire. Cette concertation est prévue au niveau national, pilotée par le ministère de l’Agriculture avec Régions de France, et au niveau régional, animée par les chambres d’agriculture. Elle réunira, à l’échelle nationale, des représentants du monde agricole, des filières, de l’enseignement, de l’orientation et de la formation continue, des acteurs de l’installation et du monde associatif. Trois groupes de travail seront constitués sur : orientation et formation, installation et transmission, transition agroécologique et adaptation face au climat. La concertation régionale, ouverte aux élus locaux et parlementaires, tiendra compte des enjeux, spécificités, dynamiques et initiatives locales. Enfin, des consultations du public vont avoir lieu, au niveau national et territorial. Une des « grandes questions » auxquelles devront répondre le pacte et la LOA est : « Comment reconnaître, valoriser et promouvoir la diversité en agriculture ? » a souligné le ministre.

LOA : la Conf' insiste sur le revenu, « désillusion » au Modef, « ambition forte » chez JA
Le lancement de la concertation sur le pacte et la loi d’orientation et d’avenir provoque une « grande désillusion » du Modef : « pas une seule fois n’a été évoquée la question essentielle des prix agricoles et du revenu », déplore le syndicat. De son côté, la Conf' appelle à « encadrer et protéger la production agricole et alimentaire et donner aux paysans une sécurité concernant leur revenu » ; renforcer les outils de régulation et de partage du foncier ; revaloriser les moyens alloués à l’enseignement agricole et aux structures qui accompagnent les futurs installés ; modifier la fiscalité. Les Jeunes agriculteurs montrent pour leur part « des ambitions fortes pour le renouvellement des générations ». En matière d’orientation et formation, les JA prônent une sensibilisation au monde agricole dès le plus jeune âge et une modernisation des formations. Concernant la transmission, le syndicat présentera un dispositif clé en main pour faciliter la fin de carrière et favoriser la cession à un jeune. Pour l’installation et l’accès au foncier, il proposera « une évolution ambitieuse de l’accompagnement visant la simplification, la professionnalisation et la personnalisation ». À propos du changement climatique, les JA visent « des pratiques plus écologiques ».

Ovosexage : L214 manifeste contre les exemptions, 15 % du cheptel selon le CNPO
L’association animaliste L214 manifestait, le 7 décembre, devant les locaux de la DGAL (ministère de l’Agriculture) pour protester contre le trop grand nombre de poussins qui continueront d’être éliminés en 2023, malgré l’obligation d’ovosexage des œufs dans la filière poules pondeuses. S’appuyant sur l’article de nos confrères des Marchés, l’association craint que les exemptions annoncées dans un décret au printemps concernent l’ensemble du marché des ovoproduits (35 % de la consommation française en 2019). Une lecture « erronée », estime le CNPO (interprofession de l’œuf). Pour rappel, un autre décret reste à paraître qui définira les souches éligibles et les conditions de mise à mort des poussins mâles qui continueront d’être tués et valorisés dans le marché de l’alimentation animale. Selon le CNPO, ce marché devrait être alimenté par les poussins mâles de poules de souches à œufs blancs. Ces souches représentent aujourd’hui 15 % du cheptel français, et sont presque exclusivement destinées au marché de l’ovoproduit (agroalimentaire, restauration), précise l’interprofession. Dans sa communication en février, le ministère de l’Agriculture évoquait les exemptions comme des « cas particuliers ».

Fruits et légumes : Interfel veut un guichet unique dans le cadre du plan souveraineté
L’interprofession des fruits et légumes frais (Interfel) demande la création d’un « guichet unique » pour recenser les divers appels à projets concernant la filière, et ainsi améliorer la visibilité des producteurs sur les dispositifs de soutien existants. « Le guichet unique est un point incontournable de la réussite du plan de souveraineté fruits et légumes », a affirmé le président d’Interfel Laurent Grandin dans un entretien le 7 décembre. D’après lui, le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau serait favorable à l’idée, reste à déterminer la faisabilité technique d’une telle mesure. Laurent Grandin estime aussi qu’il faut aussi impérativement soutenir la recherche et la consommation de fruits et légumes. « Il faut que le plan soit suffisamment ambitieux pour qu’à échéance, on ait vraiment modernisé le secteur et stabilisé dans un premier temps les parts de marché », a-t-il étayé. L’objectif du plan envisagé sur « 10 à 15 ans », dont la conception est en cours, est d’enrayer la chute du taux d’auto-approvisionnement global en fruits et légumes pour le maintenir à 50 %, puis le « monter à 60 % suivant les produits ».

Bio : face à la crise, les chambres misent sur la R & D et la recherche de débouchés
Lors d’une réunion le 7 décembre, les chambres d’agriculture ont actualisé leur feuille de route en matière d’agriculture biologique face aux difficultés observées chez de nombreux acteurs. « Nous allons continuer d’accompagner agriculteurs pour progresser techniquement, tout en les aidant à mieux comprendre les marchés », détaille Loïc Guines, référent bio des chambres, également président de l’agence bio. Concernant les priorités techniques, « tous les instituts pointent l’importance du lien entre les cultures et l’élevage pour la gestion de la fertilisation », poursuit Loïc Guines. Des résultats qui, insiste-t-il, pourront également servir aux producteurs conventionnels secoués par la guerre en Ukraine. De même, alerte-t-il, « le changement climatique exige de nouvelles stratégies en matière de fourrages ». Côté analyse de marché, les chambres ambitionnent « de mieux former les conseillers à la connaissance des acteurs et des débouchés ». « Nous maintenons ce que nous avions défendu dans le PSN (Pac 2023, N.D.L.R.) : la contractualisation et les études de marchés doivent accompagner les conversions », répète le président de la chambre d’Ille-et-Vilaine. À plus court terme, confie-t-il, les chambres porteront aussi une demande de soutien conjoncturel pour certaines filières, dont les œufs ou le porc.

Gestion de l’eau : le système français est « satisfaisant », estime le Sénat
Fruit d’un travail lancé avant la sécheresse de cette année, pour actualiser leur précédent bilan de 2016, les sénateurs de la Délégation à la prospective ont présenté, le 7 décembre, un rapport plutôt rassurant sur l’état des politiques de gestion de l’eau en France. « Le système de gestion de l’eau est satisfaisant et équilibré », a déclaré le sénateur centriste Alain Richard, co-rapporteur. Et de souligner la « capacité d’anticipation » des agences de l’eau face à la dérive climatique. Élus eux-mêmes par de grands électeurs de leur circonscription, les sénateurs plaident pour « re-politiser » les instances de gestion et « intensifier la présence des élus locaux », constatant que ce « domaine ardu est souvent laissé aux techniciens ». En matière de stockage, les sénateurs plaident pour « continuer la gestion de l’eau, les aménagements hydrauliques ». Et d’insister pour dire « qu’il n’y a pas d’argument scientifique et environnemental pour refuser par principe la création de nouvelles retenues », et que « le principe des réserves de substitution est intéressant ». Alain Richard pointe en revanche le cas particulier de l’agriculture en matière de recherche de sobriété : « La transition va (y) être plus coûteuse et plus douloureuse » que chez les particuliers ou l’industrie. D’où un besoin d’accompagnement selon lui.

Le patrimoine de Marc Fesneau estimé à 1 million d’euros (presse)
Suite à la publication des patrimoines des ministres par la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie publique le 1er décembre, le quotidien Le Monde a analysé les patrimoines des ministres, dont ceux de Marc Fesneau et Christophe Béchu. Avec un patrimoine net d’un million d’euros environ, le ministre de l’Agriculture se situerait au-dessous de la moyenne du gouvernement, évaluée par le Monde à 1,50 M€. L’appartement parisien de 110 m2 dont le ministre détient un tiers, sa maison dans le Loir-et-Cher, et quelques terrains en région Centre sont loin d’égaler les 11 M€ de patrimoine de Franck Riester, ministre chargé du Commerce extérieur. Christophe Béchu, avec une maison dans le Maine-et-Loire et plusieurs parts dans des SCI immobilières serait également moins bien loti que le reste du gouvernement, avec un patrimoine total estimé à 900 000 € par Le Monde. En termes de revenus, ses mandats d’élu local lui permettent en revanche de dépasser Marc Fesneau, avec 560 000 € au total sur les cinq dernières années, contre 430 000 € pour l’actuel ministre de l’Agriculture et ancien ministre des Relations avec le parlement.

Agriculture verticale : l’école UniLaSalle et Jungle lancent une chaire de recherche
L’école d’ingénieurs UniLaSalle et la ferme verticale Jungle lancent une chaire Culture indoor & résilience, ont-elles annoncé le 7 décembre. Il s’agit de mener un programme de recherche visant à « consolider les références scientifiques nécessaires à̀ l’optimisation de productions en conditions contrôlées », selon un communiqué commun. Concrètement, les ingénieurs agronomes de Jungle et l’unité de recherche Aghyle (Agroécologie, Hydrogéochimie, Milieux & ressources) d’UniLaSalle vont effectuer des tests sur « de nouvelles espèces végétales, pour demain s’adapter aux épisodes de raréfaction, et proposer des fermes verticales "clés en main" aux acteurs agricoles et de la cosmétique », indiquent les partenaires.