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Contrat de solutions

Contrat de solutions Une combinaison de solutions

Le 28 septembre dernier à Ecuisses, devant les membres du Conseil de l’agriculture de Saône-et-Loire, une présentation du Contrat de solutions a été faite. Il n’y a pas une solution unique pour améliorer les pratiques agricoles, notamment en matière d'écologie, mais bien une combinaison de solutions face à de nombreux défis, pas qu'environnementaux d'ailleurs.

Par Publié par Cédric Michelin
Contrat de solutions Une combinaison de solutions

« Sans faire de caricature, l’agriculture est le premier secteur écologique de France », a rappelé d’emblée Bernard Lacour, président de la FDSEA de Saône-et-Loire. La profession est donc parfaitement légitime à « proposer des solutions ». Ce qu’elle a fait en mobilisant son réseau national et des partenaires – soit plus de quarante organisations et instituts – pour aboutir à un Contrat de solutions. Ce dernier donne « des perspectives aux agriculteurs pour sortir la tête haute, alors que l’agriculture est sous le feu des critiques permanentes, et rappeler les nobles missions de l’agriculture et l’aménagement des territoires ».

Vice-président de la commission environnement FNSEA, Hervé Lapie ne tournait pas autour du pot en identifiant immédiatement l’argument principal des accusateurs de l’agriculture contemporaine : les pesticides. La France est le premier producteur agricole Européen et "seulement" le neuvième en terme de consommation de produits phytosanitaires. Un motif de satisfaction qui ne doit pas empêcher de progresser, ne serait-ce que pour faire des économies. Car l’enjeu est évidemment d’innover tout en augmentant la compétitivité et la rentabilité des exploitations. Reste que la pression sanitaire s’accroit avec le « temps ». La météorologie de l’année et le changement climatique rajoutant leur lot de nouveaux aléas (sécheresse, gel printanier…) et ravageurs (insectes, virus, maladies…) à ceux existants.

Des valeurs destructrices ?

De plus, dans un monde de libre-échange, les règles sanitaires devraient être les véritables frontières. C’est pourquoi, la profession se bat contre les distorsions de concurrence qui naissent avec les différentes réglementations à l’international, y compris au sein même de l’Union européenne. « N’importons pas les produits qui ne sont pas autorisés en France ». Cela vaut pour les phytos comme pour d’autres substances (OGM, hormones…).

Encore faut-il être d’accord en France. Pour Benoit Regnault, polyculteur-éleveur, l’Etat et la profession doivent clarifier ensemble certaines positions ambigües. « Ici, en grandes cultures, nous cherchons à faire valoir une filière soja non-OGM. Mais est-ce qu’on veut derrière implicitement communiquer sur le soja OGM dans le lait, dans le porc… ? qui impacterait d’autres filières », contrebalançait ce polyculteur-éleveur. L’éleveur charolais, Christian Picard répondait clairement : « d’accord, à condition d’une (re)valorisation de nos produits, sinon on ne pourra pas acheter plus cher ces aliments ». Pour Feder, Yves Largy confirmait que les filières - bovins et ovins - ont acté de travailler sur le "sans-OGM".

Diversité de débouchés

Le secrétaire général de la FDSEA, Lionel Borey rebondissait – lui le céréalier – sur la valorisation des filières "longues", en précisant son souhait justement de ne « pas aller chercher les derniers quintaux », souvent bien trop coûteux à produire. Autre cheval de bataille, la biodiversité. Celle dite « ordinaire » est déjà bien présente sur les exploitations agricoles du département, rappelait Luc Jeannin, également secrétaire-général de la FDSEA. Cette biodiversité ne pourra se développer qu’avec une diversité d’assolement et de productions qui elles même dépendent de la diversité des débouchés des outils économiques d’un territoire. Une équation logique mais compliquée dans un monde rempli de concurrents spécialisés. Ils regrettaient alors tous deux les retournements des politiques publiques sur le biodiesel, le plan protéine… « Ce sont des leviers forts pour avancer. Quand l’Etat et l’Europe feront le choix de nous accompagner alors là, on aura gagner la bataille ».

Visions simplistes

Pour convaincre les élus, les agriculteurs savent malheureusement que leur poids électoral est déclinant et qu’il faut gagner la bataille de l’opinion. Reste que le « pas de temps » pour apporter les preuves des progrès de l’agriculture n’est pas celui des polémiques médiatiques – « vision blanc/noir ou bio contre conventionnel » - à la petite semaine. Résultat, peu d’élus s’engagent dans les médias aux côtés de la majorité des agriculteurs. Au risque sinon de devoir se justifier et perdre des électeurs. La non décision d’interdire législativement le glyphosate a provoqué nombre d’indignation par exemple.

« Ce sont des lobby et des média nationaux, dans les villes, qui organisent la décroissance des territoires ruraux », fustigeait Bernard Lacour, défendant une bienveillance envers les agriculteurs qui existe bel et bien dans l’opinion publique. Les Français aimant leurs agriculteurs. L’agriculture étant une économie, la FNSEA réclame également qu’à chaque nouvelle réglementation environnementale soit réalisée une étude d’impact économique.

10 % de la SAU en sursis

Sauf que la machine à « détruire » s’emballe et la profession a besoin de faire bloc maintenant. L’interdiction de tout traitement phyto, y compris bio, à proximité des habitations et riverains ou encore la diminution des doses de cuivre autorisées en viticulture par exemple risquent de retirer du paysage agricole, au bas mot, 10 % de la surface agricole utile (SAU) en France.

« Ressouder des liens » avec les associations de consommateurs (Familles rurales…), dialoguer avec ses voisins, s’impliquer dans les Mairies et Communautés de Communes, respecter des Chartes de bonnes conduites (lire aussi encadré) ou se servir des réseaux sociaux pour communiquer positivement, en déclinant justement les solutions présentes dans le Contrat, peuvent aider à « développer la confiance entre agriculteur et société civile ».

Diffusion des savoirs

Mais le vrai défi est ailleurs. Celui d’adapter l’agriculture aux réalités du changement climatique. Là encore, il n’y aura pas une mais bien « une combinaison de solutions », insistait Marianne Sellam, adjointe du directeur scientifique à l’Acta, qui regroupent les instituts techniques agricoles en France : génétique, numérique, robotique, agro-équipements, biocontrôles… et surtout le « conseil, la formation et la diffusion des savoirs » – des laboratoires aux agriculteurs, en passant par les techniciens, et inversement – sont la vraie priorité pour tous. Une diffusion des savoirs qui devra être « vulgarisée » au grand public pour éviter tout rejet. Sans caricature. Un défi gigantesque.

Contrat de solutions Une combinaison de solutions

Contrat de solutions Une combinaison de solutions

« Sans faire de caricature, l’agriculture est le premier secteur écologique de France », a rappelé d’emblée Bernard Lacour, président de la FDSEA de Saône-et-Loire. La profession est donc parfaitement légitime à « proposer des solutions ». Ce qu’elle a fait en mobilisant son réseau national et des partenaires – soit plus de quarante organisations et instituts – pour aboutir à un Contrat de solutions. Ce dernier donne « des perspectives aux agriculteurs pour sortir la tête haute, alors que l’agriculture est sous le feu des critiques permanentes, et rappeler les nobles missions de l’agriculture et l’aménagement des territoires ».

Vice-président de la commission environnement FNSEA, Hervé Lapie ne tournait pas autour du pot en identifiant immédiatement l’argument principal des accusateurs de l’agriculture contemporaine : les pesticides. La France est le premier producteur agricole Européen et "seulement" le neuvième en terme de consommation de produits phytosanitaires. Un motif de satisfaction qui ne doit pas empêcher de progresser, ne serait-ce que pour faire des économies. Car l’enjeu est évidemment d’innover tout en augmentant la compétitivité et la rentabilité des exploitations. Reste que la pression sanitaire s’accroit avec le « temps ». La météorologie de l’année et le changement climatique rajoutant leur lot de nouveaux aléas (sécheresse, gel printanier…) et ravageurs (insectes, virus, maladies…) à ceux existants.

Des valeurs destructrices ?

De plus, dans un monde de libre-échange, les règles sanitaires devraient être les véritables frontières. C’est pourquoi, la profession se bat contre les distorsions de concurrence qui naissent avec les différentes réglementations à l’international, y compris au sein même de l’Union européenne. « N’importons pas les produits qui ne sont pas autorisés en France ». Cela vaut pour les phytos comme pour d’autres substances (OGM, hormones…).

Encore faut-il être d’accord en France. Pour Benoit Regnault, polyculteur-éleveur, l’Etat et la profession doivent clarifier ensemble certaines positions ambigües. « Ici, en grandes cultures, nous cherchons à faire valoir une filière soja non-OGM. Mais est-ce qu’on veut derrière implicitement communiquer sur le soja OGM dans le lait, dans le porc… ? qui impacterait d’autres filières », contrebalançait ce polyculteur-éleveur. L’éleveur charolais, Christian Picard répondait clairement : « d’accord, à condition d’une (re)valorisation de nos produits, sinon on ne pourra pas acheter plus cher ces aliments ». Pour Feder, Yves Largy confirmait que les filières - bovins et ovins - ont acté de travailler sur le "sans-OGM".

Diversité de débouchés

Le secrétaire général de la FDSEA, Lionel Borey rebondissait – lui le céréalier – sur la valorisation des filières "longues", en précisant son souhait justement de ne « pas aller chercher les derniers quintaux », souvent bien trop coûteux à produire. Autre cheval de bataille, la biodiversité. Celle dite « ordinaire » est déjà bien présente sur les exploitations agricoles du département, rappelait Luc Jeannin, également secrétaire-général de la FDSEA. Cette biodiversité ne pourra se développer qu’avec une diversité d’assolement et de productions qui elles même dépendent de la diversité des débouchés des outils économiques d’un territoire. Une équation logique mais compliquée dans un monde rempli de concurrents spécialisés. Ils regrettaient alors tous deux les retournements des politiques publiques sur le biodiesel, le plan protéine… « Ce sont des leviers forts pour avancer. Quand l’Etat et l’Europe feront le choix de nous accompagner alors là, on aura gagner la bataille ».

Visions simplistes

Pour convaincre les élus, les agriculteurs savent malheureusement que leur poids électoral est déclinant et qu’il faut gagner la bataille de l’opinion. Reste que le « pas de temps » pour apporter les preuves des progrès de l’agriculture n’est pas celui des polémiques médiatiques – « vision blanc/noir ou bio contre conventionnel » - à la petite semaine. Résultat, peu d’élus s’engagent dans les médias aux côtés de la majorité des agriculteurs. Au risque sinon de devoir se justifier et perdre des électeurs. La non décision d’interdire législativement le glyphosate a provoqué nombre d’indignation par exemple.

« Ce sont des lobby et des média nationaux, dans les villes, qui organisent la décroissance des territoires ruraux », fustigeait Bernard Lacour, défendant une bienveillance envers les agriculteurs qui existe bel et bien dans l’opinion publique. Les Français aimant leurs agriculteurs. L’agriculture étant une économie, la FNSEA réclame également qu’à chaque nouvelle réglementation environnementale soit réalisée une étude d’impact économique.

10 % de la SAU en sursis

Sauf que la machine à « détruire » s’emballe et la profession a besoin de faire bloc maintenant. L’interdiction de tout traitement phyto, y compris bio, à proximité des habitations et riverains ou encore la diminution des doses de cuivre autorisées en viticulture par exemple risquent de retirer du paysage agricole, au bas mot, 10 % de la surface agricole utile (SAU) en France.

« Ressouder des liens » avec les associations de consommateurs (Familles rurales…), dialoguer avec ses voisins, s’impliquer dans les Mairies et Communautés de Communes, respecter des Chartes de bonnes conduites (lire aussi encadré) ou se servir des réseaux sociaux pour communiquer positivement, en déclinant justement les solutions présentes dans le Contrat, peuvent aider à « développer la confiance entre agriculteur et société civile ».

Diffusion des savoirs

Mais le vrai défi est ailleurs. Celui d’adapter l’agriculture aux réalités du changement climatique. Là encore, il n’y aura pas une mais bien « une combinaison de solutions », insistait Marianne Sellam, adjointe du directeur scientifique à l’Acta, qui regroupent les instituts techniques agricoles en France : génétique, numérique, robotique, agro-équipements, biocontrôles… et surtout le « conseil, la formation et la diffusion des savoirs » – des laboratoires aux agriculteurs, en passant par les techniciens, et inversement – sont la vraie priorité pour tous. Une diffusion des savoirs qui devra être « vulgarisée » au grand public pour éviter tout rejet. Sans caricature. Un défi gigantesque.

Contrat de solutions Une combinaison de solutions

Contrat de solutions Une combinaison de solutions

« Sans faire de caricature, l’agriculture est le premier secteur écologique de France », a rappelé d’emblée Bernard Lacour, président de la FDSEA de Saône-et-Loire. La profession est donc parfaitement légitime à « proposer des solutions ». Ce qu’elle a fait en mobilisant son réseau national et des partenaires – soit plus de quarante organisations et instituts – pour aboutir à un Contrat de solutions. Ce dernier donne « des perspectives aux agriculteurs pour sortir la tête haute, alors que l’agriculture est sous le feu des critiques permanentes, et rappeler les nobles missions de l’agriculture et l’aménagement des territoires ».

Vice-président de la commission environnement FNSEA, Hervé Lapie ne tournait pas autour du pot en identifiant immédiatement l’argument principal des accusateurs de l’agriculture contemporaine : les pesticides. La France est le premier producteur agricole Européen et "seulement" le neuvième en terme de consommation de produits phytosanitaires. Un motif de satisfaction qui ne doit pas empêcher de progresser, ne serait-ce que pour faire des économies. Car l’enjeu est évidemment d’innover tout en augmentant la compétitivité et la rentabilité des exploitations. Reste que la pression sanitaire s’accroit avec le « temps ». La météorologie de l’année et le changement climatique rajoutant leur lot de nouveaux aléas (sécheresse, gel printanier…) et ravageurs (insectes, virus, maladies…) à ceux existants.

Des valeurs destructrices ?

De plus, dans un monde de libre-échange, les règles sanitaires devraient être les véritables frontières. C’est pourquoi, la profession se bat contre les distorsions de concurrence qui naissent avec les différentes réglementations à l’international, y compris au sein même de l’Union européenne. « N’importons pas les produits qui ne sont pas autorisés en France ». Cela vaut pour les phytos comme pour d’autres substances (OGM, hormones…).

Encore faut-il être d’accord en France. Pour Benoit Regnault, polyculteur-éleveur, l’Etat et la profession doivent clarifier ensemble certaines positions ambigües. « Ici, en grandes cultures, nous cherchons à faire valoir une filière soja non-OGM. Mais est-ce qu’on veut derrière implicitement communiquer sur le soja OGM dans le lait, dans le porc… ? qui impacterait d’autres filières », contrebalançait ce polyculteur-éleveur. L’éleveur charolais, Christian Picard répondait clairement : « d’accord, à condition d’une (re)valorisation de nos produits, sinon on ne pourra pas acheter plus cher ces aliments ». Pour Feder, Yves Largy confirmait que les filières - bovins et ovins - ont acté de travailler sur le "sans-OGM".

Diversité de débouchés

Le secrétaire général de la FDSEA, Lionel Borey rebondissait – lui le céréalier – sur la valorisation des filières "longues", en précisant son souhait justement de ne « pas aller chercher les derniers quintaux », souvent bien trop coûteux à produire. Autre cheval de bataille, la biodiversité. Celle dite « ordinaire » est déjà bien présente sur les exploitations agricoles du département, rappelait Luc Jeannin, également secrétaire-général de la FDSEA. Cette biodiversité ne pourra se développer qu’avec une diversité d’assolement et de productions qui elles même dépendent de la diversité des débouchés des outils économiques d’un territoire. Une équation logique mais compliquée dans un monde rempli de concurrents spécialisés. Ils regrettaient alors tous deux les retournements des politiques publiques sur le biodiesel, le plan protéine… « Ce sont des leviers forts pour avancer. Quand l’Etat et l’Europe feront le choix de nous accompagner alors là, on aura gagner la bataille ».

Visions simplistes

Pour convaincre les élus, les agriculteurs savent malheureusement que leur poids électoral est déclinant et qu’il faut gagner la bataille de l’opinion. Reste que le « pas de temps » pour apporter les preuves des progrès de l’agriculture n’est pas celui des polémiques médiatiques – « vision blanc/noir ou bio contre conventionnel » - à la petite semaine. Résultat, peu d’élus s’engagent dans les médias aux côtés de la majorité des agriculteurs. Au risque sinon de devoir se justifier et perdre des électeurs. La non décision d’interdire législativement le glyphosate a provoqué nombre d’indignation par exemple.

« Ce sont des lobby et des média nationaux, dans les villes, qui organisent la décroissance des territoires ruraux », fustigeait Bernard Lacour, défendant une bienveillance envers les agriculteurs qui existe bel et bien dans l’opinion publique. Les Français aimant leurs agriculteurs. L’agriculture étant une économie, la FNSEA réclame également qu’à chaque nouvelle réglementation environnementale soit réalisée une étude d’impact économique.

10 % de la SAU en sursis

Sauf que la machine à « détruire » s’emballe et la profession a besoin de faire bloc maintenant. L’interdiction de tout traitement phyto, y compris bio, à proximité des habitations et riverains ou encore la diminution des doses de cuivre autorisées en viticulture par exemple risquent de retirer du paysage agricole, au bas mot, 10 % de la surface agricole utile (SAU) en France.

« Ressouder des liens » avec les associations de consommateurs (Familles rurales…), dialoguer avec ses voisins, s’impliquer dans les Mairies et Communautés de Communes, respecter des Chartes de bonnes conduites (lire aussi encadré) ou se servir des réseaux sociaux pour communiquer positivement, en déclinant justement les solutions présentes dans le Contrat, peuvent aider à « développer la confiance entre agriculteur et société civile ».

Diffusion des savoirs

Mais le vrai défi est ailleurs. Celui d’adapter l’agriculture aux réalités du changement climatique. Là encore, il n’y aura pas une mais bien « une combinaison de solutions », insistait Marianne Sellam, adjointe du directeur scientifique à l’Acta, qui regroupent les instituts techniques agricoles en France : génétique, numérique, robotique, agro-équipements, biocontrôles… et surtout le « conseil, la formation et la diffusion des savoirs » – des laboratoires aux agriculteurs, en passant par les techniciens, et inversement – sont la vraie priorité pour tous. Une diffusion des savoirs qui devra être « vulgarisée » au grand public pour éviter tout rejet. Sans caricature. Un défi gigantesque.